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Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Titel: Histoire De France 1618-1661 Volume 14 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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doute priait, poussait, dès le matin, Monsieur, peu curieux de cettefête. Un trompette du roi arriva en même temps pour demander qu'on remît l'assemblée. Elle s'insurgea contre, et parut très-frondeuse, mais non dans l'intérêt des princes, demandant seulement «que le roi rentrât sans Mazarin.» Les princes mécontents se levèrent, descendirent.
    Est-il sûr qu'ils aient dit à la foule: «Ce sont des Mazarins, faites-en ce que vous voudrez?» On l'a dit, mais j'en doute. Ce signal de mort était superflu. Condé, croyant peut-être se laver les mains de la chose en la rejetant sur un autre, avait logé le roi des Halles, le mannequin Beaufort, dans une boutique des ruelles qui vont à la Grève pour surveiller l'exécution. Chose curieuse qu'atteste Conrart, malgré les cinquante tonneaux de vin, l'affaire ne prenait pas. Quelques coups de fusil partirent bien de la Grève, tirés en haut, donc innocents. Le peuple était plutôt triste, et plus sombre que furieux. «Les plus méchants n'attaquaient point.» Qui voulut fuir d'abord échappa sans grande peine.
    Mais il se trouvait là aussi des gens moins incertains, venus de chez Condé, et de ses propres domestiques. Ses soldats déguisés, qui buvaient depuis le matin avec les bateliers, ne souffrirent pas non plus que la chose avortât. Ils attaquèrent en hommes d'expérience, d'une part tirant d'en face par les trous faits exprès sur les larges fenêtres de la salle de l'Hôtel de Ville; d'autre part, attaquant d'en bas, de près et du plus grand courage les défenses improvisées que les archers de la ville avaient faites au vestibule et à l'entrée du fameux escalier. Ces archers,peu nombreux, et n'ayant guère de poudre, firent cependant une très-belle résistance, tirant quatre par quatre, et chaque fois tuant quatre soldats. Ceux-ci étaient désespérés; ils entrèrent en fureur. L'un d'eux, ayant déjà trois balles, s'acharnait de son bras mourant à arracher un pieu; il fut tué dessus à coups de hallebardes, d'épées et de poignards.
    Le gouverneur de Paris, L'Hospital, le prévôt, tous les royalistes, craignaient beaucoup, mais non pas les frondeurs. Des hommes idolâtrés du peuple, le président J'dis ça (Charton), le bouillant colonel et maître des comptes Miron, n'imaginèrent pas un moment qu'on voulût s'attaquer à eux. Charton se mit sur une fenêtre, cria qu'on s'arrêtât, qu'il répondait de tout; mais on tira sur lui. Il descendit, il s'offrit pour otage. En un moment, il fut coiffé de cinq cents coups, s'arracha à grand'peine et se cacha aux lieux d'aisance. Miron fut moins heureux encore. Il entreprit de se faire jour pour aller faire armer ses gens et délivrer l'Hôtel de Ville. «Vous périrez, lui dit-on.—Il n'importe! que je périsse en faisant mon devoir.» À peine sur la Grève, il crie: «Je suis Miron.» Il est jeté à terre par un savetier qu'il avait naguère empêché de tuer un magistrat. Un cuisinier et un petit laquais de Condé frappent dessus; il est percé de coups.
    Les amis que Condé avait dans l'assemblée, fort étonnés de voir massacrer les frondeurs, se hâtent de faire un écriteau en grosses lettres, y écrivent Union , espérant désarmer l'émeute. Mais l'émeute était ivre de vin, de sang, n'y voyait plus. Ferrand, l'un d'eux, qui descendit, fut tué à côté de Miron.
    Cependant Condé et Monsieur étaient entourés de personnes qui priaient, suppliaient, pleuraient pour qu'on envoyât au secours. Le laquais d'un des partisans dévoués de Monsieur, qui était à l'Hôtel de Ville, arriva jusqu'au prince. Il le trouva paisible qui sifflait. «Monseigneur, ils vont tuer mon maître!» Le voyant sourd, paralytique, aveugle, il perdit tout respect, l'empoigna par le bras, croyant le faire lever... Mais toujours ce bras retombait....
    Un homme cependant arrive essoufflé. «Le feu est à l'Hôtel de Ville!» Monsieur dit à Condé: «Mon cousin, ne pourriez-vous pas aller mettre ordre à cela?—Monseigneur, dit Condé, je ne m'y entends point. Je me sens poltron pour ces choses.—Eh bien, dit Mademoiselle, j'irai. Il faut sauver le gouverneur, et le prévôt.—J'irai avec vous,» dit Condé. Mademoiselle l'en empêcha. Elle n'alla pas jusqu'au bout. Au pont Notre-Dame, on lui dit qu'ils étaient enragés à ce point qu'ils avaient tiré sur le Saint-Sacrement qu'un curé apportait en Grève. Ses gens la supplièrent de ne pas avancer.
    Le feu n'avait pas pris. Il n'y eut qu'une

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