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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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leçon d’humanité pour un enfant. Axel Métaz y vit surtout, étant donné son âge, une passionnante aventure exotique, dont il poursuivit, soir après soir, la lecture à la lueur d’une chandelle dérobée, car interdite, dans sa chambre devenue cabane gardée par le fidèle Vendredi, cannibale repenti.
     
    Comme au printemps 1809 Axel réclamait, de lui-même, une prompte initiation au latin, ce que Guillaume, toujours pratique, trouvait moins utile que l’apprentissage des langues vivantes, Martin Chantenoz lut à son ami ce qu’avait écrit sur l’enseignement du latin M. Charles Morin, ministre du saint Évangile et principal du collège de Vevey.
     
    « Ceux qui ont apporté dans leurs études un esprit d’observation savent apprécier l’importance de cette langue, qui indépendamment de l’inestimable avantage qu’elle procure de pouvoir lire les originaux des auteurs immortels de l’ancienne Rome, fait contracter l’habitude de l’attention, de la réflexion, de la comparaison, de la facilité d’écrire et de parler sa propre langue, donne même le moyen de la connaître d’une manière plus exacte et plus sûre, et de l’orthographier ensuite de principes vrais et indépendants de la mode. Il y a plus encore, le latin donne une aptitude incontestable, et bien marquée, pour la connaissance de toutes les langues vivantes 10 . »
     
    Comme l’auteur de cette défense et illustration du latin était un pasteur éminent, connu des Métaz, Guillaume donna son accord et Axel se mit à décliner rosa… avec entrain.
     

    Pendant que le garçonnet progressait, avec une étonnante rapidité, dans toutes les matières, sa mère ne disposait, pour calmer son inquiétude et entretenir sa passion amoureuse, que des lettres que Blaise de Fontsalte lui adressait, tantôt de Paris, où il ne faisait que passer entre deux missions, plus souvent de pays lointains, lieux de rencontres diplomatiques, voire d’Espagne, où l’armée française se trouvait engagée.
     
    Depuis la victoire de la Grande Armée sur les Russes, à Friedland – « une bataille parfaitement conçue et conduite, une aussi belle manœuvre qu’à Austerlitz », avait écrit Blaise – et les traités signés, en juillet 1807, entre Napoléon et le tsar Alexandre I er , traités assortis de clauses secrètes, l’Europe napoléonienne avait progressé vers l’est. La Russie, la Prusse et l’Autriche ayant rompu avec l’Angleterre, on pouvait espérer que le roi George III serait bien aise d’accéder au « sincère désir de paix » alors exprimé par l’empereur et le tsar, unis pour « le prier d’écouter la voix de l’humanité ». En attendant qu’Albion vînt à résipiscence, la Prusse, vaincue, avait été amputée d’une partie de ses provinces de l’Ouest, dévolues, avec le Hanovre, au nouveau royaume de Westphalie, sur lequel régnait Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère de l’empereur. Dans le même temps, un grand-duché de Varsovie avait été délimité et offert au roi de Saxe, tandis que Napoléon, occupant le reste de la Pologne, envisageait, sans le dire, la création d’un royaume polonais. L’empire de Charlemagne, qui couvrait autrefois l’Italie, l’Allemagne et la France, semblait alors en voie de résurrection.
     
    Un an plus tard, entre le 27 septembre et le 14 octobre, à Erfurt, au cours d’entretiens cordiaux et de fêtes splendides – on avait joué, devant un parterre de souverains et de princes, les pièces de Corneille, Racine et Voltaire – l’entente franco-russe avait été confirmée, mais des fissures étaient apparues dans la construction européenne imaginée par Napoléon. Non seulement le roi de Prusse avait décliné son invitation, mais l’empereur d’Autriche s’était contenté de déléguer, comme représentant, l’ambassadeur Klemens Wenzel Lothar Metternich et Talleyrand avait trahi son maître. On savait, aux Affaires secrètes, que le boiteux avait conseillé au tsar de tenir tête à l’hégémonie impériale pour « sauver l’Europe, en opposant une digue à l’ambition de Napoléon » dont, d’après lui, la cause n’était plus celle de la France. En incitant Alexandre à encourager le réarmement de l’Autriche, le ministre français des Affaires étrangères avait joué un bien vilain rôle.
     
    Mais un autre traité, signé à Fontainebleau en octobre 1807 et ratifié le 8 novembre de la même année, à

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