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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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son nom à la postérité. Lui,
de surcroît, qui conditionnait le moral de l’armée.
    Pis
encore, à la bataille d’El-Arich, au début de la
campagne de Palestine, la division de Kléber avait tenu sa
place, mais c’était son rival Reynier qui avait
bénéficié des louanges de Napoléon. Peu
importait que Kléber possédât la stature,
l’envergure, la prestance militaire manquant à Bonaparte
et fût meilleur tireur, meilleur cavalier, meilleur en tout,
les autres généraux n’en référaient
jamais qu’à l’arriviste venu de Corse. Nul ne
voulait l’admettre, mais Bonaparte était leur supérieur
intellectuel, le soleil autour duquel ils tournaient instinctivement.
Cet affrontement souhaité avec les renforts ottomans était
la chance de Kléber. Tout comme Bonaparte avait décidé
de fondre sur les mamelouks en pleine nuit, aux pyramides, Kléber
décida de passer à l’attaque dans le noir, pour
surprendre les Turcs.
    « Folie !
jugea Mohammed. On est trop loin pour les surprendre. On va leur
tomber dessus au lever du jour, avec le soleil en plein dans les
yeux. »
    En
effet, le sentier circulaire, autour du mont Tabor, était
beaucoup plus long que Kléber ne l’avait estimé.
Au lieu d’attaquer à deux heures du matin, comme il
l’avait prévu, les Français rencontrèrent
les premiers éléments turcs à l’aube
naissante. Le temps de resserrer les rangs pour lancer l’attaque,
l’ennemi avait même eu le loisir de déjeuner.
Bientôt, des piquets de cavalerie ottomane harcelèrent
de toutes parts les hommes de Kléber. Et la montée du
soleil révéla qu’il avait attaqué
vingt-cinq mille soldats avec une armée de trois mille hommes.
Toujours mon talent inné pour me trouver au mauvais endroit,
au mauvais moment !
    « La
bague porte vraiment malheur, conclut Mohammed. On dirait que
Bonaparte essaie toujours de te faire exécuter, effendi, mais
d’une façon encore plus compliquée. »
    On
contempla, bouche ouverte, les évolutions meurtrières
de la cavalerie ennemie, partiellement dissimulée par les
grands épis de blé alors que les cavaliers tiraient
sans discontinuer sur les assaillants assaillis. Seule la confusion
qui régnait chez les Turcs nous évita d’être
balayés dès les premières vagues. Personne
n’avait vraiment l’air d’assumer le commandement,
là-bas en face, et leur armée provenait de trop de
régions disparates de l’empire. On pouvait distinguer,
d’où nous étions terrés, les couleurs des
diverses unités ottomanes, avec leurs chariots derrière
elles et leurs tentes multicolores. Si vous voulez voir de belles
images militaires, venez les admirer avant le commencement d’une
bataille.
    « Pourquoi
seraient-ils plus disciplinés, nom de Dieu ? jurait Ned.
Tout ce qu’ils savent, c’est foncer dans le tas. Bon
sang ! ce que j’aimerais retrouver ma frégate. Au
moins, tout y était plus clair. Et plus propre, aussi. »
    Même
si Kléber avait fait preuve de légèreté
en sous-estimant l’adversaire, c’était tout de
même un habile tacticien. Il se replia sur une colline nommée
djebel el-Dahy, nous donnant l’avantage de la position
supérieure. Les ruines d’un ancien château des
croisés du nom de Le Faba en occupaient le sommet. Elles
dominaient la vallée et le général français
disposa sur les remparts une centaine de ses hommes. Les autres
formèrent deux carrés d’infanterie, l’un
sous le commandement de Kléber, l’autre sous les ordres
du général Jean Andoche Junot. Ces carrés
étaient comme des forts sans murailles composés
d’hommes prêts à tirer vers les quatre points
cardinaux.
    Vétérans
et sergents occupaient le centre des deux formations afin d’empêcher
le gros de la troupe de fléchir et de reculer en menaçant
la compacité géométrique des deux carrés
constitués. Cette tactique avait dupé les mamelouks, en
Égypte, et ferait le même effet contre les Ottomans.
Dans quelque direction qu’ils chargent, ils rencontreraient une
haie de mousquets et de baïonnettes. Les chariots de matériel
étaient également au centre, ainsi que nous-mêmes
et l’équipe de Najac.
    Les
Turcs avaient commis l’erreur de donner à Kléber
le temps de mettre au point son double dispositif. Quand ils en
eurent assez de tourner autour des Français en hurlant et
brandissant leurs sabres, ils chargèrent. Un grand silence les
accueillit. Puis retentit l’ordre attendu :
    « Ouvrez
le

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