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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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comme des quilles. Ils jurèrent
à qui mieux mieux. Je criai à Miriam :
    « Va-t’en !
Cours ! »
    Ils
lui avaient arraché, déjà, la moitié de
ses vêtements.
    Elle
me jeta un coup d’œil égaré, en repoussant
les sales pattes d’un des quatre qui l’empoignaient. Il
l’aurait renversée si elle ne lui avait griffé le
visage. Puis, avec la précision d’une danseuse, elle le
frappa du pied au bas-ventre. Je perçus clairement le choc.
L’homme se figea sur place comme un flamant pris dans une
tempête québécoise. Puis elle pivota sur
elle-même et sortit de la cour. Brave fille ! Elle avait
plus de punch, et plus de connaissance de l’anatomie masculine,
que je ne l’avais imaginé.
    La
meute s’était retournée contre moi, mais je
n’avais pas perdu mon temps. J’avais ramassé
Cupidon et jouai les derviches tourneurs en le tenant par un bout
avant de le lâcher. Deux des agresseurs de Miriam retournèrent
au tapis et la statue se cassa en deux. Entretemps, les voisins
avaient repéré la bagarre et commençaient à
hurler. L’un des vauriens dégainait un sabre évidemment
dérobé au regard de la police qu’il avait caché
jusque-là dans les plis de son manteau. Je fonçai sur
lui, mon couteau arabe au poing, sans lui laisser le temps de sortir
du fourreau une lame qui s’y renfonça avec un claquement
sec. Malgré tous mes démêlés antérieurs,
je n’avais jamais poignardé personne, auparavant, et fus
surpris de découvrir à quel point il était
facile de plonger une lame dans de la chair humaine. Plus
particulièrement entre deux côtes. L’homme se
rejeta si fort en arrière que je perdis ma prise sur le manche
du couteau. Je trébuchai parmi les pierres. J’étais
complètement désarmé.
    Pendant
ce temps, celui qui avait interrogé Miriam avait sorti un
pistolet. Irait-il jusqu’à s’en servir dans la
cité sacrée, au mépris de toutes les lois en
vigueur et de toutes ces voix qui criaient haro ?
    Mais
il n’avait pas de tels scrupules. La détonation me
gronda aux oreilles et quelque chose me brûla la tempe. Je
chancelai de plus belle, aux trois quarts aveuglé. Il était
temps de sonner la retraite. Je regagnai la rue, à tâtons.
Un des quatre autres revenait vers moi, sabre au clair, la cape
flottant comme des ailes. Qui étaient ces fripouilles ?
La balle qui m’avait frôlé n’améliorait
pas mes capacités offensives.
    Et
puis, alors que je faisais face par nécessité, sans
trop y croire, un long bâton passa près de moi et toucha
le sabreur à la base du cou, en pleine gorge. Il se mit à
tousser et tomba sur les fesses en suffoquant, les yeux fous. Je
découvris alors Miriam qui avait arraché ce poteau à
l’un des étals voisins et venait de l’utiliser
comme une lance. J’ai toujours eu le don de rencontrer des
femmes pleines d’initiative.
    « Toi !
s’étranglait l’homme. Tu devrais être
mort ! »
    Après
toi, pensai-je, aussi choqué qu’il l’était,
ou presque. Car, dans la pénombre de la ruelle, j’avais
reconnu, mis à jour par le bâton de Miriam, carré
et compas maçonniques avec la lettre G au milieu, et puis le visage de « l’inspecteur des
douanes » qui m’avait accosté sur la scène,
à Toulon, alors que j’arrivais de Paris, fuyant les
gendarmes. Il avait tenté de m’arracher mon médaillon
et je l’avais touché d’une balle de mon rifle
alors que Sidney Smith en descendait un autre. Celui-là se
plaignait d’une blessure qui ne l’avait pas tué,
hélas ! Que faisait-il à Jérusalem, armé
jusqu’aux dents ?
    Je
le savais, bien sûr. Tout comme moi, il s’intéressait
aux secrets d’antan. C’était un complice de Silano
et les Français n’avaient pas abandonné la
partie. Il était ici à cause du Livre de Thot. Et,
semblait-il, à cause de moi.
    Avant
que je puisse m’en assurer, toutefois, il se redressa, tant
bien que mal, écouta les cris des voisins et des gardiens de
service, et détala en gémissant.
    Nous
imitâmes son exemple, dans la direction opposée.
    * *
*
    J’avais
passé mon bras autour des épaules de Miriam, sur le
chemin de retour à son domicile, et je la sentais trembler
contre moi. Nous n’avions jamais eu de tels contacts physiques,
mais là, c’était instinctif et réciproque.
J’en avais besoin autant qu’elle.
    Mes
balades dans Jérusalem m’avaient sommairement enseigné
sa topographie. Je choisissais des ruelles peu fréquentées
et regardais souvent

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