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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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anglais, envoyés pour me prendre des papiers secrets. Ils ont fait leur travail, toi, tu as fait le tien. Mais on ne peut pas laisser ces cadavres sous ces arbres. C’est un coin fréquenté par les amoureux…
     
    – Faudrait les enterrer, je vas chercher une pioche, dit Titus.
     
    – Inutile. On va les renvoyer d’où ils sont venus. Puisque tu sais où est leur barque, amène-la par ici.
     
    Titus trouva l’idée bonne et ramassa la hache.
     
    – On sait jamais, s’il y en avait un autre dans le bateau, dit-il en s’éloignant.
     
    Pendant l’absence de Trévotte, Blaise explora les poches des morts. Celui qui l’avait blessé détenait un passeport au nom de Van der Glocken, négociant hollandais, un faux nom, sans aucun doute. Son camarade, démuni de passeport, détenait en revanche une feuille de papier où figurait, sous l’en-tête d’une auberge de Nyon, le signalement de Blaise de Fontsalte.
     
    Découvrant le vol des documents cachés par les capucins, les irréductibles d’Altdorf n’avaient pas perdu de temps pour alerter les agents anglais les plus proches de Lausanne. Ceux-ci devaient savoir, depuis plusieurs jours, que la berline et l’ordonnance d’un officier supérieur français attendaient à Ouchy. « Ils sont forts, je dois être surveillé par les espions anglais et autrichiens dès que je passe la frontière », pensa Blaise. L’idée lui vint que, si Charlotte avait parlé de leur rendez-vous à Flora, cette dernière…
     
    Le grincement de la proue d’une barque sur les galets annonçant le retour de Titus, Blaise interrompit sa réflexion. Les deux hommes chargèrent, non sans difficulté, les corps des agresseurs dans le bateau, Fontsalte étant de plus en plus handicapé par la blessure qui lui ankylosait l’épaule, Titus se trouvant privé d’agilité par sa jambe de bois. Le colonel fit ajouter quelques grosses pierres à la cargaison macabre et Titus, saisissant les rames, éloigna la barque du rivage.
     
    – On les jette aux poissons ? demanda-t-il, quand ils furent à bonne distance.
     
    – Les Anglais sont tous plus ou moins marins. Et la sépulture préférée des marins n’est-elle pas la mer et, à défaut de celle-ci, l’eau d’un lac ? observa Blaise.
     
    Ils emplirent les poches des morts des plus lourdes pierres, boutonnèrent avec soin leurs vêtements et les basculèrent dans l’eau noire du Léman. Le colonel prononça d’une voix lasse un bref Vade in pace tandis qu’il bénissait d’un geste lent les remous provoqués par l’immersion des corps. Trévotte en fut un peu étonné. Près de la grève, ils abandonnèrent la barque, en espérant que le vent la pousserait vers les rives de la Savoie, loin des lieux du drame. Titus, ayant lavé la hache de l’aubergiste pour faire disparaître les traces de sang, crut utile de ramasser le poignard de l’Anglais. C’est en le nettoyant qu’il fit remarquer à Blaise que la lame extrêmement fine était épointée.
     
    – Je pense savoir où se trouve le morceau, dit l’officier en montrant son épaule.
     
    Ayant réussi à regagner sa chambre sans attirer l’attention, Blaise, aidé de Trévotte, se déshabilla. Une fois nettoyée à l’eau-de-vie, suivant les principes sanitaires en vigueur dans l’armée, la blessure apparut étroite mais profonde.
     
    – Je ne souffre que si je bouge le bras ou si je remue l’épaule. Nous verrons comment ça ira demain. En attendant, mets un peu de charpie par là-dessus et va me chercher une soupe. Je ne tiens pas à me montrer à la table d’hôte avec un bras en écharpe, ordonna-t-il à Titus.
     
    – Je vais dormir devant la porte, colonel. Si d’autres assassins venaient…
     
    – Je crois que nous pouvons dormir tranquilles, Titus. Tant que lord Addington ne saura pas que ses envoyés ont disparu, corps et biens, nous ne craindrons pas de nouvelle attaque.
     

    Au milieu de la nuit, Fontsalte se réveilla avec une forte fièvre. Son cœur battait la chamade, une mauvaise sueur trempait son front. L’œil bleu du colonel n’en flamboyait pas moins de fureur contenue. Les Fontsalte étaient de ceux qui exigent de leur carcasse un service fidèle, sans accorder trop d’attention aux maux et blessures. Mais Blaise se dit au matin incapable d’aller au rendez-vous fixé par M me  Métaz. Titus, qui savait depuis longtemps interpréter toutes les nuances du regard bicolore du colonel, le trouva impatient et

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