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Herge fils de Tintin

Herge fils de Tintin

Titel: Herge fils de Tintin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoit Peeters
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d’intelligence et d’énergie au succès de
Tintin. En Belgique, les ventes ne marchent pas trop mal,
mais elles ne décollent pas : jamais on n’a retrouvé les
chiffres de Tintin au pays des Soviets dont 10 000 exemplaires avaient été vendus en un an. Pour ce qui est de la
France, les résultats d’albums restent quasi symboliques,
en dépit de Cœurs Vaillants . À Tournai, on se pose des
questions ; certains responsables songent même à arrêter
l’édition des Aventures de Tintin . Casterman estime que le
prix de revient des albums est trop important par rapport
à un prix de vente déjà élevé qu’il ne peut être question
d’augmenter. Les améliorations apportées au fil des ans,
notamment l’insertion des illustrations hors-texte en couleurs, ne laissent pas à l’éditeur la marge nécessaire. Dans
l’immédiat, la seule solution serait de ne plus dépasser les
cent pages. À terme, pour atteindre le marché français, il
faudrait s’engager réellement dans la voie de la couleur.
    De son côté, Hergé réfléchit à un principe de couverture plus publicitaire. Mais il lui semble surtout que la
politique commerciale de Casterman reste timorée et la
diffusion médiocre. Quand il fait un tour dans les librairies, il se désole souvent de ne pas y trouver ses albums. Il
le note méthodiquement dans un petit carnet :
Casterman – Vente des albums.
    Grand Bazar : vitrine (mal exposé).
    Old England : actuellement il y a des albums Tintin et Quick
et Flupke .
    Cosmopolis : idem.
    Bon Marché – bonhomme en bois découpé : pas exposé. […]
Paris – Mertens a été voir dans les grands magasins : pas vu
les albums.
    Quantité d’autres librairies : pas Tintin .
    Namur – pas exposés ; après visite : en vitrine 12 .
    Hergé ne manque jamais de faire part à Charles Lesne
de ses doléances à ce sujet : « Passant la semaine dernière
au Bon Marché, j’ai cherché vainement à voir des Tintin .
Tout ce que tu voulais, mais pas de Tintin 13 . » Renseignements pris, M. Ryckmans, le représentant de Casterman,
ne serait pas venu depuis un an. L’année suivante, ce sont
d’autres griefs du même genre :
Je suis passé hier au « Grand Bazar », à l’étalage des livres
pour enfants […].
    Tous les Mickey , Nimbus , Zig et Puce , Blanche-Neige se trouvent étalés sur un grand panneau, bien en vue. Quatre Tintin et les Oiseaux de France 14  sont relégués rue Grétry, presque
complètement masqués par des boîtes à couleurs. […]
    À la librairie « Cosmopolis », rue d’Arenberg, je me suis
informé : les albums Tintin et Quick étaient totalement
inconnus. C’est pourtant une librairie importante. […]
    Tout ceci pour en arriver à te dire que, si un sérieux effort
n’est pas tenté auprès des libraires, de tous les libraires […],pour qu’ils prennent et pour qu’ils exposent les albums, nous
serons bientôt submergés par la marée montante des
Hachette et des Desclée-De-Brouwer qu’on voit, eux, partout exposés 15 .
    Chaque déplacement en province est l’occasion de vérifier comment sont placés les albums, même si Hergé ne
manque pas de rappeler à Charles Lesne que ce n’est pas
son rôle de le faire. Mais déjà il voit plus loin, au-delà de
l’étroit territoire belge. Il envisage un voyage en Suisse, où
ses histoires sont publiées depuis 1932, mais où les
albums ne sont pas diffusés. Ce qu’il faudrait, c’est
« trouver une importante librairie à Genève » ; on lui
donnerait « en dépôt et en exclusivité les albums Tintin ».
Avec un peu de publicité dans L’Écho illustré , cela ne pourrait que marcher. On pourrait alors s’occuper du Canada.
On procéderait comme pour la Suisse, en faisant d’abord
paraître Les Aventures de Tintin dans un journal. Même en
Angleterre, il y aurait quelque chose à faire, surtout après L’Île noire . Hergé a déjà eu des contacts avec Eddy Stouffs,
un ancien de « Saint-Boni », ainsi qu’avec un certain
M. Stephenson. L’un comme l’autre sont persuadés que
Tintin a un avenir au Royaume-Uni.
    Tout cela est bien beau, mais dans l’immédiat tout à
fait au-dessus de ses forces. Le dessinateur ne se plaint-il
pas que le travail d’imagination auquel il est astreint le
laisse « presque toujours, le soir, complètement “vidé” et
incapable d’écrire 16  » ? Ne devrait-il pas mieux s’organiser,
se faire davantage aider ? Dans son carnet,

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