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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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arrivait.
    La cour ne marchanda pas. Elle se jeta aux genoux du Parlement de Paris.
    De cette chambre des enquêtes, si bruyante, si redoutée, du foyer de l'opposition, Choiseul tire un simple membre, modeste, estimé, Laverdy, et le met au ministère des Finances. Plus, le roi prie les Parlements, les Chambres des comptes, les Aides, de lui envoyer des mémoires, de le conseiller en finances, et pour la répartition, et (ce qui est fort) pour l' emploi .
    Grande, grande révolution.
    Cela amortit, détrempa le Parlement de Paris, et il lâcha la proie pour l'ombre.
    Sa vraie force aurait été dans l'union des Parlements.
    Il trahit, délaissa Toulouse.
    Fitz-James était pair. Un pair ne peut-il être ajourné qu'ici? et le Parlement de Paris n'est-ce pas la cour des pairs? Grosse question de vanité?
    Cinquante membres mirent de côté leur privilége et leur orgueil, soutinrent Toulouse et dirent qu'on pouvait pousser le procès; mais quatre-vingt-neuf votèrent pour eux-mêmes, pour leur privilége, en désarmant les Parlements, se bornant aux remontrances, à leurs éternels papiers.
    Choiseul, à ce coup d'adresse, gagna sept années de règne. Les Parlements désunis firent du bruit (surtout en Bretagne), mais à son profit plutôt et contre ses ennemis. [Retour à la Table des Matières]

CHAPITRE IX.
TYRANNIE DE CHOISEUL SUR LE ROI. — MORTS DE LA POMPADOUR, DU DAUPHIN, DE LA DAUPHINE.
1763-1766.
    Louis XVI était dès l'enfance imbu de l'idée que Choiseul avait empoisonné son père. Cela est vrai moralement. Dans son impertinence hardie il avait fort directement humilié, mortifié le Dauphin et le roi même. Il tenait le roi en crainte, sous une espèce de terreur. On avait pu l'entrevoir dans les Mémoires que Choiseul lui-même imprima dans l'exil. On le voit parfaitement dans les pièces relatives aux agents secrets du roi, publiées par M. Gaillardet (1834), Boutaric (1866). Ces agents, de grand mérite et qui plus tard ont bien servi Louis XVI contre la cabale autrichienne, furent persécutés par Choiseul avec une extrême violence, sans le moindre respect du roi, et le roi même assiégé dans son plus intime intérieur.
    Choiseul était-il violent? Avec les formes charmantes et légères de l'homme du monde, il était sec et hautain,indiscret, méchant de langue, et même dans la galanterie, si l'orgueil était blessé, on le vit parfois cruel. En affaires, il était facile et n'eût pas poussé le roi avec une telle insolence, s'il n'avait eu près de lui deux très-mauvais conseillers, sa sœur, rude, impétueuse, et son cousin, plus âgé, M. de Praslin, ministre, qui travaillait avec lui, dans son propre appartement (sans séparation qu'une porte) et qui influait sur lui par la pesanteur, l'insistance, un caractère triste et dur.
    Dans le récit de Choiseul même (année 1760) on voit comme il effraya le roi par le Parlement. Le Dauphin, assez gauchement, avait remis à son père un mémoire que la Vauguyon avait fait faire par un Jésuite, et qui, disait le Dauphin, lui était venu par hasard des mains d'un parlementaire. On y montrait comment Choiseul travailla le Parlement en lui immolant les Jésuites. La chose était vraie au fond; il n'y avait d'inexact que les dates et certains détails. La Pompadour fit si bien que Choiseul eut le mémoire, et le roi trahit son fils. Choiseul le prit de très-haut, donna sa démission, et dit qu'il allait porter l'affaire au Parlement même.
    Le roi fut épouvanté. Il crut voir cinquante Damiens. Il pleura abondamment et obtint grâce en avouant «que son fils avait menti .» (Choiseul, Mém. , I, p. 54.)
    Choiseul ne s'en tint pas là. Il alla chez le Dauphin et le mit au pied du mur, lui disant (si on l'en croit): «Monsieur, je puis avoir le malheur de devenir votre sujet, mais je ne serai jamais votre serviteur .»
    Comment un homme en de tels termes avec le roi et son fils put-il régner douze ans en France?
    Il dura comme la tête de la cabale autrichienne, agent des doubles mariages et des pactes bourboniens. Il arriva au pouvoir par le mariage d'Isabelle. Il le quitta en nous donnant Marie-Antoinette, un fléau.
    Il dura, après la mort du Dauphin, parce que le roi le croyait capable de tout, empoisonneur de son fils, et parce que le roi voulait vivre.
    Enfin (c'est le beau côté) il dura en exerçant une grande force d'opinion. Il eut la chance singulière de se trouver juste au moment du plus admirable réveil de lumière et

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