Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
tordais de gauche et de droite afin de parvenir à cette
saleté de pelle.
    « Et
c’est quoi, au juste, ce fameux trésor ? »
    Un
autre serpent jaillit dans ma direction, comme une flèche. Je
hurlai de terreur en me projetant hors de sa trajectoire, suscitant
un autre rire général. Si seulement j’avais pu
amuser autant les reptiles !
    « C’est… »
    D’une
ultime secousse, bras tendus, je saisis le manche de la pelle et
frappai désespérément, au petit bonheur. Le fer
cueillit deux des reptiles, les projeta contre la pente sablonneuse,
déclenchant une petite avalanche. Ils retombèrent
auprès de moi en sifflant et s’entrechoquant
furieusement.
    « Remontez-moi,
pour l’amour de Dieu, sortez-moi de là !
    —  Qu’est-ce
que c’est, monsieur Gage ? En quoi consiste ce trésor ? »
    J’étais
à bout de ressources. J’empoignai la pelle à deux
mains, me pliai vers le haut, sans égards pour ma propre
souffrance, visai soigneusement, puis me laissai retomber à
bout de corde, avec tout mon poids derrière le fer
grossièrement forgé de la pelle.
    Qui
fracassa le tuyau !
    Un
liquide nauséabond envahit la fosse.
    Nul
n’en fut plus surpris que moi.
    Ceux
qui tenaient la corde, stupéfiés, me lâchèrent.
Mes cheveux, mon front baignaient dans cette eau fétide qui
sentait la mer et la pisse.
    S’agissait-il
d’un tuyau d’évacuation des eaux usées de
Jaffa ? Je fermai les yeux, appréhendant la morsure des
crocs à venin sur mes paupières ou mes oreilles.
Graduellement, s’apaisait le concert des sifflements enragés.
    Je
rouvris les yeux et vis que les serpents s’étaient
réfugiés sur la périphérie de la fosse,
pour échapper à la noyade dans cette invasion de
puanteur. C’étaient des serpents du désert, pas
plus heureux que moi de cette triste aventure.
    Ma
tête retomba. Les muscles de mon abdomen ne pouvaient plus me
maintenir en place et ma tête risquait de s’engloutir
dans cette nappe de purin gluant. N’avais-je échappé
au venin que pour mourir noyé, la tête en bas ? Je
hurlai :
    « Le
Graal ! C’est le Graal ! »
    Najac
aboya un ordre et ils me remontèrent. Les Arabes étaient
dans tous leurs états, jurant à qui mieux mieux que
j’étais un grand sorcier pour avoir fait jaillir l’eau
du sable. Najac regardait la pelle que je tenais toujours et n’en
croyait pas ses yeux. Au-dessous de nous, les serpents tentaient de
ramper à la verticale et retombaient lourdement.
    Je
respirais de nouveau en plein air, mais toujours pendu par les
chevilles et le torse oscillant comme un quartier de bœuf au
crochet.
    « Alors ?
s’égosillait Najac.
    —  Le
Graal. Le Saint-Graal. Achevez-moi d’une balle dans la tête. »
    Il
s’en serait fait un plaisir. Mais si jamais ma déclaration
était importante pour Bonaparte ? Et juste à ce
moment-là, une rumeur croissante d’indignation et de
rage s’éleva de l’armée assiégeante.

11
    O n
ne saurait justifier les atrocités commises en temps de
guerre, mais on peut au moins les expliquer. Depuis la campagne
d’Égypte, l’été précédent,
les armées de Napoléon n’avaient rencontré
que désillusions. La chaleur, la pauvreté et
l’hostilité des populations avaient sapé leur foi
en l’issue finale. Les Français s’étaient
attendus à des cris de bienvenue dignes de l’esprit
libérateur et de la lumière républicaine qu’ils
apportaient en cadeaux. Au lieu de ces entrées triomphales,
ils avaient été repoussés, considérés
comme des athées, harcelés par ce qui restait, dans les
déserts environnants, des armées mameloukes. Cantonnées
dans les villages, les garnisons vivaient dans la terreur constante
du poison ou du poignard jailli de l’ombre. À tout cela,
Napoléon n’opposait qu’un remède :
aller de l’avant.
    La
résistance, à Gaza, s’était révélée
opiniâtre.
    On
avait libéré les prisonniers turcs, sur leur parole de
ne plus porter les armes, mais les officiers munis de longues-vues
avaient repéré les mêmes unités, sur les
murs de Jaffa. C’était une infraction grave à
l’une des règles fondamentales de la guerre à
l’européenne. Insuffisante, toutefois, pour expliquer
les massacres qui avaient suivi.
    Ce
qui avait déclenché cette sauvagerie, c’était
l’offre napoléonienne d’une reddition honorable
faite au commandant Aga Abdallah, dont la seule réponse avait
été le meurtre des émissaires chargés de
la lui proposer,

Weitere Kostenlose Bücher