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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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principes de la Sainte-Alliance, à intervenir bien loin, dans les colonies espagnoles de l’Amérique du Sud, pour les remettre sous l’autorité de l’Espagne, et quand Nicolas 1er demandait notre appui pour démembrer l’Empire turc. Les Grecs s’étaient révoltés contre la domination ottomane et nous avons peine à comprendre aujourd’hui l’enthousiasme philhellène de la France d’alors. Villèle avait envoyé une escadre pour surveiller et contenir la Russie, empêcher l’ouverture de la question d’Orient. La bataille de Navarin (1827) où la flotte turque fut détruite s’engagea contre son gré, contre ses instructions. Cette journée détermina la chute de Villèle. Celui qui fut battu, ce fut encore moins le sultan que le ministre français, trop pacifique pour ceux, de droite et de gauche, qui confondaient avec la cause romantique de la Grèce celle de la gloire et de la liberté. On a pu dire que la victoire de Navarin fut chez nous celle de l’opinion publique. Elle entraîna une nouvelle orientation au-dedans et au-dehors. Navarin est d’octobre. En novembre, Villèle était battu aux élections, et les libéraux ne furent pas seuls à triompher de sa chute. On s’en réjouit aussi chez certains royalistes, et Chateaubriand, toujours partisan d’une action grandiose en Europe, accabla le ministre trop raisonnable qui voulait « retenir cette nation au sol, l’attacher en bas ».
    Dès lors, on avance rapidement vers la Révolution de 1830. À la nouvelle Chambre, en majorité libérale, Charles X donne un ministère qui doit la contenter. Martignac reprenait la politique de la ligne moyenne, du juste milieu, qui avait été celle du duc de Richelieu, de Decazes et de Serre. Âprement combattu par l’extrême droite, qui le traitait de révolutionnaire, et par la gauche, pour laquelle il n’était qu’un réactionnaire, quelques concessions qu’il lui fît, Martignac finit par s’en aller en août 1829, et l’on a pu dire de cette période que « tous les partis avaient, à des degrés divers, commis des fautes ». Cependant l’opinion de Charles X était faite. Il s’était convaincu qu’il était impossible de gouverner avec la Chambre. Observant l’opinion publique, il y avait remarqué un retour croissant à l’esprit de gloire et de conquêtes. Son dessein fut de satisfaire ce besoin de la nation française, d’effacer les traités de 1815, de retrouver les frontières naturelles. Alors la monarchie, délivrée d’un reproche injuste, mais toujours vivant, serait assez glorieuse, assez populaire pour s’imposer aux Assemblées ou même se passer d’elles. Un grand succès à l’extérieur rendrait l’autorité au roi, écarterait le danger d’une révolution. Charles X oubliait que le traité de Westphalie n’avait pas empêché la Fronde et que la revanche du traité de Paris n’avait pas sauvé Louis XVI.
    L’exécution de ce dessein, c’est à Polignac, que le roi la confia. En 1829, le moment semblait propice pour un remaniement de l’Europe. Les Belges, réunis de force à la Hollande, s’insurgeaient. Nicolas 1er poursuivait ses idées de conquête en Orient. Par une entente avec la Russie, en lui abandonnant les Balkans et l’Empire turc ; la France pouvait reprendre la rive gauche du Rhin, peut-être réunir la Belgique. Quelle qu’ait été la valeur de ce plan, dangereux par bien des côtés, c’était, en somme, celui qu’avait écarté Villèle. Il échoua par le refus de la Prusse, toujours jalouse d’un agrandissement de la France, et qui, prévenant Charles X, avait déjà lié partie avec le tsar, contre l’Autriche, hostile, de son côté, aux accroissements de la Russie.
    Charles X et Polignac eussent-ils réussi dans leur vaste combinaison qu’ils n’auraient pas été certains de désarmer leurs adversaires de l’intérieur. Ils auraient toujours trouvé une surenchère. Une nouvelle opposition avait grandi, presque ouvertement antidynastique. Ce n’était plus, comme sous Louis XVIII, à des complots qu’elle recourait. Elle s’adressait à l’opinion par une campagne de journaux que Thiers dirigeait dans le National, titre qui valait un programme, nationalisme et libéralisme étant alors une seule et même idée. On feignait de défendre la Charte contre le roi. Surtout, pour ne pas effrayer par la menace d’un retour à la République ou à l’Empire, on rappelait la révolution anglaise de 1688 et la

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