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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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avoir subi de si rudes secousses, se releva rapidement. Beaucoup de ceux qui contribuèrent à le renverser l’ont regretté plus tard. Mais il n’y eut pas plus de bonne volonté à ce moment-là qu’à un autre. On fit même une expérience qui ne devait être comprise que longtemps après : c’est que des Chambres issues d’un suffrage très restreint (beaucoup de départements avaient à peine quelques centaines d’électeurs) n’en étaient pas plus dociles, au contraire. Personne à ce moment-là ne voulait du suffrage universel, les uns parce qu’ils le croyaient révolutionnaire, les autres parce qu’ils considéraient, comme les Constituants de 1789, que seul un homme riche pouvait avoir une opinion indépendante et que la richesse assurait seule un vote sincère et libre. En effet, les électeurs censitaires étaient moins maniables que d’autres, la candidature officielle ne pouvait rien sur eux et l’esprit d’opposition, qui ne cessa de grandir dans la haute bourgeoisie, avec la haine des nobles et du « parti prêtre », était de la même nature que celui des Parlements d’autrefois et de l’ancienne aristocratie féodale. Parmi ces mécontents, il suffira de citer le financier Laffitte, un homme à qui tout avait réussi.
    Louis XVIII mourut au mois d’août 1824. On doit lui rendre cette justice qu’il avait rempli la tâche pour laquelle il avait été rappelé deux fois sur le trône. Après avoir empêché le démembrement de la France, il l’avait rétablie à son rang. En 1818, au Congrès d’Aix-la-Chapelle, la France était entrée dans la Sainte-Alliance, créée pour la sauvegarde des traités de Vienne comme la Société des Nations l’a été pour la sauvegarde des traités de 1919. Trois ans après Waterloo, le territoire français était évacué par les armées étrangères, l’indemnité réduite de plus de quatre cent millions, malgré les colères et l’âpreté de la Prusse. Louis XVIII n’ignorait pas les regrets qu’avaient laissés en France l’anéantissement des fragiles conquêtes révolutionnaires, la perte de la Belgique et de la rive gauche du Rhin. Il savait que la nostalgie de la gloire militaire tourmentait une partie des Français et les entraînait vers le libéralisme. Néanmoins il résistait aux aventures où le poussaient, non seulement des royalistes, tels que Chateaubriand, mais le tsar Alexandre qui, volontiers, se fût payé des services qu’il avait rendus à la France en calmant les exigences des autres alliés et qui cherchait à nous entraîner à sa suite en Orient. La seule entreprise extérieure à laquelle Louis XVIII se décida fut, en 1823, pour intervenir en Espagne, y mettre fin à une révolution et rétablir Ferdinand VII, c’est-à-dire pour continuer la politique par laquelle nous avions jadis établi un Bourbon à Madrid, afin que l’Espagne ne tombât pas sous une influence ennemie. Cette expédition, conduite avec assez d’adresse pour ranger de notre côté une large partie des Espagnols, fort peu coûteuse par conséquent et qui contrastait si fort avec les insuccès de Napoléon dans le même pays, rendit confiance et courage à la nation et à l’armée réconciliée avec le drapeau blanc. On avait dit, après la prise du Trocadéro, que, cette fois, la « Restauration était faite ». Louis XVIII n’avait peut-être échoué que sur un point : quand il avait cru, par la Charte, donner à la France le régime des Assemblées tel qu’il existait en Angleterre, laissant la monarchie et le souverain en dehors et au-dessus des partis. Ce n’était pas ainsi que la bourgeoisie française concevait et conduisait les luttes parlementaires, et son invincible penchant était d’y mêler le roi. Louis XVIII avait déjà pu mesurer son illusion. Plus gravement, son successeur allait l’éprouver.
    Plus séduisant que Louis XVIII, moins prudent aussi, son frère, le comte d’Artois, Charles X, ne savait pas comme lui attendre. Il souffrait, il s’impatientait du reproche que les libéraux adressaient à la monarchie, et qui était leur arme la plus efficace, d’être rentrée dans « les fourgons de l’étranger », de supporter les honteux traités de 1815. Effacer ces traités dans toute la mesure du possible, donner de la grandeur et de la gloire à la France, ce fut l’idée dominante de Charles X. Il crut par là désarmer une opposition dont il n’apercevait pas le caractère

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