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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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yeux d’Axel ne soient pas bleus ? Elle a dit : « Peut-être le deviendront-ils, tous les nouveau-nés ont les yeux gris, la vraie couleur vient plus tard », rappela Flora.
     
    – La nourrice dit que ça peut s’arranger… avec le temps !
     
    – Le temps n’y changera rien. Les yeux d’Axel ont maintenant leur couleur définitive. Ils ne changeront plus, Charlotte. Ne te fais pas d’illusions !
     
    – Mon Dieu, que vais-je devenir, que vais-je dire et d’abord comment cela se peut-il ?
     
    – Comment cela se peut-il ! Enfin, Charlotte, tu te moques ou quoi !
     
    Flora prit la main de son amie et, soudain radoucie, tenta de l’apaiser :
     
    » Tout de même, tu aurais pu me dire, à moi, car bien sûr tu savais qui est le père. Tu as manqué de confiance en moi, c’est ce qui me peine le plus.
     
    – Je te demande pardon, je croyais que tout irait bien ! J’avais annoncé ma grossesse avec un bon mois de retard pour que Guillaume… et même toi… Oh ! mon Dieu !
     
    – Je comprends, cet enfant n’est pas prématuré comme Apolline et les autres le croient. Sauf la sage-femme, probablement, qui pourrait bien avoir des doutes, car elle l’a trouvé bien gaillard pour un venu trop tôt. Mais elle sait aussi d’expérience que les jeunes mères ne comptent pas toujours juste. Pauvre Guillaume, il a été abusé dès le premier jour ! Je n’aurais pas cru ça de toi, Carlotta. Vraiment, je n’aurais pas cru que tu puisses si bien dissimuler pareille chose. Enfin, le mal est fait !
     
    – Aide-moi, je t’en prie, dit Charlotte, suppliante, prenant la main de son amie dans les siennes, moites d’angoisse.
     
    – Tu ne peux pas cacher à quiconque que ton fils a l’œil vairon, ça, non ! Mais qui sait, à part moi, que le beau capitaine que tu as logé en mai 1800 a le même regard que ton enfant ?
     
    Charlotte se redressa et parut réfléchir.
     
    – Guillaume ne l’a jamais vu, mais Blanchod, Martin et Polline l’ont vu, comme toi, le soir où il est resté avec nous tous au salon. Tu te rappelles ?
     
    – Ce n’est que plus tard, à la lueur de sa lanterne, que j’ai vu son regard. Aux chandelles, je n’avais pas remarqué la couleur de ses yeux, donc les autres n’ont pas dû la voir mieux que moi. Martin est myope et Blanchod distrait. Reste Polline, qui a un regard d’aigle malgré ses soixante ans bien sonnés.
     
    – Ce soir-là, elle n’a fait que traverser le salon pour apporter du bois. Blaise était à l’autre bout de la pièce. Et puis, si elle avait découvert qu’un homme n’avait pas les deux yeux pareils, tu penses qu’elle m’en aurait parlé. Non, de ce côté-là, je suis tranquille.
     
    – Si je suis la seule à savoir que ton soudard a l’œil vairon, ce qui ne saute pas aux yeux, si j’ose dire, tu ne crains rien, ma belle… Tu n’as qu’à continuer à mentir. Ce sera ta punition. Toute ta vie, tu devras cacher à Guillaume qu’il n’est pas le père de son fils et aussi taire à l’enfant sa véritable origine. Je te plains. C’est une affaire entre toi et ta conscience. Je t’imagine confessant ça au curé d’Échallens ! Même après ça, tu n’as pas fini d’y penser !
     
    – Guillaume n’a pas l’air de s’en être aperçu jusque-là, sinon ce serait la première chose qu’il m’aurait dite. Il est si fier de son garçon !
     
    – Il n’a rien dit parce qu’il ne le sait pas encore, tiens ! À partir du moment où j’ai compris, j’ai tout fait pour éviter qu’il voie les yeux d’Axel. Ton mari étant absent toute la journée, il m’était facile de ne lui montrer l’enfant qu’endormi. J’attendais, crois-moi, ton retour avec impatience. Et j’avais grand-peur que la nourrice aille en parler à Polline ou même à Guillaume. Je lui avais fait la leçon, en disant que personne ne devait savoir ça avant la mère. Elle a respecté la consigne. Je me suis dit qu’il valait mieux, en effet, que tu sois là quand la chose se découvrirait. Car maintenant il va bien falloir l’apprendre à Guillaume. Alors, Carlotta, à toi de savoir ce qu’il faut dire et ne pas dire ! J’ai fait ce que j’ai pu jusque-là, mais maintenant tu dois parler à Guillaume.
     
    – Je le ferai… à l’heure du repas. Je dirai que je me suis aperçue ce matin de cette… anomalie dans les yeux de son fils. Car, devrais-je en mourir, je ne détromperai jamais Guillaume. Il serait

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