Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
Vom Netzwerk:
traditions napoléoniennes se composaient. À la surprise générale, il fut élu à une majorité considérable, avec cinq millions et demi de voix. Plus significatif, plus glorieux que ceux de Cavaignac et de Lamartine, le nom de Napoléon l’avait emporté.
    Ce fut une situation bien extraordinaire que celle de ce Prince Président qui n’était rien la veille, qui n’avait qu’une poignée de partisans et qui devenait chef de l’État. Le premier mouvement des députés fut de considérer son élection comme un accident (le président n’était pas rééligible) et de le traiter lui-même comme une quantité négligeable. En effet, n’étant pas initié aux affaires, il montrait de l’embarras et même de la timidité. Pourtant, il avait déjà une politique. Il choisit ses ministres parmi les conservateurs et, mesurant l’importance de l’opinion catholique, lui donna une satisfaction en décidant l’expédition de Rome pour rétablir le Pape dans ses États d’où une révolution l’avait chassé. Jusqu’à la fin, Napoléon III sera conservateur à l’extérieur et libéral à l’intérieur ou inversement, pour contenter toujours les deux tendances des Français.
    Cependant sa position était fragile. Elle le fut encore plus après les élections du 13 mai 1849 qui montrèrent que le président était isolé. Un Bonaparte était au faîte de l’État et il n’y avait en France que bien peu de véritables bonapartistes. D’ailleurs le président n’eût pu avoir de programme et de candidats à lui sans violer la Constitution et sans se découvrir. La nouvelle Assemblée, élue, comme il l’avait été lui-même, sous l’impression des journées de Juin, était conservatrice. Elle n’était même plus républicaine. La peur du désordre et de l’anarchie, le mécontentement des campagnes contre l’impôt resté fameux des 45 centimes additionnels aux contributions directes, tout avait détourné la France des républicains. Le parti de l’ordre était vainqueur, et il était représenté par les légitimistes et les orléanistes dont les deux groupes formaient la majorité. Du jour au lendemain, cette majorité pouvait rétablir la monarchie, si les deux groupes monarchistes se réconciliaient comme la famille royale elle-même, divisée depuis 1830. Si la « fusion » échouait, le Prince Président n’aurait qu’à confisquer le courant qui éloignait la France de la République et, au lieu de la royauté, on aurait l’Empire. C’est ainsi que les choses se passèrent. Louis-Napoléon n’eut qu’à profiter des fautes d’une Assemblée royaliste qui ne sut pas accomplir une restauration.
    Ces fautes furent nombreuses et graves. Non seulement les partisans du comte de Chambord et ceux du comte de Paris ne réussirent pas à s’entendre, ce qui eût été facile, puisque le représentant de la branche aînée des Bourbons n’avait pas de fils et ne devait pas en avoir, mais encore ils fournirent des armes au Prince Président. Ce qui préoccupait surtout ces conservateurs, c’était la crainte des révolutionnaires. Ils avaient beau former une majorité considérable, ils étaient obsédés par la peur des « rouges ». Une élection partielle, qui ramena quelques députés au parti qui s’appelait, par une évocation de 1793, le parti de la Montagne, députés élus à Paris surtout, épouvanta l’Assemblée. Elle s’en prit au suffrage universel. Thiers, devenu réactionnaire au milieu de ses nombreux avatars, parla de la « vile multitude ». Après la loi du 31 mai 1850, qui excluait trois millions d’électeurs, la politique du Prince Président fut toute tracée : élu du plébiscite, il se présentera comme le défenseur et le restaurateur du suffrage universel. C’est lui désormais qui traita comme une quantité négligeable une Assemblée inerte, flottant entre la monarchie et la république, tandis qu’il préparait l’Empire. Déjà il avait pris ses ministres en dehors d’elle, il se constituait un parti, se montrait en France, flattait et se conciliait l’armée qui, à l’élection présidentielle, avait voté moins pour lui que pour le général Cavaignac. Déjà, avec Persigny et Morny, il méditait un coup d’État. Il s’y décida quand l’Assemblée eut refusé de réviser la Constitution dont un article interdisait que le président fût réélu. Le coup d’État du 2 décembre 1851 fut une opération réactionnaire, mais dirigée

Weitere Kostenlose Bücher