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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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entrer en conflit avec Metternich pour intervenir en faveur des libéraux espagnols, lorsque, toujours soucieux de maintenir la paix, Louis-Philippe l’arrêta. Thiers, à son tour, tombait. Alors le roi appela au ministère un homme à lui, Molé, qui recevait ses directions. Ce qu’on appela tout de suite le gouvernement personnel commençait et l’opposition systématique, celle qu’avaient connue les Bourbons de la branche aînée, commença aussi. Six ans après les barricades, on en était là.
    Par une curieuse rencontre, cette année fut celle ou parut un homme qui devait un jour gouverner la France bien plus personnellement que Louis-Philippe, et avec l’assentiment du pays. Le Roi de Rome, devenu duc de Reichstadt, était mort en 1832, et l’héritier du nom napoléonien était un neveu de l’empereur, fils de Louis, roi de Hollande, et d’Hortense de Beauharnais. Qui aurait cru à l’avenir politique de Louis-Napoléon Bonaparte, jeune homme obscur, dont l’existence était à peine connue ? Lorsqu’il essaya, en 1836, de soulever la garnison de Strasbourg, sa tentative ne fut même pas prise au sérieux. On se contenta d’expédier le prétendant en Amérique et le jury acquitta ses complices. L’idée napoléonienne semblait morte, et son représentant un aventurier ridicule. Quiconque eût alors annoncé une restauration de l’Empire eût passé pour fou.
    C’était l’heure où les chefs parlementaires, du centre droit jusqu’à la gauche, le duc de Broglie, Guizot, Thiers, Odilon Barrot, soutenus par les légitimistes et les républicains, menaient la lutte contre Molé, le « favori », l’homme du « château ». Ce fut la coalition, « l’immorale et funeste coalition », regrettée trop tard de ceux qui l’avaient menée, comme certains des libéraux qui avaient préparé la Révolution de 1830 regrettèrent par la suite leur étourderie. À dix ans de distance, les mêmes hommes, ou peu s’en faut, affaiblissaient le régime qu’ils avaient fondé, comme ils avaient miné la Restauration, et par les mêmes moyens. Le thème n’avait pas changé : la monarchie était accusée d’humilier la France devant l’Europe, d’ « altérer la politique nationale ». Les contemporains eux-mêmes furent frappés de la similitude. Lorsque Molé, en 1839, eut été battu aux élections et, au lieu d’obtenir une majorité, perdit trente sièges, tout le monde évoqua le cas de Martignac. On crut à un nouveau 1830, et les révolutionnaires, conduits par Barbès, tentèrent de soulever Paris. Les barricades ne durèrent pas plus d’un jour, mais il était évident que l’agitation parlementaire avait réveillé le parti de la Révolution. Cette alerte ne servit pas de leçon à la Chambre qui combattit le maréchal Soult, choisi par le roi, comme elle avait combattu Molé, qui, chose admirable, se réconcilia avec Thiers et se joignit à l’opposition. Ce furent quelques mois de guerre ouverte non seulement contre le Cabinet, mais contre la couronne à qui l’on reprochait l’effacement, c’est-à-dire la prudence, de sa politique européenne, à qui l’on marchandait jusqu’à l’argent de la liste civile. Ainsi la monarchie de juillet était discréditée, ébranlée par ceux qui l’avaient faite, par ces élus censitaires qui sciaient la branche sur laquelle ils étaient assis.
    Louis-Philippe était poussé dans ses retranchements, comme l’avait été Charles X. Plus prudent, il céda, et, en 1840, rappela Thiers qui avait conduit cette campagne. Une nouvelle expérience commençait et elle allait conduire à une crise grave par cet esprit d’aventure que le roi redoutait chez le ministre que la Chambre lui avait imposé. Thiers, historien, avait ranimé les souvenirs de la Révolution et de l’Empire. Il voulait s’illustrer par une politique extérieure active, quels que fussent les risques d’un conflit avec l’Europe. Comme Chateaubriand sous Louis XVIII, il poussait la monarchie à rivaliser de gloire avec Napoléon. Thiers proposa tout de suite de ramener de Sainte-Hélène les restes de l’empereur, chargea de cette mission le prince de Joinville, comme pour associer la famille royale elle-même à la réhabilitation et à l’exaltation de l’Empire. Le retour des Cendres ébranla les imaginations, il ajouta, comme Lamartine, prophétiquement, l’avait annoncé, un élément à la conspiration presque générale de la littérature, passée au

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