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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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soit la forme de ces États provinciaux, ce sera une assemblée d'hommes ... Que fera le roi s'ils s'unissent?... On n'exile pas son royaume.»
    Choiseul aimait mieux jouer de la machine grossière, moins compliquée, des Parlements. Seulement, qu'avait fait son jeu? Pendant une année tout entière, on avait vu le roi, traîné toujours en arrière, dire: Non. Et personne n'y avait pris garde. En ce moment, il écrivait à Rome pour qu'en réformant les Jésuites on les sauvât. Était-il temps de réformer ceux qui déjà étaient morts, et dont les maisons, dont les colléges étaient vides?
    Et le roi aussi semblait mort. À quoi tenait sa reculade? À la peur qu'on lui avait faite pour ses acquitsau comptant , pour ses vilenies coûteuses. Son cœur était au mauvais lieu, voilà tout. Et dans ce moment où il voyait sa foi, son Dieu, ses Jésuites éreintés, il laissait faire.
    Un tel avilissement de l'autorité embarrassait assez Choiseul. Qu'était cette autorité alors, si ce n'était lui-même? Lui seul il était le pouvoir, donc, ravalé plus que personne. Mais les Parlements, ses amis, il n'eût su comment les toucher. Il avait pu hasarder de donner une volée à ses amis les philosophes. Ici, la chose était plus grave. Avec ces corps violents, colériques, si habitués à pendre, rouer, brûler, on ne pouvait guère plaisanter. Le fat était embarrassé. Il y fallait un bon hasard. Il aurait donné beaucoup pour que les Parlements eux-mêmes en fournissent occasion, pour qu'ils se déconsidérassent par quelque faute grossière, quelque barbare ânerie. Il l'eût voulu. Mais que faire? Avec toute son assurance, son air hardi, impertinent, il reculait, et, pour rien, il n'eût attaché le grelot. [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE VII.
LES CALAS. — VOLTAIRE A AFFRANCHI LES PROTESTANTS.
1761-1764.
    L'éclat contre les Parlements vint du point d'où nul à coup sûr n'aurait cru pouvoir l'attendre. Il vint du peuple oublié, dont toute la France semblait avoir détourné ses regards, d'un monde obscur qui tâchait de ne plus être aperçu, qui n'occupait plus personne, du triste monde protestant qui vivait dans le Midi à peu près comme en Espagne les restes des races mauresque et juive.
    Y avait-il des protestants? Non, pas un devant la loi, mais des Nouveaux convertis . Mensonge atroce qui tenait ces populations tremblantes dans le désolant supplice d'avoir deux vies: l'apparente, de demi-hypocrisie;—et la vie secrète et cachée qui, aux grands moments solennels, baptême, mort et mariage, les replaçait dans le péril, les jetait dans l'aventure, leroman nocturne et furtif des assemblées du Désert. Vieilles carrières, antres, cavernes, les lieux sauvages et désolés, d'horreur biblique, cette poésie ne faisait pas peu pour maintenir ces âmes sombres dans le culte de leurs pères.
    Du séminaire de Lausanne, incessamment en Languedoc, venaient de jeunes ministres pour témoigner de leur foi, prêcher au Désert, mourir. Rien n'irritait davantage les catholiques et le clergé que cette perpétuité de martyrs, qui, aux dépens de leur vie, démentaient si haut le mensonge, disaient: «Vous avez beau faire. Il y a un peuple protestant.»
    On en prenait, on en pendait. On ne prenait pas Rabaut, qui, cinquante années, en long, en large, par le Languedoc, et surtout autour de Nîmes, errait librement, prêchait. Le pis, le plus irritant, c'est que les autorités, intendants, etc., reconnaissaient que c'était surtout à lui qu'on devait la tranquillité du pays. Hors le culte, en toute chose, il prêchait l'obéissance [9] .
    Fleury, en 1738, multiplia les amendes et permit même aux curés l'emploi des moyens militaires. En 51, l'intendant Saint-Priest, pour plaire au clergé, fit une chose provocante, infiniment dangereuse, d'exiger que les protestants rebaptisés, remariés, subissentexpressément les sacrements catholiques. La cour eut peur, l'arrêta.
    Mais si l'on employait moins ces persécutions générales, les Parlements, par moments, frappaient des coups de terreur. Aux fermentations du carême, de Pâques, et autres grandes fêtes, parmi les processions où Messieurs défilaient en robe rouge, on dressait les échafauds. Spectacle cher à ces masses qui ont des besoins dramatiques. Mais le grand régal c'était le relaps non confessé, le suicidé (présumé tel). On le jetait à la rue pour l'amusement du peuple. Traîné dans la honte et la boue, tout nu sur l'infamante

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