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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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venimeux ? J’en ai assez
de vous deux ! Faites-en un exemple. Il n’est pas
seulement inutile, il est ennuyeux ! Faites-le défiler
devant l’infanterie, et qu’il soit fusillé comme
le traître qu’il est. Je suis fatigué des maçons,
des sorciers, des serpents, des dieux et de toutes ces légendes
imbéciles qui nous encombrent l’esprit depuis le début
de cette expédition. Que diable, je suis membre de
l’Institut ! La France incarne la science ! Le seul
Graal qui vaille est le chant du canon ! »
    Comme
à point nommé, une balle égarée lui
arracha son chapeau avant de toucher un de ses officiers en pleine
poitrine.
    Le
général bondit en arrière, choqué de voir
l’homme s’effondrer, blessé ou mort.
    « Mon
Dieu ! » s’exclama Najac en se signant.
    Le
comble de l’hypocrisie, dans la mesure où sa piété
avait la valeur approximative d’un dollar continental.
    « C’est
un signe ! Vous ne devriez pas parler comme ça, mon
général ! »
    Napoléon
avait blêmi, mais reprenait très vite son assurance. Il
jeta un regard au rempart enfoncé où assiégés
et assiégeants tombaient comme des mouches, baissa les yeux
vers le cadavre et ramassa son chapeau.
    « C’est
Lambeau qui a reçu la balle, pas moi !
    —  Mais
le pouvoir du Graal…
    —  C’est
la deuxième fois que ma taille me sauve la vie. Si j’avais
eu celle du général Kléber, j’aurais été
tué deux fois plutôt qu’une. Le voilà,
votre miracle, Najac. »
    Le
trou dans le chapeau du général fascinait mon
tortionnaire. J’essayai à tout hasard :
    « C’est
peut-être le signe qu’on doit continuer à
collaborer tous ensemble.
    —  Bâillonnez-moi
cet Américain, ordonna Bonaparte. Un mot de plus, et je crois
que je vais le tuer moi-même. »
    Il
exécuta un demi-tour à droite et s’éloigna,
me laissant dans une situation inchangée.
    « Ils
ont réussi leur percée ! Lannes, faites-moi
transporter une grosse pièce dans cette brèche ! »
    *
* *
    Toujours
ficelé à mon oranger, je ratai largement la suite, mais
je préférais ça. Les Ottomans se battirent comme
des sauvages jusqu’à ce qu’un capitaine du génie
nommé Aymé trouvât le moyen d’infiltrer ses
hommes dans la place et d’attaquer l’ennemi par-derrière,
à la baïonnette. Grâce à cette trouée,
les soldats français se répandirent dans toutes les
ruelles de Jaffa.
    Simultanément,
le général Bon avait mené, au nord, un assaut de
diversion qui élimina les défenseurs affectés à
ce point stratégique. Submergés par des troupes
françaises très supérieures en nombre, les
Ottomans flanchèrent et, perdant courage, commencèrent
à se rendre. Eveillée par la décapitation
révoltante des émissaires, la furia francese acheva
de se déchaîner. Meurtres et pillages se déclenchèrent,
débouchant sur la frénésie aveugle d’une
racaille débridée. Les prisonniers furent exécutés
à la baïonnette ou d’une balle dans la nuque, les
maisons dévastées. À la nuit, des soldats
éméchés, encombrés du fruit de leurs
pillages, arpentaient toujours les rues éclairées par
les incendies.
    Les
vandales ne s’arrêtaient même pas pour secourir
leurs propres blessés. Ils tiraient au mousquet dans les rares
fenêtres encore intactes, en brandissant des sabres rouges de
sang. Les officiers qui tentèrent de les discipliner furent
poussés de côté, voire menacés de mort.
Voile arraché, vêtements lacérés au sabre
d’abordage, aucune femme ne fut épargnée. Tout
frère ou mari prétendant s’interposer fut abattu
comme un chien, en prélude au viol. Mosquées, églises
et synagogues brûlèrent de fond en comble, souvent avec
leur personnel arabe, juif ou chrétien. Des enfants pleuraient
sur les cadavres de leurs parents. Des filles imploraient merci, mais
étaient violées sur le corps de leur mère
mourante.
    Certains
des prisonniers furent jetés à bas des remparts. Les
flammes grillèrent les malades, les vieux et les éclopés
dans les décombres où ils se cachaient. Le sang coulait
dans les ruisseaux comme de l’eau de pluie. En une seule nuit
monstrueuse furent lavées, aux dépens d’une seule
ville, les peurs et les frustrations d’une année de
guerre. Cette armée au comportement civilisé, dicté
par la raison, avait sombré dans la démence, jusqu’au
dernier homme.
    Bonaparte
lui-même n’avait pas essayé de s’opposer au
sac de Jaffa. Du siège de Troie aux excès des

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