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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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première fois, se convertit. Le protestantisme, décapité, mais privé de ses éléments conservateurs, en aura désormais des tendances plus républicaines et plus révolutionnaires. S’il s’éteint dans une partie de la France, il se réfugie, dans l’Ouest, à La Rochelle, et, dans le Midi, autour des Cévennes où le souvenir des Albigeois lui donnait une sorte de prédestination. La guerre civile n’est donc pas finie. Ce qui l’est, c’est l’expérience tentée par Charles IX, l’essai d’une collaboration avec les calvinistes. Le fait qui reste, c’est que la France n’a voulu accepter ni la Réforme ni l’influence des réformés sur le gouvernement.
    Il faut reconnaître que l’horreur de la Saint-Barthélemy, répandue et répercutée par l’histoire, n’a été que modérément ressentie par les contemporains. Charles IX et sa mère, si troublés au moment de prendre leur résolution, n’étaient pas sans inquiétude après. Mais on cherche en vain la trace d’une grande réprobation de l’Europe. En somme, l’événement fut jugé au point de vue de ses résultats politiques. La monarchie française s’était tirée d’un péril pressant : Philippe II n’en eut aucun plaisir. Quant aux puissances protestantes, elles pensèrent que le roi de France serait plus fort pour maintenir l’équilibre en face du roi d’Espagne. La reine d’Angleterre, le prince d’Orange, les princes protestants d’Allemagne se rapprochèrent de la cour de France. Avec leur assentiment, le troisième fils de Catherine de Médicis, le duc d’Anjou, fut élu roi de Pologne. Louis de Nassau travaillait même pour que Charles IX fût élu empereur.
    Le roi, très jeune encore, allait d’ailleurs mourir dès 1574. Avec la passion qui travestit cette période de notre histoire, on a prétendu que le remords de la Saint-Barthélemy l’avait tué. Que ces terribles scènes aient frappé son imagination, c’est à l’honneur de Charles IX. Mais sa mort – une pleurésie – fut troublée par autre chose que des souvenirs. Dans un pays où, depuis cinquante ans, des guerres civiles incessantes avaient succédé à une grande guerre étrangère, il y avait des souffrances et de l’irritation. Aux protestants insoumis du Midi et de La Rochelle, les « malcontents » s’étaient joints. Et, de même qu’il y avait les Guise avec les catholiques et les Châtillon avec les calvinistes, les malcontents avaient eux une autre grande famille, celle des Montmorency, qui représentait le tiers parti. Ainsi, il était facile d’entrevoir de nouvelles convulsions, mais aussi une nouvelle combinaison de tendances et de force, celle des catholiques modérés unis aux huguenots, regroupés sous la direction d’Henri de Bourbon, roi de Navarre.
    La deuxième phase des guerres de religion, si tourmentée, presque fantastique, est un renversement curieux des situations. La France ne sera pas protestante : c’est pour l’histoire une affaire jugée. Mais les catholiques ne sont pas encore rassurés, loin de là. Charles IX ne laisse pas de fils. Il est peu probable qu’Henri III en laisse un. Alors l’héritier du trône, ce sera Henri de Bourbon, le protestant mal converti qui est déjà retourné à la Réforme. Plutôt un autre roi, plutôt la République qu’un roi huguenot : ce sera la formule de la Ligue. Mais Charles IX, puis Henri III, ces derniers Valois décriés et injuriés plus que tous les autres souverains français, tiennent bon, à tous risques, sur le principe essentiel, le rocher de bronze de I’État : la monarchie héréditaire. C’est pour ce principe qu’Henri III, qui passe pour efféminé comme il passe pour avoir conseillé la Saint-Barthélemy, va lutter quinze ans. À la fin, il le paiera de sa vie.
    Il était en Pologne à la mort de son frère et il ne rentra en France que pour trouver un royaume divisé, un trône chancelant. Son plus jeune frère, le duc d’Alençon, était contre lui, avec la coalition des mécontents et des huguenots. Rébellion coups de main, combats partout. Le roi n’était pas assez fort pour venir à bout des séditieux. Il le tenta vainement. Vainement aussi il tenta, en négociant, d’arrêter une armée allemande, vingt mille reîtres en marche pour rejoindre les rebelles de l’Ouest et du Midi. Pour empêcher cette jonction redoutable, Henri III préféra capituler et céder de bon gré ce que lui eussent imposé les rebelles. Le duc

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