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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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que vous soyez fâché contre moi, si c’est vrai, ce qu’a dit la Baldini.
     
    Blaise eut du mal à dissimuler son étonnement, mais il estima que Trévotte avait le droit de connaître la vérité.
     
    – Non, je ne suis pas allé jusqu’au lit de M me  Métaz. Je lui ai seulement fait croire, quand elle m’a supplié d’épargner son amie Flora, que le seul moyen de la sauver était de céder à mon plaisir. Elle a eu très peur, mais j’ai seulement voulu jouer devant elle le rôle que trop de femmes prêtent aux offi ciers français, soudards, libertins, pilleurs. Alors qu’elle était, je crois, prête à accepter le marché, je me suis moqué d’elle et je l’ai rassurée. Mais j’ai promis de faire libérer Flora Baldini. Car c’est grâce à ce que nous avons appris d’elle et d’autres que plusieurs espions, beaucoup plus dangereux, ont été pris. Voilà la vérité, Titus.
     
    Le maréchal des logis se donna un furieux coup du plat de la main sur le genou et se pencha brusquement vers l’officier, l’œil enflammé.
     
    – Ben, citoyen capitaine, vous avez eu fameusement tort de pas profiter de cette femme ! Tenez, voilà ce qu’elle a donné à son amie, quand on l’a embarquée à la geôle ! Hein, qu’est-ce que vous en dites ? C’était pour quoi faire, ça, je vous le demande ?
     
    La véhémence et le courroux de Trévotte troublèrent encore plus Fontsalte quand il reconnut, dans l’objet que le maréchal des logis lui tendait d’un geste théâtral, le poignard égyptien offert à Charlotte Métaz.
     
    – Tenez, voilà le couteau avec lequel l’Italienne a voulu me tuer quand je l’ai sortie de la prison et que nous marchions sous les marronniers. Vous le reconnaissez, je pense ? La Métaz avait dû vous le voler pendant que vous roucouliez avec elle sur la terrasse ! Ces femmes sans patrie, car elles sont sans patrie, ces femmes suisses, ne nous aiment guère, citoyen capitaine, croyez-moi !
     
    – Elle a voulu te tuer, vraiment ?
     
    – Et comment ! Mais j’y ai tordu le bras, qu’elle a crié que j’y cassais l’épaule. Elle l’a lâché, le couteau. Et puis je lui ai dit qu’on allait réveiller le prévôt et tout lui raconter. Et aussi tirer de son lit la Métaz, qui avait volé ce couteau à mon capitaine, car le couteau je l’avais reconnu, vous pensez ! Alors, elle s’est mise à pleurer, à dire que la Métaz était pour rien, qu’elle avait elle-même pris le couteau sur le piano, qu’elle savait même pas d’où qu’il venait et ci et ça, je vous en passe. Bref, elle a dit qu’elle ferait tout ce que je voudrais si j’arrêtais de faire des histoires. Eh, que je me suis dit, ma petite, tu vas pas regretter ! Moi, je suis pas un ci-devant noble qui fait des grâces mignardes aux filles. Je l’ai tirée sur la berge, dans un coin tranquille. Je la tenais par son joli cou et là, j’y ai dit ce que je voulais. Ou elle me payait sa liberté sur-le-champ, ou j’appelais la garde pour qu’on lui fasse son compte. C’est là qu’elle m’a dit que la Métaz avait déjà payé de cette façon avec vous pour qu’on lui fasse pas de mal. J’y ai dit que, moi, j’avais en compte un coup de couteau manqué, qu’il fallait aussi qu’elle paie, mais que, si elle faisait avec moi ce que la Métaz avait fait avec mon capitaine, je la laisserais aller comme si rien s’était passé entre nous ! Je l’ai couchée sous l’arbre et elle a cédé sans trop de façons, d’abord en pleurant… puis, après un moment, sans rien dire et en fermant les yeux. À la fin, je crois même qu’elle a pris son plaisir. Et ça devait pas être la première fois que ça lui arrivait. Si je la revois un jour, cette catin, peut-être bien que…
     
    – Peut-être bien que, cette fois, elle ne te ratera pas ! dit Blaise, furieux de s’être laissé berner.
     
    Il était convaincu que Charlotte Métaz avait donné à Flora Baldini le poignard offert dans un stupide accès de générosité sentimentale. Il laissa cependant croire à Trévotte que M me  Métaz avait subtilisé le couteau sans qu’il s’en rendît compte.
     
    – Tu as raison, Titus, ces femmes sont de drôles de teignes !
     
    – Drôles et mauvaises, citoyen capitaine, moi, je vous le dis. Vous auriez pas dû la laisser comme devant, la Métaz. Peut-être même que vous lui auriez fait plaisir, à elle aussi ! Ces femmes de bourgeois, c’est vicieux comme

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