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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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dans les registres? On aurait bien voulu le pendre. On le condamna aux galères. À quoi il ne consentit pas. Il affirma son innocence, et il se coupa la gorge. C'était la couper aux Jésuites. La Compagnie, à ce moment, salie, flétrie, déclarée solidaire de banqueroute, resta dans son fumier si bas qu'on ne lui vit plus le nez.
    Mais on ne les laisse pas là. Voyons, qui êtes-vous, bonnes gens? Voyons vos statuts d'Ignace, vos bellesconstitutions? Le Roi a beau se jeter entre, se réserver l'examen. Le Parlement va son chemin, jusqu'à refuser les taxes. Donc, il faut un Lit de Justice. Intimidation ridicule. Cette foudre du Lit de Justice, qui frappe le 21 juillet, fait rire, quand elle arrive après la perte d'une bataille (16 juillet 61). La cérémonie est grotesque quand ce Jupiter tonnant fait son entrée militaire à Paris, avec sa défaite, entre moqué et battu.
    À lui d'avoir peur, de trembler. Le Parlement, tout en faisant, malgré le Roi, l'examen des constitutions des Jésuites, prépare un bien autre examen. Il veut que le Roi indique la somme des acquits au comptant . Petit mot et énorme chose. Ce sont ces bons qu'il tirait sans compter sur le trésor, pour combler ses pertes au jeu, payer sa police secrète, et pour se débarrasser de la mendicité dorée. Enfin sa petite Sodome, tous ses malpropres secrets, tenaient à ce mystère obscur des acquits au comptant .
    L'idée que le Parlement va descendre dans ces égouts, examiner, sonder de près, cela fit pâlir tout Versailles. Le Roi montra un cœur de roi , défaillit. Que deviendrait-il si ce Parlement sauvage ébruitait tout, publiait? Le Parlement avait pour lui une force, la misère publique, et, par moments, des procédés terriblement expéditifs. On le vit par la pendaison de Besançon et de Paris. Tout se rapprocha de Choiseul, qui démuselait, muselait Cerbère à sa volonté, qui disait au Roi: «Eh! sire! laissons-leur les Jésuites. Cela les occupera.»
    Le Roi, ainsi terrorisé, ne fit plus guère attentionaux cris de cinquante évêques qui criaient pour les Jésuites. Il laissa le Parlement brûler leurs livres, leur défendre d'enseigner, de confesser. En octobre 61, à la rentrée, peu de gens y renvoyèrent leurs enfants. L'herbe commence à pousser dans les cours de Louis-le-Grand ( J. Quicherat ). Un journal officiel, la Gazette de France , donna au public français le jugement de Malagrida. Que pouvait de plus Choiseul? Cela fut si agréable au Parlement de Paris, qu'en décembre 61, il enregistra tout ce qu'on voulut et l'enregistra purement, simplement, sans restriction.
    Heureuse entente. À quel prix? Les Parlements, bride abattue, vont en guerre contre les Jésuites, sans avoir aucun souvenir qu'il y ait un roi en France. Le Parlement de Paris, en octobre 61, à l'énorme majorité de 139 contre 13, déclare que les Jésuites ne furent jamais que tolérés, que leurs statuts sont abusifs . Le Parlement de Rouen prend, le 12 février 1762, la grande initiative. Il ordonne qu'au 1 er juillet les Jésuites videront les lieux, quitteront leurs maisons, leurs colléges, que tous les biens seront saisis, les meubles vendus; enfin que les villes enverront au procureur général leurs mémoires sur l'éducation qu'on donnerait à la jeunesse.
    Rennes et Paris suivirent ces voies, Rennes avec le plus grand éclat. Toute la France lut, admira le réquisitoire, les écrits du procureur général, du Breton La Chalotais.
    En mars, la famille royale fit une dernière tentative, obtint que le Grand Conseil déclarât non avenu ce qu'avaient fait les Parlements. Mais le roi n'osa insister.Choiseul lui disait froidement: «Sire, supprimez les Jésuites, ou supprimez les Parlements.» Mot terrible. Cela voulait dire: «Hasardez la Révolution... Courez la chance de revoir l'année qui vous a fait faire le chemin de la Révolte, de revoir la guerre des rues, d'entendre le cri: Versailles! et: Allons brûler Versailles! »
    Le Dauphin et ses meneurs voyant le roi si muet, si blême et si annulé, proposaient un moyen extrême. C'était d'établir partout des États provinciaux , pour primer les Parlements. Ces États, pour la plupart, machines aristocratiques, auraient été admirables pour arrêter tout progrès. S'ils agissaient sérieusement, ils déplaçaient la royauté, la remettaient presque partout au clergé et aux seigneurs.
    Là, Choiseul parla fort net. Il leva vivement le masque par ces paroles cyniques: «Quelle que

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