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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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dictature. Au bout de trois mois, son ministère, qui devait être un « grand ministère », était renversé. Sa conception d’une République nationale et « athénienne », où se fussent réconciliés les partis, l’était aussi. L’année d’après, Gambetta mourut.
    On doit renoncer à discerner quoi que ce soit au milieu des luttes qui suivirent si l’on ne s’en tient aux deux principes qui les dominent et qui peuvent se résumer de la manière suivante. D’une part, il y avait conflit entre ceux qui acceptaient la défaite de 1870 et ceux qui n’abandonnaient pas l’espoir d’en effacer les effets, entre ceux qui, publiquement ou dans le secret de leur pensée, croyaient, comme Thiers, que la France n’avait plus qu’à s’entendre avec une Allemagne toute-puissante et à se contenter en Europe d’un rôle de second ordre (déchéance à laquelle l’expansion coloniale remédierait) et ceux qui, ne s’inclinant pas devant le fait accompli, jugeaient que la politique de la France devait être continentale, que le danger de l’invasion, révélé une première fois en 1875, existait toujours, et qu’à l’Empire allemand, fortifié par ses alliances avec l’Autriche et l’Italie (la Triplice), il fallait opposer une armée solide et des alliances s’il se pouvait. D’autre part, la nature des choses ramenait toujours une fraction des républicains vers des idées de modération, les inclinait à se réconcilier avec leurs adversaires de droite et à ménager les instincts conservateurs du pays, tandis que les républicains avancés rejetaient ces compromissions. Agitations de la rue, chutes de ministères, élections, toute l’histoire intérieure de la troisième République a été conduite par ces courants qui l’emportaient tour à tour.
    L’expédition du Tonkin, succédant à celle de Tunisie, fut l’origine d’une longue crise. Cette nouvelle entreprise coloniale, où s’était engagé Jules Ferry, pour la seconde fois président du conseil, était impopulaire. Elle était combattue par les radicaux chez qui subsistait la tradition du jacobinisme patriote : Clemenceau, leur chef, avait voté contre le traité de Francfort, En même temps, ils attaquaient la Constitution de 1875, lui reprochaient son caractère et ses origines orléanistes et ils en demandaient la révision. Ils prirent l’offensive en mars 1885, lorsque la nouvelle du désastre de LangSon arriva. Jules Ferry, que Clemenceau avait déjà accusé de « compromettre les intérêts de la France et de la République », fut renversé. Des scènes tumultueuses eurent lieu dans Paris contre « le Tonkinois », dont la politique coloniale, selon un autre mot de Clemenceau, faisait de la France « l’obligée de l’Allemagne ». Un esprit d’opposition d’une nature nouvelle naissait dans Paris et préparait les éléments du boulangisme En même temps, le malaise et l’inquiétude se répandaient dans les provinces. Aux élections de 1885, pour lesquelles le scrutin de liste avait été rétabli, deux cents députés de droite furent élus.
    Comme au 16 mai, l’union des gauches se forma contre l’union des droites, mais elle eut pour effet de mettre le gouvernement dans la dépendance des radicaux. Ce furent eux qui désignèrent pour le ministère de la Guerre le général Boulanger. Ce militaire républicain, qui s’occupait de la réorganisation de l’armée et qui « relevait le pompon du soldat », devint rapidement populaire dans la population parisienne, en majorité radicale et patriote. Il fut acclamé à la revue du 14 juillet 1886 au point d’inspirer des alarmes aux républicains de gouvernement, tandis qu’il était en aversion à la droite pour avoir rayé des cadres les princes d’Orléans au moment où les aînés des familles ayant régné sur la France avaient été exilés. En même temps, Bismarck, qui travaillait sans cesse à accroître la puissance offensive de l’Allemagne, tirait prétexte de la popularité du général Boulanger pour obtenir du Reichstag des crédits militaires. Il soulevait des incidents diplomatiques dont le plus grave fut l’affaire Schnæbelé que Jules Grévy régla avec prudence et qui nous mit encore à deux doigts de la guerre. Boulanger apparut alors aux hommes du centre gauche comme un danger intérieur et extérieur. Mais ils ne purent se défaire de lui sans rompre avec les radicaux et sans se rapprocher de la droite dont la

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