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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Leur conversation dériva sur l'existence de la jeune femme. Germaine travaillait dans un grand magasin, THIVIERGE, elle espérait monter en grade et devenir responsable du rayon du tissu «à la verge». La chorale permettait de participer à de nombreuses activités sociales, sans compter que la messe passait bien plus vite au jubé à chanter que dans la nef. Là-dessus, elle rougit un peu : elle ne voulait pas donner l'impression d'être irréligieuse. Elle en était au thé quand un grand gaillard s'arrêta près de leur table. Daigle leva les yeux et reconnut Lavigerie. Celui-ci dit d'un air entendu :
    —    Monsieur Daigle, Québec est une petite ville. Je vous ai vu de la rue, et je n'ai pas pu résister à la tentation de venir vous donner les dernières nouvelles. Le policier Gagnon n'a pas attrapé les bons poissons.
    —    Pardon ? répondit Renaud, interdit.
    —    Oh ! Je continuais notre conversation de ce midi. Vous m'avez fait remarquer que la rumeur publique désignait les coupables du meurtre, les cousins de la victime. Cette même rumeur affirme maintenant qu'il est fort improbable que ce soient eux les coupables. Ils étaient ailleurs, semble-t-il.
    Les yeux levés sur l'intrus, Daigle ne cherchait pas à dissimuler son agacement.
    —    Je suis sidéré, articula-t-il avec ironie. Si vous ne m'aviez pas déjà prouvé que vous étiez bien informé, je pourrais vous prendre à la légère. Maintenant, cela m'est impossible.
    —    Vous verrez, il n'est pas difficile d'en faire autant. Il s'agit d'écouter, et on finit par tout savoir, répondit l'autre sur le même ton. Je m'excuse de vous avoir dérangé de façon bien cavalière. Monsieur Daigle, mademoiselle Caron, bonne fin de repas et bonne soirée.
    Il s'inclina, et partit.
    —    Quel drôle d'homme, remarqua Germaine. Je ne suis pas sûr que je l'aime.
    Renaud se dit qu'ils avaient cela en commun. Ils parlèrent encore un moment, surtout de la température. Puis, il lui offrit de la reconduire chez elle. Elle accepta avec empressement. Cette jeune vendeuse fut donc la première personne à monter dans la première voiture de l'avocat. Cela créait des liens. Il stationna dans le quartier Saint-Roch, devant une maison de chambres visiblement bien tenue. Rendu sur le pas de la porte, il dit :
    —    Ce fut un plaisir, mademoiselle Caron. Si vous me le permettez, je serais heureux de répéter l'expérience.
    Ses paroles venaient-elles seulement de sa bonne éducation ? Au moment de lui serrer la main, elle répondit sur le même ton:
    —    Dans ce cas, je suis certaine que vous saurez où me trouver.
    A Québec comme à La Malbaie, les villégiateurs venus de la Haute-Ville se visitaient en voisins. Armand Bégin n'avait pas vraiment besoin de s'annoncer. Il se présentait à la porte des Trudel, demandait à voir Antoine. Si celui-ci ne pouvait pas le recevoir, il repartait simplement, quitte à revenir le lendemain. Ce jour-là, Antoine se trouvait dans le grand jardin, à l'arrière de la maison. Il sirotait un whisky tout en parcourant la pile de journaux entassés à côté de sa chaise. Ses occupations ne lui permettaient pas de les lire au jour le jour. Il profitait du moindre moment d'inactivité pour combler son retard.
    Armand Bégin vint le rejoindre. Madame Trudel et la seule fille de la famille, Elise, se trouvaient là aussi. Ces femmes se contentaient de limonade. Après les salutations d'usage et quelques échanges sur les derniers événements politiques, il demanda :
    —    Tu te souviens que Haegédius Daigle avait un fils en Angleterre ?
    Il n'avait pas besoin de présenter le personnage, ils avaient assisté à ses funérailles sur des bancs voisins à l'église, au début de l'été.
    —    Oui. Je me souviens même de lui. Un grand collégien avec des boutons.
    —    Il a toujours l'air un peu collégien, sans les boutons. Je l'ai rencontré rue Grande Allée.
    —    Je pense qu'il a fait des études assez remarquables, intervint madame Trudel.
    —    Oui, à Oxford. Il a travaillé pour le Haut-Commissariat canadien à Londres. Il est revenu définitivement, je crois. Il s'est fait embaucher à l'Université Laval, pour le cours de droit constitutionnel.
    Le visiteur semblait mousser un produit. Son hôte souhaita réduire un peu cet enthousiasme.
    —    Un domaine plutôt rébarbatif. Heureusement son père lui a largement laissé de quoi vivre.
    Antoine

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