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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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défendre et pour défendre le régime, il comptait surtout sur la garde nationale. Mais tandis que des barricades se dressaient le 22 février, les légions de la garde se rendaient à leurs postes en criant : « Vive la Réforme ! » Les gardiens de l’ordre, au lieu de combattre l’émeute, la renforçaient. Quand Louis-Philippe, éclairé sur les dispositions de sa bourgeoisie, qu’il s’était obstiné à croire fidèle, se décida à remercier Guizot, il était trop tard. L’insurrection, laissée libre, avait grandi. Pour lui tenir tête, la troupe restait seule et elle n’était pas suffisante. Une fusillade boulevard des Capucines, devant le ministère des Affaires étrangères, celui de Guizot, tua une quinzaine d’insurgés et la promenade des cadavres à travers Paris excita davantage la foule. Dès lors, un ministère Thiers, un ministère Odilon Barrot, proposés par le roi ne servaient plus à rien. Le 24 février, le maréchal, Bugeaud, qui essaie de rétablir l’ordre, est débordé, les Tuileries sont menacées. Les chefs parlementaires dans le désarroi sont surpris, autant que Louis-Philippe lui-même, par cet accident. Pas plus qu’en 1830, le gouvernement n’a prévu l’attaque ni préparé sa défense. Comme Charles X, Louis-Philippe renonce au trône, sans en appeler au pays, dès que Paris s’est prononcé. Comme lui, il abdique en faveur de son petit-fils quand déjà un autre régime est prêt. La Chambre est envahie au moment où elle vient d’acclamer la régence de la duchesse d’Orléans, quand Odilon Barrot vient de dire : « Est-ce qu’on prétendrait remettre en question ce que nous avons décidé par la Révolution de Juillet ? » Quelques minutes plus tard, la République était proclamée.

Chapitre 20 La Deuxième République et le Second Empire
    Aux journées de Février 1848 comme aux journées de Juillet 1830, la monarchie avait cédé presque sans résistance à l’émeute de Paris. Dans les deux cas, ce n’était pas seulement le roi qui avait abdiqué, c’était l’autorité elle-même. Mais si, en 1830, la bourgeoisie libérale avait pu substituer Louis-Philippe à Charles X, en 1848, elle avait été prise au dépourvu, et, cette fois, l’émeute ne lui avait pas permis d’« escamoter » la Révolution. Bon gré, mal gré, il fallait accepter la République dont le nom évoquait pour les hommes d’ordre d’assez mauvais souvenirs. Il y eut donc une panique à côté d’un enthousiasme extraordinaire. On bénissait partout des arbres de la liberté, mais les cours de la Bourse tombaient à rien et, dans la crainte du pire, chacun réalisait ce qu’il pouvait. Ce qui inspirait surtout de l’effroi, c’était le socialisme qui s’était développé durant la monarchie de Juillet avec l’industrie et l’accroissement de la population ouvrière. La République que les insurgés avaient proclamée, c’était la République démocratique et sociale fortement teintée de rouge. Au gouvernement provisoire entrèrent avec des modérés comme Lamartine, des républicains avancés comme Ledru-Rollin, un théoricien socialiste, Louis Blanc, et un ouvrier, Albert. D’après la conviction presque générale, ce n’était qu’un commencement et l’on allait vers une transformation radicale de la société. La réforme électorale avait été la cause de l’insurrection, le suffrage universel était inévitable et l’on avait peine à imaginer que le suffrage universel ne fût pas révolutionnaire.
    L’histoire très brève de la deuxième République est celle d’un enthousiasme rapidement déçu et d’une peur prolongée. C’est celle aussi d’un phénomène bien plus important : l’autorité, sous la forme des deux monarchies qui avaient successivement abdiqué, avait douté du pays, et c’est pourquoi, au premier accident, elle avait douté d’elle-même et défailli. Nous allons voir le pays se mettre à la recherche de l’autorité et, en très peu de temps, la rétablir. Ceux qui, par crainte du désordre, se méfiaient du peuple français s’étaient trompés autant que ceux qui, pour gagner ses suffrages, croyaient qu’une attitude démagogique était le moyen le plus sûr. Paris même, foyer des révolutions, n’allait pas tarder à se montrer hostile à la Révolution sociale et avec une rare violence.
    Les premières semaines furent tumultueuses. Le gouvernement provisoire devait sans cesse parlementer avec les

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