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HHhH

HHhH

Titel: HHhH Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Binet
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SS qui forment la garde d’honneur.
Hacha se rassérène quelque peu.
    Son impression, toutefois, se
nuance lorsqu’il pénètre dans le bureau du chancelier. Aux côtés d’Hitler, il
reconnaît Göring et Keitel, dont la présence, en tant que chefs de l’armée
allemande, n’augure rien de bon. La mine d’Hitler n’est pas non plus celle
qu’il pouvait espérer au vu du bon accueil qu’on lui avait réservé jusque-là.
Le peu d’assurance qu’il s’était recomposé s’envole, et Emil Hácha, à ce moment
précis, s’enfonce irrémédiablement dans la tourbe de l’Histoire.
    « Je puis assurer le
Führer, dit-il au traducteur, que je ne me suis jamais mêlé de politique. Je
n’ai pour ainsi dire jamais croisé Beneš et Masaryk, et pour autant que cela
m’est arrivé, je les ai trouvés antipathiques. J’ai toujours eu la plus grande
aversion pour le gouvernement Beneš, à tel point qu’après Munich je me suis
demandé si c’était une bonne chose que nous restions un Etat indépendant. Je
suis convaincu que la destinée de la Tchécoslovaquie est entre les mains du
Führer, et je suis convaincu qu’elle est entre de bonnes mains. Le Führer, j’en
suis sûr, est précisément homme à comprendre mon point de vue lorsque je lui
dis que la Tchécoslovaquie a droit à une existence nationale. On blâme la
Tchécoslovaquie parce qu’il y a encore trop de partisans de Beneš, mais mon
gouvernement s’emploie par tous les moyens à les réduire au silence. »
    Hitler prend à son tour la
parole et ses propos, selon le témoignage du traducteur, changent Hácha en
statue de pierre :
    « Le voyage entrepris par
le président, malgré son âge, peut être très profitable à son pays.
L’Allemagne, en effet, se prépare à intervenir dans les heures qui viennent. Je
ne nourris aucune inimitié contre aucune nation. Si l’Etat-moignon de
Tchécoslovaquie a continué d’exister, c’est uniquement parce que je l’ai bien
voulu, et que j’ai loyalement respecté mes engagements. Mais même après le
départ de Beneš, l’attitude de la Tchécoslovaquie n’a pas changé ! Je vous
avais prévenus ! J’avais dit que si les provocations continuaient, je détruirais
intégralement l’Etat tchécoslovaque ! Et elles n’ont jamais cessé !
Maintenant les dés sont jetés… J’ai donné ordre aux troupes allemandes d’envahir
le pays et décidé d’incorporer la Tchécoslovaquie dans le Reich allemand.  »
    Le traducteur a déclaré, à
propos d’Hácha et de son ministre : « Seuls leurs yeux montraient
qu’ils étaient vivants. »
    Hitler poursuit :
    « Demain à 6 heures,
l’armée allemande pénétrera en Tchécoslovaquie de tous les côtés à la fois et
l’aviation allemande occupera les aérodromes. Deux éventualités sont possibles.
    Ou bien l’entrée des troupes
allemandes donne lieu à des combats – dans ce cas la résistance sera
brisée par la force brutale.
    Ou bien l’entrée des troupes
allemandes a lieu de manière pacifique, et j’accorderai alors sans difficulté à
la Tchéquie un régime qui lui soit propre dans une large mesure… l’autonomie et
une certaine liberté nationale.
    Ce n’est pas la haine qui
m’anime, mon seul but est la protection de l’Allemagne, mais si la
Tchécoslovaquie n’avait pas cédé à Munich, j’aurais exterminé le peuple tchèque
sans hésitation, et personne n’aurait pu m’en empêcher ! Aujourd’hui, si
les Tchèques veulent se battre, l’armée tchèque aura cessé d’exister dans les
deux jours. Naturellement, il y aura aussi des victimes parmi les Allemands, ce
qui alimentera une haine contre le peuple tchèque qui me contraindra, par souci
d’autoconservation, à ne pas accorder l’autonomie.
    Le monde se moque de votre
sort. Quand je lis la presse étrangère, la Tchécoslovaquie me fait pitié. Elle
me fait penser à la célèbre citation d’ Othello  : “Le Maure a fait
son devoir, le Maure peut partir…” »
     
    Il paraît que cette citation
est proverbiale en Allemagne, mais je ne comprends pas bien pourquoi Hitler l’a
placée ici, ni ce qu’il a voulu dire… Qui est le Maure ? La
Tchécoslovaquie ? Mais en quoi a-t-elle fait son devoir ? Et où
pourrait-elle partir ?
    Première hypothèse : du
point de vue allemand, la Tchécoslovaquie a servi les démocraties occidentales
par son existence même, en affaiblissant l’Allemagne après 1918. Maintenant
qu’elle a rempli

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