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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Saint-Étienne, 1981.
     
    5 Mémoires de la baronne d’Oberkirch , G. Charpentier, Paris, 1853.
     
    6 De Phrygie, ancienne contrée de l’Asie Mineure, patrie du satyre Marsyas, inventeur de la flûte et excellent musicien. Midas, le roi de Phrygie, après avoir reçu de Bacchus le don de transformer en or tout ce qu’il touchait, découvrit, quand ses aliments devinrent métal, que, malgré toutes ses richesses, la vie paraissait d’une insupportable tristesse. Repenti de son esprit de lucre après une baignade dans le fleuve Pactole qui, dès lors, roula des pépites d’or, il fut affligé par Apollon de belles oreilles d’âne ! Son royaume de Phrygie tirait son nom de Phrygia, fille de Cécrops, le premier roi des Athéniens, qui avait aboli l’usage de sacrifier des vies humaines au culte de Jupiter. Les Phrygiens, originaires de la Thrace et habitants de cette contrée, passaient pour être mous et efféminés mais bons musiciens !
     
    7 Celle-ci ne fut jamais construite.
     
    8 Louis-Philippe, fils de Philippe Égalité guillotiné en 1793. Fut duc d’Orléans de 1793 à 1830. Futur roi des Français.
     
    9 Ode écrite à l’occasion de la victoire d’Auguste (Actium, 31 av. J.-C.).
     

DEUXIÈME ÉPOQUE
     
    La Part du feu
     

1.
     
    Au premier jour de la vendange, Charlotte Métaz annonça à Guillaume qu’elle attendait un enfant. Elle le savait depuis plusieurs semaines mais, rusée, avait différé la divulgation de son état jusqu’en octobre. En choisissant l’époque où tous les Veveysans, de l’aube au crépuscule, travaillaient dans le vignoble, Charlotte s’assurait, chaque jour, de longues heures de répit entre les prévisibles tirades enthousiastes d’un mari impatient d’être père.
     
    M. Métaz, accaparé par la surveillance des journaliers embauchés pour la vendange, le compte des brantes 1 et l’évacuation des bossettes 2 vers le pressoir où Blanchod veillait au pilonnage de la grappe, s’habituerait à son bonheur sans, au moins pendant trois semaines, le célébrer à tout instant devant sa femme. Celle-ci lui fit le plaisant aveu au moment où il endossait son bourgeron pour monter dans ses vignes. Charlotte, encore en vêtement de nuit, venue l’embrasser sur le seuil, ce qui n’était pas son habitude, lui glissa la nouvelle à l’oreille, comme s’il se fût agi d’un secret.
     
    – Ne l’ébruite pas, mais je crois bien que tu vas être père d’ici le printemps, susurra-t-elle.
     
    Métaz, suffoquant de surprise et de satisfaction, souleva sa femme dans ses bras, la serrant à lui couper le souffle, puis, la reposant à terre, il la considéra avec une immense tendresse en essuyant une larme.
     
    – Tu es bien sûre, au moins…, ce n’est pas un retard de…
     
    – Sans être vraiment sûre, car, vois-tu, c’est encore trop récent, je crois bien que c’est ça… Je me sens toute drôle et un peu nauséeuse. Élise Ruty s’est sentie comme ça dès les premières semaines, quand elle attendait ses jumelles !
     
    – Un seul garçon, pas besoin de deux, ma Lotte, nous suffira !
     
    Puis, comme les chevaux attelés piaffaient dans la cour, Guillaume déposa un baiser sur le front de sa femme.
     
    – Ma cocolette 3 , c’est un signe que Dieu nous envoie au premier jour de vendange. Fruit de l’amour, fruit de la vigne.
     
    Puis il cita l’Ecclésiaste :
     
    » “Tu ne sais pas comment la vie se forme dans le ventre d’une femme enceinte. Tu peux encore moins comprendre comment Dieu agit, lui qui fait tout. C’est pourquoi, sème ton grain dès le matin, et jusqu’au soir n’arrête pas de travailler.” »
     
    Après avoir franchi le seuil, il se retourna vers la porte entrebâillée où s’inscrivait le visage de Charlotte et, se frottant les mains comme un homme qui vient de réussir une affaire, Guillaume Métaz se hissa près du charretier et donna gaiement le signal du départ.
     
    La porte refermée, Charlotte poussa un gros soupir de soulagement. Même si la joie de son mari l’embarrassait un peu, elle se sentait sereine. Ayant décidé que cet enfant à naître serait celui de Guillaume Métaz, elle avait tout fait, depuis les premières craintes après son aventure de l’été, pour qu’il ne doutât pas de sa paternité. Même Flora, qu’elle n’avait pas encore informée de son état, ne pourrait avoir de soupçons. Les commères, qui comptaient sur leurs doigts les mois et semaines

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