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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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La tradition veut que le muletier Pierre-Nicolas Dorsaz, alors fiancé, aurait confié à Bonaparte que, démuni d’argent pour s’établir et acheter une maison, il était contraint de retarder son mariage. Le Premier consul aurait alors alloué une somme de 1 200 francs à Nicolas, afin qu’il pût s’installer et épouser sa promise. La vérité est moins romantique. M. Fernand Dorsaz, président de la municipalité de Bourg-Saint-Pierre de 1960 à 1992, décédé en avril 2010, descendant du fameux guide, avait confié à l’auteur qu’en mai 1800, au jour où son ancêtre guida Bonaparte de Saint-Pierre à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, Nicolas était marié, père de deux enfants et qu’il acheta, sans l’aide de Bonaparte, la maison qu’il occupait. Celle-ci était encore habitée, en mars 2010, par le beau-frère de l’ex-président Dorsaz. Bonaparte envoya, en 1801, une gratification de 1 200 francs à celui qui avait guidé sa mule jusqu’à l’hospice. Une lettre de M. Verninac, ministre plénipotentiaire de la République française en Helvétie, adressée au prévôt de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, le 24 septembre 1801, le confirme. Article de Joseph Morand, Journal illustré des stations du Valais , 27 juillet 1903.
     
    16 L’auberge, qui avait pris pour enseigne Au déjeuner de Napoléon, a disparu en 1979. On pouvait y voir le fauteuil à oreilles où le futur empereur s’était assis. Le meuble serait maintenant « à l’abri en ville », chez un descendant de la famille Moret.
     
    17 Cette colonne est toujours en place. Le mille romain correspondait à 1 000 pas ou 5 000 pieds, soit 1 472,5 mètres.
     
    18 En 2000, à l’occasion du bicentenaire du passage de l’armée, le conservateur des biens culturels de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, M. Jacques Clerc, a fait placer, tout au long de la route qui conduit au col, une série d’estampes illustrant cet événement. Certaines, dans le village de Bourg-Saint-Pierre, restent encore en place toute l’année, d’autres, sur la route, sont remisées pendant la saison hivernale.
     

7.
     
    Le cercle des Métaz passait pour le mieux informé de Vevey. Cela tenait d’abord aux multiples relations de Guillaume dans le commerce et l’administration, à l’attention avec laquelle il suivait les événements politiques et militaires du moment, toujours susceptibles d’influer sur les affaires. À ces sources s’ajoutaient la lecture quotidienne du Bulletin helvétique de l’avocat Miéville de Grandson, imprimé à Lausanne, celle, épisodique, des articles du doyen Bridel dans les Étrennes helvétiennes, curieuses et utiles , les comptes rendus publiés par le Véritable Messager boiteux de Berne et de Vevey et tous les potins, bruits, rumeurs, ragots et confidences que glanait Charlotte au cours des visites qu’elle rendait ou recevait. Car M me  Métaz, femme instruite et grande liseuse, était une des rares bourgeoises de Vevey à tenir salon, comme les dames de Lausanne et de Genève.
     
    Si Genève, ville française, se trouvait à plus de vingt lieues de Vevey, Lausanne était proche. Fréquenté par les élites, habité par des familles distinguées qui entretenaient une vie mondaine de bon aloi, le chef-lieu du département du Léman affichait un cosmopolitisme intellectuel et artistique excitant pour l’esprit et de nature à nourrir autant les conversations que les rêves.
     
    Charlotte aurait aimé se rendre souvent dans cette cité où vivait la sœur de son père, Mathilde Rudmeyer, riche et très lancée dans une société où l’on côtoyait des femmes de lettres comme M me  de Staël, M me  de Montolieu et M me  de Charrière, hôtesses attitrées des érudits et des artistes de passage. C’est grâce à sa tante que Charlotte avait été présentée, en 1793, à l’âge de douze ans, au grand historien Edward Gibbon, qui s’apprêtait alors à regagner l’Angleterre. L’illustre auteur d’ Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain avait caressé le bras, puis la joue et le menton de la fillette avant de lui tendre la coupe de cristal d’où il tirait avec componction, entre pouce et index, des grains de raisin de Corinthe. Quand Gibbon était mort à Londres, un an plus tard, Mathilde avait offert à sa nièce un médaillon en Wedgwood bleu portant le profil de l’historien avec qui M lle  Rudmeyer avait entretenu, comme d’autres

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