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HHhH

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Titel: HHhH Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Binet
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remportée
sur un champ de bataille n’était revenu paré de plus nobles lauriers. »
67
    Chamberlain au balcon à
Londres : « Mes chers amis, dit-il, pour la seconde fois dans notre
histoire la paix dans l’honneur a été rapportée d’Allemagne à Downing Street.
Je crois que cette fois, c’est la paix notre vie durant. »
68
    Krofta, le ministre des
Affaires étrangères tchèque : « On nous a imposé cette
situation ; maintenant c’est notre tour ; demain ce sera celui des
autres. »
69
    Par une forme de pédanterie
puérile, je me faisais scrupule de ne pas mentionner la plus célèbre phrase
française de toute cette sombre affaire, mais je ne peux pas ne pas citer
Daladier, à sa descente d’avion, acclamé par la foule : « Ah, les
cons ! Les cons, s’ils savaient ce qui les attend !…. »
    Certains doutent d’ailleurs
qu’il ait jamais prononcé ces mots, qu’il ait eu cette lucidité, et ce résidu
de panache. C’est Sartre qui aurait propagé la citation apocryphe, dans son
roman Le Sursis .
70
    Dans tous les cas, les propos
que Churchill tient à la Chambre des communes se signalent par plus de
clairvoyance, et, comme toujours, plus de grandeur :
    « Nous avons essuyé une
défaite totale et absolue. »
    (Churchill doit s’interrompre
de longues minutes jusqu’à ce que les sifflets et les cris de protestation
cessent.)
    « Nous sommes au sein
d’une catastrophe d’une ampleur sans seconde. Le chemin des bouches du Danube,
le chemin de la mer Noire est ouvert. L’un après l’autre tous les pays d’Europe
centrale et de la vallée du Danube seront entraînés dans le vaste système de la
politique nazie émanant de Berlin. Et n’allez pas croire que ce soit la fin,
non, ce n’est que le commencement… »
    Peu de temps après, Churchill
fait la synthèse en prononçant son chiasme immortel :
    « Vous deviez choisir
entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur. Et vous aurez
la guerre. »
71
    « Elle sonne, elle
sonne, la cloche de la trahison
    Qui sont ces mains qui l’ont
mise en branle ?
    La douce France, la fière
Albion,
    Et nous les avons
aimées. »
     
    (František Halas)
72
    « Sur le demi-cadavre
d’une nation trahie, la France est rendue à la belote et à Tino Rossi. »
     
    (Montherlant)
73
    Face aux prétentions arrogantes
de l’Allemagne, les deux grandes démocraties de l’Ouest se sont écrasées,
Hitler peut jubiler. Mais bien au contraire, il rentre à Berlin de fort
méchante humeur, maudissant Chamberlain : « Cet individu m’a privé de
mon entrée à Prague ! » Qu’a-t-il à faire, en effet, de quelques
montagnes de plus ? En contraignant le gouvernement tchèque à toutes les
concessions, la France et l’Angleterre, ces deux nations sans courage, ont
momentanément ôté au dictateur allemand la possibilité de réaliser son
véritable objectif : non pas seulement amputer, mais « rayer la
Tchécoslovaquie de la carte », c’est-à-dire la transformer en province du
Reich. Sept millions de Tchèques, soixante-quinze millions d’Allemands… partie
remise…
74
    En 1946, à Nuremberg, le
représentant de la Tchécoslovaquie demandera à Keitel, chef de l’état-major
allemand : « Le Reich aurait-il attaqué la Tchécoslovaquie en 1938,
si les puissances occidentales avaient soutenu Prague ? » À quoi
Keitel répondra : « Certainement non. Militairement, nous n’étions
pas assez forts. »
    Hitler peut bien pester. La
France et l’Angleterre lui ont grand ouvert une porte dont il n’avait pas la
clé. Et, bien évidemment, l’ont incité, en affichant une telle complaisance, à
recommencer.
75
    C’est ici que tout a commencé,
au Bürgerbräukeller, la grande brasserie de Munich, il y a exactement quinze
ans. Mais ce soir, pour une fois, l’heure n’est pas vraiment aux
commémorations, quand bien même trois mille personnes se sont encore déplacées.
Les orateurs se sont succédé à la tribune et tous ont crié vengeance ;
avant-hier, à Paris, un Juif de 17 ans a tué un secrétaire de l’ambassade
d’Allemagne, parce qu’on avait déporté son père. Heydrich est bien placé pour
savoir que la perte n’est pas bien grande : le secrétaire d’ambassade
était surveillé par la Gestapo parce qu’il était convaincu d’antinazisme. Mais
il y a là une occasion à saisir. Göbbels lui a confié une mission d’envergure.
Tandis que la soirée bat son plein, Heydrich

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