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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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échoua. Les communistes (c’est ainsi qu’on commençait à les appeler) ne réussirent pas à s’emparer de l’Hôtel de Ville, et leur manifestation ne rencontra à Paris que froideur et hostilité.
    Hostile, la province l’était encore plus. À huit jours des élections, cette menace d’émeute l’inquiéta et l’irrita. Par habitude, elle avait suivi la capitale, accepté le changement de régime et il n’y avait pour ainsi dire pas de candidat qui ne se dît républicain. Mais un symptôme remarquable, c’était le calme que la province avait gardé, l’absence presque complète de désordres.
    Le suffrage universel, ce sphinx, ce monstre, allait parler pour la première fois. On vota avec un zèle qui ne s’est jamais revu depuis, 7 800 000 bulletins sur 9 400 000 inscrits, 80 pour 100 des Français. Et la réponse fut décisive : sur 800 députés, les républicains avancés étaient moins de 100. Le reste était composé de modérés surtout et de monarchistes plus ou moins avoués. Pour la République démocratique et sociale, c’était un écrasement. Un résultat plus curieux encore, c’est que, même à gauche, presque tous les élus étaient des bourgeois. Les conservateurs qui craignaient le suffrage universel s’attendaient à voir un grand nombre d’hommes en blouse : il n’y eut pas plus d’une vingtaine d’ouvriers. Les classes moyennes gardaient la direction du pays et, jusqu’à nos jours, dans toutes les Assemblées, ce trait se retrouvera.
    L’Assemblée de 1848 représentait une aspiration générale à l’ordre. Spontanément, le peuple français venait de suivre l’exemple des bourgeois de 1830 qui avaient substitué Louis-Philippe à Charles X. Née de l’émeute, comme la monarchie de Juillet, la deuxième République se mettait tout de suite de l’autre côté de la barricade. Comme la monarchie de Juillet, elle allait aussi se trouver aux prises avec les révolutionnaires déçus, et, par une réaction rapide, marcher vers le rétablissement de l’autorité.
    L’Assemblée se nomma elle-même constituante. Mais, à la différence de celle de 1789, ce n’était pas en amie qu’elle traitait la gauche. En attendant qu’une constitution fût votée, elle remplaça le gouvernement provisoire par une Commission exécutive de cinq membres, une sorte de Directoire d’où les socialistes furent exclus. Lamartine et Ledru-Rollin y entrèrent seuls et avec un chiffre de voix inférieur à celui qu’obtenaient leurs trois collègues nouveaux, des modérés. Aux socialistes écartés du pouvoir, il ne restait qu’à se soumettre ou à recommencer l’émeute. Cette Assemblée s’opposait aussi bien aux réformes radicales à l’intérieur qu’à la guerre pour la délivrance des nationalités à l’extérieur. Excités par les clubs, les démocrates parisiens essayèrent de la renverser par un coup de force. Le 15 mai, l’Assemblée fut envahie au cri de : « Vive la Pologne ! » Les insurgés s’emparèrent de l’Hôtel de Ville. On crut un moment que la Révolution avait triomphé. Cette fois encore la garde nationale, restée en majorité bourgeoise, rétablit l’ordre rapidement. Cette alerte effraya l’Assemblée et le pays, accrut leur haine du socialisme, auquel la guerre fut déclarée. La droite et les modérés se rapprochèrent. Quinze jours plus tard, la majorité décidait de fermer les ateliers nationaux devenus une source de gaspillage et un foyer d’agitation. On sentait pourtant que le lendemain n’était pas sûr, qu’un conflit grave allait se produire et un gouvernement fort commençait à être désiré.
    Ces circonstances servaient à merveille la cause de Louis-Napoléon Bonaparte. Pourtant, il n’y avait plus de parti bonapartiste organisé. Personnellement, l’aventurier de Strasbourg et de Boulogne était sans crédit. Il avait pour lui son nom, les souvenirs napoléoniens où se mêlaient l’ordre, l’autorité, la gloire. Peut-être avait-il surtout la faiblesse du pouvoir, qui inquiétait le pays. Encore exilé, Louis-Napoléon fut élu député à une élection partielle. Expérience concluante : son nom suffisait, c’était une caution et une garantie. Louis-Napoléon jugea plus habile de ne pas rentrer tout de suite en France, bien que l’Assemblée lui en eût rouvert les portes : elle ne croyait pas avoir le droit de s’opposer à une volonté exprimée par le suffrage universel, trop nouveau pour

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