Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
Tout
cela n’avait-il été qu’un cauchemar ?
Non, une réalité plus tangible que le bois de la table.
    Jéricho
m’observait, lui aussi. Avec la même sympathie, mais
heureux d’apprendre l’existence de cette Égyptienne
dont le souvenir me tenait à l’écart de sa sœur.
Le regard de Miriam était plus direct que jamais auparavant,
ricin de compréhension et de peine partagée. Je
compris, à cet instant, qu’elle aussi avait dû,
dans le passé, connaître quelqu’un qui lui était
très cher. C’était la raison pour laquelle elle
décourageait toutes les avances et n’acceptait que son
frère pour unique compagnon. Nous étions tous réunis
par les mêmes regrets, les mêmes détresses.
    « J’aurais
préféré une réponse claire…
    —  La
réponse, déclara le visiteur en se mettant sur pied,
c’est que le passé est à jamais passé. Je
suis désolé de n’avoir pu vous transmettre que de
mauvaises nouvelles, mais je ne suis qu’un messager. Les amis
de Jéricho vont garder l’oreille aux aguets, j’en
suis sûr. Mais n’espérez rien de meilleur. Elle
n’est plus de ce monde. »
    Et
sur cette conclusion, il reprit sa route.

6
    M a
première réaction fut de quitter, avec Jérusalem,
tout cet Orient maudit. Immédiatement et pour toujours. De mon
étrange odyssée avec Bonaparte, de ma fuite de Paris,
de mon départ de Toulon par la mer, de la rencontre d’Astiza,
de la perte de mon ami Antoine Talma et des lourds secrets de la
Grande Pyramide, ne me restait qu’un amer goût de
cendres. Rien n’en était sorti, ni richesse ni pardon
pour le crime que je n’avais pas commis, aucune affinité
profonde avec les savants de la campagne d’Égypte, aucun
amour durable, non plus, avec la femme qui avait su si bien me
séduire. J’y avais même perdu mon cher long
rifle ! Je n’étais venu en Palestine que pour
tenter de découvrir le sort d’Astiza, et, depuis cette
visite inopinée, ma mission paraissait futile. Je n’avais
cure de l’invasion projetée de la Syrie, des intentions
de Djezzar-le-Boucher, de la carrière de Sidney Smith ou des
calculs politiques de tous ces gens coincés dans leur cycle
éternel de convoitise et de vengeance. Pourquoi étais-je
venu me piéger moi-même dans cette nécropole de
haine ? Il était temps pour moi de rentrer à la
maison, en Amérique, et de m’y bâtir une vie
normale.
    À
ma résolution de tout laisser derrière moi s’opposait
tout ce que je n’avais pu encore découvrir. Si fort
qu’elle parût effacée de ce monde, Astiza n’était
peut-être pas morte. Personne n’avait trouvé son
corps. Si je partais maintenant, son souvenir me hanterait jusqu’à
la fin de mes jours. Je me la remémorais trop distinctement,
dans trop de circonstances. Son doigt pointant vers l’étoile
Sirius, alors que nous voguions sur le Nil ; son aide pour venir
à bout d’Ashraf, dans la fureur de la bataille des
Pyramides ; sa beauté rayonnante, dans la cour d’Enoch ;
sa fragilité puissamment érotique, sous les chaînes
du temple de Dendérah. Et puis l’amour que nous avions
partagé sur les rives du fleuve. En un siècle ou deux,
on peut surmonter de telles réminiscences. Mais sans les
oublier. Astiza m’avait ensorcelé.
    Quant
au Livre de Thot, ce n’était probablement qu’un
mythe. Nous n’avions découvert, dans la pyramide, qu’un
pupitre vide et le bâton de Moïse. Mais si tout était
vrai et gisait quelque part sous mes pieds ? Jéricho
terminerait bientôt le fusil réalisé sous mes
yeux, et qui promettait d’être supérieur à
celui que j’avais perdu. En plus il y avait Miriam, victime
elle aussi, je le sentais, de quelque chagrin irréparable, et
que je me serais fait une joie de consoler. Astiza disparue, cette
femme dont je partageais les repas et la maison, et qui sculptait
artistement la crosse de mon arme, me semblait soudain encore plus
merveilleuse. Qui retrouverais-je en Amérique ? Personne.
En dépit de ma frustration, je décidai donc de rester
sur place un peu plus longtemps. Au moins jusqu’à ce que
mon fusil soit fin prêt. J’étais un joueur qui
guettait la donne miraculeuse. Et bientôt, peut-être, je
toucherais la carte maîtresse.
    Et
je voulais savoir ce qui avait tant fait souffrir Miriam.
    Elle
me traitait toujours avec la même réserve, mais nos
regards se croisaient plus souvent. Quand elle posait mon assiette
devant moi, elle se tenait un peu plus près et parlait

Weitere Kostenlose Bücher