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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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chercher aide et protection du côté de la France. Le moment n’était-il pas venu de terminer, dans les meilleures conditions, une des plus grandes affaires de notre histoire, celle qui n’avait jamais pu être résolue, celle des Flandres ? N’était-ce pas l’heure de réunir la Belgique, puisqu’elle semblait le demander ? Mais pas plus alors qu’en 1792 ou à n’importe quelle autre date, l’Angleterre n’eût permis cette annexion, et si la foule méconnaissait cette loi, comme la Révolution l’avait méconnue, Louis-Philippe ne l’ignorait pas. Il avait tout de suite envoyé comme ambassadeur à Londres l’homme que Louis XVIII avait choisi pour le Congrès de Vienne : Talleyrand devait encore trouver la solution, concilier la paix avec la sécurité et la dignité de la France. Tâche rendue difficile par le « parti ardent » qui agitait Paris. On a comparé avec raison la diplomatie de Louis-Philippe et de Talleyrand à celle de Fleury qui, un siècle plus tôt, malgré les cabales, l’indignation, les mépris, avait sauvegardé la paix.
    Louis-Philippe et Talleyrand ont réglé l’antique problème belge, cette « pierre d’achoppement de l’Europe », de la manière la plus satisfaisante pour tous. Malgré la Belgique elle-même, oubliant alors, par haine et crainte de la Hollande, qu’elle n’avait jamais tenu à devenir province française, ils lui donnèrent d’être une nation. Le Congrès national belge voulait un prince français, le duc de Nemours, ou, à son défaut, le fils d’Eugène de Beauharnais. Le duc de Nemours fut élu roi le 3 février 1831 et Louis-Philippe refusa cette couronne pour son fils. L’acceptation eût été une réunion déguisée, la guerre certaine avec les puissances. Déjà il était assez difficile de retoucher sur ce point les traités de 1815, de soustraire la Belgique à la domination hollandaise. Si une insurrection des Polonais n’eût éclaté à ce moment-là, paralysant la Russie et, avec elle la Prusse, il n’est même pas sûr que les Belges eussent été affranchis ; la Pologne fut écrasée, mais sa diversion avait sauvé la Belgique comme elle avait, sous la Révolution, sauvé la France – La Belgique indépendante était fondée. Elle l’était, parce que la monarchie de Juillet, à la Conférence de Londres, avait joué le même rôle, suivi la même politique que la Restauration au Congrès de Vienne. Les puissances avaient voulu que la Belgique libre fût neutre, et sa neutralité garantie par l’Europe pour interdire à jamais aux Français de l’annexer. Cette neutralité était dirigée contre la France ; elle devait, dans l’esprit du traité d’Utrecht, servir de « barrière » à nos ambitions. Louis-Philippe l’accepta, la signa, la respecta. Et, quatre-vingts ans plus tard, c’est la Prusse, signataire et garante aussi, qui l’a violée. Alors la précaution prise contre la France s’est retournée contre l’Allemagne, elle a déterminé l’Angleterre hésitante à intervenir et, en fin de compte, nous a profité. Il a fallu près d’un siècle pour que le service rendu par Louis-Philippe fût compris et apprécié. En 1831, sa renonciation à la Belgique passa pour une trahison, un lâche abandon des traditions révolutionnaires et napoléoniennes. En acceptant Léopold 1er, un Cobourg, candidat de l’Angleterre, pour roi des Belges le roi des Français se réservait pourtant de lui donner sa fille, la princesse Louise, en mariage. En 1832, il sauvait encore la Belgique, menacée par un retour offensif des Hollandais, et une armée française délivrait Anvers : toutes sortes de liens d’amitié se nouaient avec la jeune nation. Cependant l’Angleterre avait été distraite de notre occupation d’Alger par les soucis que lui avaient donnés les bouches de l’Escaut, et nous pouvions prendre pied sur l’autre rive méditerranéenne, organiser la conquête entreprise par Charles X sans qu’il en eût recueilli la moindre gratitude. Quelle faible et dérisoire compensation l’Algérie semblait alors aux conquêtes perdues de la République et de l’Empire !
    Louis-Philippe avait accepté le trône – ses adversaires de droite et de gauche disaient qu’il l’avait usurpé – pour épargner à la France l’anarchie et la guerre, préserver la dignité de la nation et son avenir. Il continuait la Restauration avec le drapeau tricolore. Huit mois après les journées de Juillet,

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