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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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on étancha notre soif et puis on
se tint debout, trempés comme des ivrognes, avec nos poches à
cartouches vides. Napoléon arriva, couvert de poussière
grise, rayonnant comme le sauveur qu’il était.
    « Je
savais que vous vous mettriez dans un mauvais cas, Kléber. Je
me suis mis en route dès réception du rapport. »
    Il
souriait aux anges.
    « La
débandade des Ottomans a commencé au premier coup de
canon ! »

17
    A vec
son sens inné de la propagande, Napoléon baptisa le
désastre évité de « bataille du mont
Tabor », appellation beaucoup plus prestigieuse et sonore
que djebel el-Dahy. Peu importait que le lieu exact eût été
à plusieurs kilomètres de là. En outre, celui
qu’on surnommait « le petit caporal »
décrivit l’événement comme la « victoire
la plus boiteuse » dans les annales de la guerre.
    « Je
veux, ajouta-t-il, que tous les détails soient communiqués
à Paris aussi vite que possible. »
    S’était-il
autant soucié de transmettre les nouvelles du massacre de
Jaffa ?
    « Quelques
divisions de plus, commenta Kléber, et on poussait jusqu’à
Damas. »
    Grisé
par sa victoire improbable, ébloui par la décision
opportune de son supérieur, il avait cessé de le
jalouser et l’admirait sans réserve. Bonaparte était
capable de tous les miracles.
    « Quelques
divisions de plus, rectifia celui-ci, et on poussait jusqu’à
Bagdad et Constantinople ! Maudit soit Nelson ! S’il
n’avait pas détruit ma flotte, je serais déjà
maître de l’Asie ! » Kléber
riposta :
    « Et
si Alexandre n’était pas mort à Babylone, si
César n’avait pas été assassiné, si
Roland n’avait pas été trop loin en arrière… »
J’apportai mon grain de sel :
    « Faute
d’un clou, on perd une bataille !
    —  Quoi ?
    —  Juste
un des dictons de mon ami Ben Franklin. Ce sont les toutes petites
choses qui nous font trébucher. Il croyait au soin méticuleux
de tous les détails.
    —  Franklin
était un homme avisé, reconnut Napoléon. Cette
attention scrupuleuse au moindre détail est primordiale en
temps de guerre. Et votre mentor, Gage, était un véritable
homme de science. Il partagerait votre acharnement à résoudre
les mystères du passé. Non pour lui-même, mais
pour la science. C’est bien pourquoi vous voulez rejoindre
Silano, monsieur Gage ?
    —  Vous
avez éliminé les obstacles qui pouvaient m’en
empêcher, général. »
    Un
peu de lèche n’est jamais inutile, et Bonaparte avait
écarté les armées ennemies comme Moïse les
eaux du Jourdain. Je poursuivis sans le moindre esprit de
provocation :
    « Pourtant,
nous ne sommes parvenus qu’à l’orée de
l’Asie. À des milliers de kilomètres de l’Inde
et de votre allié, Tippoo Sahib. Vous n’avez même
pas pris Acre. Comment, avec si peu d’hommes, pourriez-vous
imiter l’exemple d’Alexandre ? »
    Il
fronçait les sourcils. Il détestait les doutes.
    « Les
Macédoniens n’étaient pas beaucoup plus nombreux.
Et Alexandre a subi son propre siège, à Tyr. Mais notre
monde est plus immense que ne l’était le leur. Et les
événements se précipitent en France. J’en
ai beaucoup sur les bras, il se peut que l’importance de vos
futures découvertes soit plus significative à Paris
qu’en Égypte.
    —  La
France, grogna Kléber. Vous pensez à Paris alors qu’on
se bat dans cette fosse à purin ?
    —  J’essaie
simplement de penser à tout, Kléber ! Voilà
comment j’ai su que vous auriez besoin de renfort avant même
que la nécessité ne se soit concrétisée. »
    Il
tapa sur l’épaule de ce général qui avait
une tête de plus que lui, couronnée d’une
véritable crinière de lion.
    « Sachez
simplement que tout ce que nous faisons possède un but précis.
Faites votre devoir et nous grandirons ensemble !
    —  Notre
devoir est ici, pas en France, non ?
    —  Et
le devoir de cet Américain est d’atteindre le but de sa
présence ici : la résolution du mystère des
pyramides et des Anciens, avec l’aide du comte Silano. Faites
vite, Gage, car le temps presse.
    —  Il
me tarde autant qu’à n’importe qui de rentrer chez
moi.
    —  Alors,
trouvez votre livre, c’est un ordre ! »
    Avant
de s’éloigner avec son état-major, un index
ponctuant tous les autres ordres qu’il leur prodiguait. Celui
que j’avais reçu moi-même me glaçait le
sang dans les veines. C’était la première fois
qu’il parlait clairement d’un

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