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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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enregistra une création de rentes, qui valait au Roi cent millions.
    Le prélat cependant fort commodément, de Conflans, soufflait le feu, animait ses curés. Le roi donna au Parlement la joie de le savoir plus loin, très-loin, à six lieues (à Lagny!)
    La majorité janséniste du Parlement, ces antiques perruques qui ne rêvaient rien que la Bulle, furent ivres de cette victoire. Le moment leur parut venu d'extirper le monstre, de couper la tête de l'hydre. Ils tirèrent du fourreau la grande épée: arrêt qui déclare la Bulle ABUSIVE.
    La Bulle est morte. On trépigne de joie. Le roi s'en plaint tout doucement, car «la Bulle est loi du royaume.» Il accorde et désire qu'on n'en parle jamais. Mais nul reproche au Parlement. Loin de là, il l'accueille «avec une bonté singulière.»
    L'archevêque en riait. Il disait aux curés: «Rassurez-vous, j'ai parole du roi.» ( Barb. , VI, 147). L'Assemblée du clergé, qui se tenait alors et qui semblait gémir «de la persécution,» riait aussi sous cape. Le roi, envers ses chefs, avait engagement de laisser làtous les plans de Machault. Les évêques, en cinq ans, étaient arrivés à leur but. La farce était jouée. Ils se relâchèrent aisément de leur petite guerre des sacrements qui n'avait été qu'un moyen.
    On commençait à deviner ( Barb. , 84) que le roi s'était joué du Parlement. Mais qu'eût fait celui-ci? Pouvait-il s'arrêter, n'enregistrer aucun impôt, quand la guerre était engagée, dans cette année terrible, où, sans déclaration, les Anglais nous enlèvent trois cents vaisseaux marchands! Les taxes de la guerre, continuées jusqu'en décembre 1755, expiraient. La patrie restait sans défense. Le Parlement enregistra purement, simplement , la continuation des taxes pour six ans. On fut bien étonné de sa facilité. Ses partisans, en masse, le quittèrent, lui tournèrent le dos. Il avait agi pour la France, et lui-même il s'était perdu (8 septembre 1755).
    Cependant l'ennemi, pour le peuple ulcéré, c'était bien moins l'Anglais que le roi et la cour. La haine était montée à un point incroyable. Elle apparut aveugle dans une affaire sinistre. Une dame Lescombat, fort jolie, avait fait tuer son mari par son amant. Elle était condamnée et eût été exécutée, si elle n'avait été enceinte. Le bruit courut que madame Adélaïde était enceinte aussi (Voy. plus bas ), s'intéressait à elle et voulait la sauver. Elle avait recueilli et élevait une enfant de la Lescombat. Celle-ci, par deux fois, se dit grosse pour gagner du temps, et se faire oublier. Le public se souvint, s'indigna, supposa qu'on voulait tromper la justice. Une fois la potence fut placée, puis déplacée. La cour flottait sans doute.Mais la fureur du peuple remontait vers Adélaïde. Le roi s'en alarma, voulut l'exécution. Un monde énorme s'y porta, à la Grève et aux quais, aux tours même de Notre-Dame. Quand on la vit enfin monter à la potence, on applaudit cruellement (3 juillet 1755).
    De cette grossesse (fausse ou vraie) d'Adélaïde, est venue la légende de la naissance mystérieuse de M. de Narbonne (août 1755), dont on a tant parlé [39] . Ce brillant fat en tirait grand parti auprès des femmes et dans le monde. L'histoire paraissait vraisemblable à ceux qui remarquaient la faiblesse, les ménagements qu'on montra pour une dame d'Adélaïde, médisante, méchante, impudente, la d'Estrades. Elle exerçait une sorte de terreur chez Madame, réglant tout, disposant de tout. Madame n'avait plus rien à elle, manquait de tout, n'avait ni bas ni souliers ( Arg. , IV, 231).
    La Pompadour brûlait de se concilier la famille. Elle eût voulu donner ses biens et sa fille, la petite d'Étioles, à un parent des de Luynes, les amis de la reine. L'enfant mourut. La Pompadour trouva une autre voie de plaire en rendant à Madame un signalé service. Elle lui demanda si cette d'Estrades ne la gênait pas. La princesse n'osait répondre, hésitait;pressée, elle hasarda de dire: «Qu'elle l'ennuyait assez.» ( Arg. , IV, 228, 7 août.) Avec ce mot, la Pompadour exige du Roi qu'il la renvoie. Mais avec quelle timidité il le fait! Il donne à la gueuse une grosse pension! Nul exil. Elle va demeurer à Chaillot. Là, elle a une cour. D'Argenson le ministre, qui était son amant, le jour même de la disgrâce, reste quatre heures chez elle, la voit de plus en plus. Ils sont si redoutés que pour leur clore la bouche, le Roi comble et accable Argenson de places

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