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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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devrait aussi conserver les résultats de la révolution, dont Bonaparte lui-même n’était que le plus grand des parvenus. Celui-ci spécula sur les deux tendances entre lesquelles les Français étaient partagés. Avant fructidor, le général Bonaparte, qui fait déjà de la politique, est le plus ardent à reprocher au parti de la paix de compromettre le fruit de ses victoires d’Italie. Après fructidor, il change d’attitude, il signe avec l’Autriche la paix de Campo-Formio, une paix de transaction qui renvoie les affaires les plus difficiles, celles d’Allemagne, à un futur Congrès, celui de Rastadt.
    Si Bonaparte, dès 1797, a entrevu la conduite à tenir pour le cas où les circonstances lui offriraient un rôle politique en France, il avait des visées plus immédiates. Ces temps étaient durs. Il fallait vivre. Les généraux, comme les autres, cherchaient, plus ou moins adroitement, à s’assurer du lendemain : Dumouriez s’était déjà trompé, Pichegru, empêtré dans ses intrigues, allait finir par le suicide. Bonaparte vit grand et vit juste. Son proconsulat d’Italie ne devait pas être éternel. Il inventa autre chose, une expédition d’Égypte, une entreprise d’Orient, glorieuse et fructueuse, moyen auquel des Français avaient pensé pendant tout le dix-huitième siècle, de frapper l’Empire anglais des Indes. Hoche s’était acharné à des projets de débarquement, toujours infructueux, dans le Pays de Galles et en Irlande. On n’y renonçait pas, mais, pour venir à bout des Anglais, il fallait tenter autre chose. Quelque aventureuse qu’elle fût, la proposition de Bonaparte fut acceptée par le Directoire.
    L’expédition d’Égypte fut entreprise avec une marine mal reconstituée, tandis que la flotte anglaise était devenue plus redoutable. Si Bonaparte eut le bonheur de débarquer son corps expéditionnaire sain et sauf, Nelson, peu de temps après, détruisait la flotte française à Aboukir (août 1798). Les escadres de l’Espagne et de la Hollande, nos alliées, étaient battues. Bonaparte avait conquis l’Égypte, mais s’y trouvait bloqué. La Russie et la Turquie déclaraient la guerre à la République. L’Autriche, à son tour, rompait les négociations de Rastadt, faisait même assassiner nos plénipotentiaires et rentrait dans une coalition plus forte que la précédente par le concours des Russes. Alors les choses commencèrent à mal tourner pour le Directoire. Aux observateurs attentifs, il pouvait apparaître déjà que les conquêtes de la Révolution étaient attachées avec des épingles, que les combinaisons de Républiques vassales étaient un château de cartes, que cette guerre avec une Europe dirigée par l’Angleterre devait finir mal pour la France. Championnet allait jusqu’à Naples comme au temps de Charles VIII. Le Pape était enlevé et transporté à Valence. Mais des insurrections éclataient en Italie. Souvarof, uni aux Autrichiens, entrait à Milan. En France, ces revers accroissaient l’impopularité du Directoire, gouvernement incapable, livré aux Jacobins. En juin 1799, une révolte des Conseils défit ce que le coup d’État de fructidor avait fait, remania le Directoire sans que le Directoire nouveau fût meilleur que l’ancien. Cependant, au-dehors, les revers se succédaient. Après la défaite de Novi, l’Italie fut perdue. Sans une victoire de Masséna à Zurich et un succès de Brune en Hollande, qui arrêtèrent l’ennemi, une débâcle était menaçante. La confusion régnait dans les assemblées politiques, et le Directoire, à droite, ne savait plus où aller. Bonaparte, de son côté, venait d’échouer en Syrie où il avait essayé de s’ouvrir un chemin. L’expédition d’Égypte était sans issue. Informé des événements de France, il résolut de rentrer, échappa aux navires anglais par une fortune extraordinaire, et, le 9 octobre 1799, il débarquait à Fréjus.
    Un mois plus tard, le 9 novembre, 18 brumaire, le Directoire était renversé par un de ces coups d’État dont il avait donné le modèle et qui finissaient par sembler ordinaire à tout le monde. La Révolution – ou plutôt la période révolutionnaire proprement dite – se terminait par l’aveu d’une cruelle impuissance à fonder un gouvernement.

Chapitre 17 Le Consulat et l’Empire
    Le coup d’État de brumaire, loin d’être dirigé contre la Révolution, était destiné à la sauver. Bonaparte, revenu d’Égypte,

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