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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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François Ier de l’inacceptable traité de Madrid avait rouvert les hostilités), Charles Quint, Majesté Catholique, livrait Rome à ses troupes bigarrées, à ses Vandales et à ses Goths. Le sac de la Ville Éternelle, où le connétable de Bourbon, inoubliable figure du renégat de son pays, trouva la mort, effraya l’Europe comme un présage (1527). Peut-être la chrétienté, lointain souvenir de l’unité romaine, était-elle déjà une illusion. Elle ne fut plus qu’une chimère.
    Pour se reconnaître dans les événements très confus qui vont suivre, trêves conclues et dénoncées, alliances nouées et dénouées, il faut un fil conducteur. Comment François Ier finit-il par se réconcilier deux fois avec Charles Quint, la première au traité de Cambrai qui rendit au roi ses fils otages, la seconde avec un tel empressement que l’Empereur fut reçu en France ? C’est que les choses ne sont jamais si simples. En théorie, il était facile de s’unir, pour abattre Charles Quint, à Soliman, et aux protestants d’Allemagne. Mais, en Europe, cette alliance avec les Turcs, dont les invasions montaient, avançaient sans cesse, faisait scandale. Charles-Quint exploitait ces craintes et ces répugnances contre François Ier qui devait ruser, rassurer, fournir des explications, ne pas laisser Charles Quint prendre le rôle de défenseur du catholicisme. Quant aux princes protestants d’Allemagne, confédérés à Smalkalde contre l’Empereur, il leur arrivait de se souvenir qu’ils étaient Allemands et que Charles Quint les couvrait en Autriche lorsque les Turcs menaçaient Vienne.
    Ce n’est pas seulement en Europe que la position de François Ier était difficile à tenir. C’était en France. L’alliance avec les protestants allemands souleva une question de politique intérieure à partir du moment où il y eut des protestants français. Lorsque la Réforme parut chez nous, le moins qu’on puisse dire de l’attitude de François Ier, c’est que ce fut celle de l’indulgence. Sa sœur, la lettrée, la mystique Marguerite de Navarre, l’amie de Clément Marot, était sympathique à cette nouveauté. Le roi lui-même, la Réforme le servant en Allemagne, la voyait sans déplaisir en France. Il protégea et sauva plusieurs réformés, intervint pour la tolérance. Mais, nous l’avons vu, c’était l’opinion publique qui poursuivait les réformés. Et la propagande protestante grandissait, s’enhardissait, formait des iconoclastes et des fanatiques. Des statues de la Vierge furent brisées, un placard contre la messe cloué jusque sur la porte de la chambre du roi. La faute ordinaire des propagandistes, c’est de chercher à compromettre ceux qui ne les combattent pas et François Ier ne voulait pas, ne pouvait pas être compromis : on sentait déjà se former ce qui sera bientôt la Ligue catholique. Il vit que les réformés, avec maladresse, essayaient de mettre la main sur lui. Il se dégagea sans brutalité. Les historiens protestants lui ont toujours rendu justice, même quand c’est pour l’opposer à ses successeurs.
    Il est facile de comprendre que ce commencement de guerre religieuse à l’intérieur ait gêné la politique étrangère du roi. Sans doute, une coalition formée du roi de France, d’Henri VIII alors en querelle avec Rome, et des protestants allemands, cette coalition eût été redoutable pour Charles Quint. Elle ne fût pas allée loin si, aux yeux de la France catholique, – l’immense majorité des Français, – François Ier fût devenu le roi de la Réforme. Prendre ouvertement le parti des hérétiques, c’était peut-être, dans la disposition des esprits, courir le risque d’une révolution. Cependant, la résistance, souvent violente, des Français à la diffusion du protestantisme, refroidissait nos alliés d’Allemagne. D’où les fluctuations que subit, à partir de 1538, la politique de François Ier.
    Mais une réconciliation sincère, durable, n’était pas possible entre la maison d’Autriche et la France, tant que l’Empereur menacerait l’indépendance et la sûreté de l’Europe. La guerre reprit et, cette fois, la partie fut nulle. Les Impériaux, pourtant battus en Italie à Cérisoles, avaient envahi la France par le nord et la paix avait dû être signée à quinze lieues de Paris, à Crépy-en-Laonnais (1544). Non pas une paix : une trêve précaire, pareille aux autres, qui ne résolvait rien et que l’opinion publique

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