Herge fils de Tintin

 Jean Delannoy et Piet Piryns, « Humo sprak met Hergé », Humo ,
11 janvier 1973 (c’est moi qui traduis).
    3  Léon Degrelle, Tintin mon copain , Éditions du Pélican d’or,
Klow, Syldavie, 1999, p. 129.
    4  Hergé, Carnet de travail « Tintin éléments », 1937. Transcription
in L’Univers d’Hergé : Projets, croquis, histoires interrompues , tome VI,
Rombaldi, 1988.
    5  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 153.
    6  Témoignage de Germaine Kieckens à l’auteur, 1988.
    7  Témoignage de Paul Jamin à l’auteur, 1988.
    8  Témoignage de Guy Dessicy à l’auteur, 1988.
    9  Jean Libert, « Le souvenir de mon ami Hergé », manuscrit inédit
de 1995, cité par Pierre Assouline in Hergé , Gallimard, coll. « Folio »,
1998, p. 112. Jean Libert est aussi l’auteur d’un roman intitulé Capelle - aux - Champs , publié aux Éditions de la Phalange (Bruxelles) en
1937 et réédité avec succès sous l’Occupation.
    10  Lettre d’Hergé au père Neut, 7 décembre 1938.
    11  Yves Duval, « Hergé et l’automobile », Sport - Moteur , n o  84,
26 janvier 1979. Texte repris dans Les Amis de Hergé , n o  4,
décembre 1986, p. 3-5.
    12  Hergé, « Projets et projets de scénarios », notes sans dates. Le
contenu de ce carnet a été publié dans le tome VI de la série L’Univers
d’Hergé : Projets, croquis, histoires interrompues , Rombaldi, 1988.
    13  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 2 octobre 1937.
    14  Une série d’albums publiés par Casterman dont Hergé a dessiné
les couvertures.
    15  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 22 novembre 1938.
    16  Lettre d’Hergé au père Neut, 5 janvier 1939.
    17  Hergé, « Projets et projets de scénarios », notes sans dates,
probablement de 1939.

 
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    L’Histoire à chaud
     
    En cette fin des années trente, l’Europe a d’autres soucis
que la création d’une boutique Tintin. La menace hitlérienne est de plus en plus évidente et la guerre commence à
paraître inévitable. Reste à savoir si elle touchera la Belgique, car, dès le 14 octobre 1936, le roi Léopold III a prononcé devant le Conseil des ministres un vibrant plaidoyer
en faveur de la neutralité. « Notre politique militaire,
comme notre politique extérieure, qui nécessairement
détermine la première, doit se proposer non de préparer
une guerre plus ou moins victorieuse à la suite d’une coalition, mais d’écarter la guerre de notre territoire. » Car,
affirme le roi, si la Belgique était à nouveau envahie, avant
même que ses Alliés aient pu intervenir, « la lutte couvrirait
le pays de ravages dont ceux de la guerre de 1914-1918
n’offrent qu’une faible image ». Il faut donc poursuivre une
politique « exclusivement et intégralement belge 1  ».
    En Allemagne, on n’a pas caché sa satisfaction, tandis
qu’en France on s’est inquiété de ce qui a été perçucomme un revirement politique. Le 24 avril 1937, une
déclaration de la France délie la Belgique de ses engagements antérieurs, tout en lui promettant son assistance
dans le cas d’une agression étrangère. Un peu plus tard, le
gouvernement allemand s’engage à respecter l’inviolabilité et l’intégrité du territoire belge. Tout paraît donc pour
le mieux, même si la situation internationale ne cesse de
se tendre.
    Dans cette période d’instabilité politique, où les gouvernements ne durent parfois que quelques jours, le roi
Léopold III apparaît à la frange la plus conservatrice de
l’opinion belge comme la seule référence crédible. Hergé
fait partie de ceux qui se retrouvent dans la position du
souverain. Depuis longtemps, il voue du reste un grand
respect à la famille royale, et ne manque jamais de
demander à Casterman de préparer de luxueux tirages des Aventures de Tintin pour les princes Baudouin et Albert.
Dans la nouvelle histoire qu’il prépare, le roi d’un autre
pays, plus petit encore que la Belgique, va jouer un rôle
essentiel.
    Quelques mois à peine avant que Hergé n’entame son
récit, l’affaire de l’Anschluss a vivement ému l’opinion
européenne. Incapable de résister aux pressions hitlériennes, le chancelier Schuschnigg a été contraint de
démissionner. Dans la nuit du 11 au 12 mars 1938, les
troupes allemandes ont envahi l’Autriche, acclamées par
la population. Le 13, Hitler a proclamé l’annexion pure et
simple du