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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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substitution de Guillaume d’Orange aux Stuarts, on suggérait un simple « changement de personne ».
    Le ministère Polignac avait été formé en l’absence de la Chambre. Quand, le 2 mars 1830, la session s’ouvrit, la Chambre demanda clairement, par son adresse au roi, le renvoi du Cabinet, c’est-à-dire ce qu’avait déjà demandé la « Chambre introuvable », le gouvernement de la majorité. La Chambre « mettait le roi au pied du mur ». Il répondit par la dissolution. Aux élections qui eurent lieu en juin et juillet, la bourgeoisie censitaire renvoya, sur 428 élus, 274 partisans de l’Adresse. Ces élections ne troublèrent pas Charles X. S’il ne pouvait annoncer que la France avait retrouvé la Belgique et la rive gauche du Rhin, il apportait une compensation brillante : la prise d’Alger, préface de la conquête de l’Algérie, résolue dès le mois de mars, malgré les remontrances de l’Angleterre. Le 5 juillet, nos troupes étaient maîtresses d’Alger : les électeurs avaient été insensibles à cette nouvelle. Pourtant Charles X et Polignac se crurent assez forts de leur succès pour casser la nouvelle Chambre et gouverner, selon l’article 14 de la Charte, par « des ordonnances pour le salut de l’État ». Ils prenaient, en particulier, des mesures contre la presse qui n’avait pas craint, même la presse « nationale », de publier des informations propres à nuire à l’expédition d’Afrique. La censure de guerre, qui nous a paru si naturelle, faisait, en 1830, crier à un attentat contre la liberté.
    Le roi et son ministre, par une étrange imprudence, ne tinrent aucun compte de l’agitation qui commençait à Paris. Charles X était convaincu de n’avoir affaire qu’à une résistance légale, comme lui-même, appuyé sur l’article 14, était dans la légalité. Le jour où l’émeute éclata, il partit tranquillement pour la chasse. Aucune précaution n’avait été prise. Le ministre de la guerre était aux eaux. La garnison de Paris était réduite à 14 000 hommes, des troupes ayant été prélevées pour la campagne d’Alger. Des régiments sûrs, étaient à Saint-Omer à cause des affaires de Belgique ou dans d’autres villes de province pour des cérémonies. Les 27, 28, 29 juillet, les insurgés, venus des faubourgs et du quartier des Écoles, s’emparèrent de Paris, dressant des barricades, arborant les trois couleurs, tandis que la bourgeoisie laissait faire. Cette insurrection avait quelque chose de commun avec les idées des doctrinaires, des libéraux, qui avaient rédigé l’Adresse, des classes moyennes qui les avaient réélus. C’était une explosion des sentiments que Charles X avait voulu apaiser par de la gloire et des conquêtes, tandis que l’Algérie était une diversion dérisoire pour un peuple toujours traditionnel : l’idée républicaine et bonapartiste se confondait avec la haine des traités de 1815. Les combattants des journées de juillet, dit Émile Bourgeois, n’avaient pas fait une émeute analogue à celle de 1789. Ils avaient pris les armes contre l’Europe au moins autant que contre Charles X et rêvé surtout de la République conquérante et de l’Empire. »
    Le roi, retiré à Rambouillet, abdiqua en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, et nomma le duc d’Orléans lieutenant général du royaume. C’eût été, Guizot l’a reconnu plus tard, la solution politique. Elle eût évité une division qui allait tout de suite affaiblir la nouvelle monarchie : la division des partisans de la branche aînée des Bourbons, la branche légitime, et les partisans de la branche cadette. Mais le précédent de 1688 hantait les esprits de ceux qui, comme Thiers, avaient soufflé sur le feu et se tenaient en réserve pour le moment où l’insurrection aurait triomphé. Ce furent eux qui offrirent la couronne à Louis-Philippe, duc d’Orléans. Cette solution, conforme à leurs goûts, avait, pour les politiques, l’avantage d’écarter le régime républicain, qui eût immanquablement signifié la guerre plus encore que l’anarchie, et qui eût introduit la France dans un conflit désastreux avec l’Europe. Ainsi, républicains et bonapartistes avaient fait la Révolution, et le parti constitutionnel l’avait confisquée. Les insurgés subissaient une autre monarchie. Mais, comme le disait l’un d’eux, ce que les vainqueurs des « trois glorieuses » avaient espéré, République ou

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