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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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hommes d’âge mûr, deux modérés : Cambacérès et Lebrun, lequel – peut-être n’était-ce pas un hasard – avait été, sous Louis XV, secrétaire de Maupeou, au temps du coup d’État contre les Parlements. Le ralliement des catholiques était déjà presque fait. Le ralliement des royalistes, auxquels pensait Bonaparte, serait plus facile avec ces hommes-là.
    La Constitution de l’an VIII, ainsi remaniée par le Premier Consul, fut approuvée par trois millions de voix. On avait déjà soumis bien des projets de gouvernement aux électeurs : jamais une majorité si forte n’avait été obtenue. On peut donc se demander si la France, en 1789, ne s’était pas abusée sur ses désirs, si elle n’avait pas aspiré à l’autorité plus qu’à la liberté. Napoléon Bonaparte compléta le gouvernement dont il était le seul maître par des institutions, qui, toutes, tendaient à maintenir la société et la propriété telles qu’elles étaient sorties de la Révolution, à conserver l’esprit de cette Révolution dans les lois, mais à couler le tout dans des formes autoritaires. On eût dit que le Premier Consul avait devant les yeux l’ancien régime et la démocratie révolutionnaire pour prendre les parties fortes de l’un et supprimer les parties faibles de l’autre. La Révolution avait introduit l’élection partout, dans l’administration comme dans la magistrature et dans la police, c’est tout juste si elle ne l’avait pas introduite dans l’armée, et c’était la cause de l’anarchie dont ses gouvernements étaient morts. Bonaparte mit des préfets et des sous-préfets à la place des comités élus, c’est-à-dire qu’il rétablit et multiplia les intendants de l’ancien régime. Seulement, la Révolution ayant fait table rase des franchises et libertés d’autrefois, ainsi que des Parlements qui en étaient les gardiens, les nouveaux intendants administraient sans obstacle au nom du pouvoir central. Quant à la magistrature, Bonaparte se garda bien de lui rendre l’indépendance dont elle avait abusé sous la monarchie. Le consul Lebrun, l’ancien collaborateur de Maupeou, put lui donner d’utiles indications à cet égard. On revint à peu près au système de 1771, celui des magistrats nommés par le gouvernement, la garantie des justiciables étant l’inamovibilité des juges. Ainsi, utilisant l’expérience de la royauté et celle de la Révolution, Bonaparte, avec les restes de l’une et de l’autre, composa les institutions de l’an VIII, fondées sur la centralisation administrative, qui mettent la nation dans la main de l’État et qui sont si commodes pour les gouvernements que tous les régimes qui se sont succédé depuis les ont conservées. À peine modifiées dans le détail, elles durent encore.
    Tout réussissait au Premier Consul. Mais il ne fallait pas seulement rendre l’ordre à la France. Il y avait huit ans qu’elle était en guerre. Il fallait aussi lui donner la paix. L’empereur de Russie, Paul ler, mécontent de ses alliés, s’était retiré de la lutte. Restaient en ligne l’Angleterre et l’Autriche. Le Premier Consul leur proposa de mettre bas les armes. Que la paix fût possible avec les Anglais tant que nous tiendrions les bouches de l’Escaut et qu’ils tiendraient les mers, c’était une grande illusion. Bonaparte en eut une autre qui annonçait toute la suite. Pitt ayant rejeté son offre, le gouvernement de Vienne, lié à celui de Londres, l’ayant rejeté aussi, il crut que, par une victoire éclatante sur l’Autriche, il forcerait l’Angleterre à céder. L’erreur dans laquelle il persista jusqu’à la catastrophe finale s’annonçait. Il faut cependant reconnaître que la Révolution s’y était engagée avant lui : Bonaparte en avait reçu un héritage et un mandat. La France ne renoncerait plus à la principale, à la plus désirée de ses conquêtes, la Belgique, que le genou de l’adversaire sur la poitrine. Aucun gouvernement né de la Révolution ne pouvait y renoncer sans suicide. Bonaparte était donc lié. Et son histoire est celle de la recherche d’une chose impossible : la capitulation de l’Angleterre sur le point qu’elle n’avait jamais admis – l’annexion de la Belgique – tandis que la France était impuissante sur mer. Bonaparte pourra bouleverser le continent : à la fin, la France sera ramenée en deçà de ses anciennes limites.
    Pour forcer l’Autriche à la paix, le

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