Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
l’Escurial, était à l’origine d’un conflit qui ensanglantait la péninsule Ibérique. Ce traité, en consommant le partage du Portugal entre l’Espagne et la France, avait permis à Napoléon de faire entrer ses troupes en territoire espagnol, ce qui avait déclenché une guerre d’un nouveau type, où les embuscades, la torture et les massacres de civils faisaient plus de victimes que les opérations militaires.
     
    En novembre 1807, le général avait suivi Junot, commandant en chef de l’armée du Portugal à Lisbonne. Il s’agissait alors d’interdire aux Portugais de commercer avec l’Angleterre. Blaise avait ensuite rejoint l’empereur en Italie et s’y était attardé jusqu’à l’annexion de la Toscane, en février 1808. Envoyé auprès de Joseph Bonaparte, devenu roi d’Espagne, après l’abdication de Ferdinand VII, il était arrivé au moment de l’insurrection de Madrid, première manifestation d’une révolte générale et d’une guérilla meurtrière. Quand les Espagnols avaient repris Madrid, le général Fontsalte, adjoint du général Ribeyre resté à Paris et responsable, sous Savary, des Affaires secrètes, avait été contraint d’organiser la fuite de Joseph jusqu’à Vitoria, au pied des Pyrénées. Il était de ceux qui avaient essuyé la fureur de Napoléon I er quand ce dernier avait appris, à Bayonne, le désastre de Bailén.
     
    Le 22 juillet 1808, près de cette petite ville d’Andalousie, les Espagnols avaient en effet mis en déroute, ou fait prisonniers, les soldats du général Pierre Dupont de l’Étang – qui s’était, en d’autres temps, distingué à Marengo – et ceux du général Dominique Vedel, qui n’avait pas su battre en retraite au bon moment.
     
    Après les fastes d’Erfurt, Napoléon, ayant échangé avec le tsar la liberté d’agir en Espagne contre celle, pour le Russe, de réduire la Finlande et la Moldavie, s’était empressé de reprendre l’offensive outre-Pyrénées. Conduisant lui-même une forte armée, capable de mater les Espagnols, il avait marché sur Burgos en terrorisant les rebelles, repris Madrid et remis Joseph sur un trône auquel ce Bonaparte ne semblait plus tellement tenir.
     
    Dans sa dernière lettre, datée de Madrid, que Charlotte ne reçut que fin janvier 1809, Blaise de Fontsalte racontait qu’il avait franchi, dans la neige, la sierra de Guadarrama, avec l’escorte de l’empereur, et que les Français étaient entrés à Madrid le 4 décembre : « Le défilé de Somosierra, où l’on s’est bien battu, permet de passer, à 1 500 mètres d’altitude, de la Vieille-Castille à la Nouvelle. Le site m’a rappelé le chemin du Grand-Saint-Bernard que j’ai gravi il y aura bientôt dix ans !
     
    » Dix ans déjà que j’ai eu le bonheur de vous rencontrer ! Il me semble cependant que nous ne sommes liés que d’hier car, si je mets bout à bout les jours que nous avons passés ensemble depuis ce temps, cela ne doit pas faire plus d’une semaine de ma vie. C’est peu et, cependant, vous tenez une grande place dans mon cœur et mon esprit, une importance, chère Dorette, tout à fait disproportionnée à la durée de nos rencontres. Mais c’est près de vous, au milieu des vignes, sur les rives de votre lac tranquille, que j’ai connu les rares moments de paix et de bonheur qui m’ont été accordés depuis dix ans !
     
    » J’ai hâte de vous revoir et c’est pourquoi je voudrais que cesse, d’une façon ou d’une autre, cette aventure espagnole qui ne nous vaut que des ennuis et fait couler, sans noblesse et sans gloire, beaucoup de sang, y compris le sang suisse. Vos compatriotes se battent, en effet, dans les deux camps. À Bailén, Dupont de l’Étang avait engagé trois bataillons de Suisses, commandés par des officiers valeureux dont vous connaissez peut-être les noms : MM. Ignace de Flüe, Charles d’Affry et Christen. En face, le général espagnol Francisco Javier Castaños disposait, lui aussi, de deux mille mercenaires suisses, commandés par Theodor Reding 11 , frère aîné de cet Aloys Reding, de Schwyz, qui nous donna, en 1802, beaucoup de soucis. Les hasards de la guerre voulurent que les bataillons suisses au service de la France et ceux au service d’Espagne se trouvassent face à face le 19 juillet, sur le pont de Rumblar, qui ouvre la route de Bailén. Les Suisses, des deux côtés du pont, se reconnurent, mirent la crosse en l’air et se

Weitere Kostenlose Bücher