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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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et Royraud à leur tête, ils rencontrent
les bleus aux Quatre-Chemins (4 septembre 1793), les exterminent,
et sur huit mille ils n’en renvoient que quelques centaines.
    Mais alors arrive à Nantes la formidable armée
de Mayence, conduite par Kléber, Marceau, Grouchy, et composée de
vingt-quatre mille Mayençais, de quarante-un mille soldats des
côtes de La Rochelle, de quinze mille soldats des côtes de
Cherbourg et de trente-cinq mille soldats des côtes de Brest (cent
quinze mille hommes !), sans compter la masse des gardes
nationales et des prétendus volontaires qui marchaient sous peine
de mort.
    Les Vendéens se comptent ; ils étaient un
contre dix ; mais, s’ils ne peuvent vaincre, ils sauront du
moins mourir avec gloire pour l’autel, le trône et le foyer
domestique.
    Kléber ne commandait que l’avant-garde de
l’armée de Mayence ; mais il en était réellement le chef par
son influence et par son talent. La grande guerre qui allait
s’ouvrir, il faut le dire, fut signalée des deux côtés par les
fautes les plus graves. Les bleus ne pouvaient triompher que par
l’ensemble, en frappant de grands coups ; et mille rivalités
vinrent les armer les uns contre les autres. Les blancs, au
contraire, ne pouvaient se défendre que par des victoires
partielles et multipliées, par la guerre de tirailleurs ; et
ils renoncèrent à ce système naturel pour rêver une armée
d’expédition impossible. Charette seul demeura fidèle à ses
habitudes de partisan ; aussi sa petite troupe de volontaires
survécut-elle trois ans à la grande armée catholique.
    Les Mayençais n’avaient fait que paraître, et
ils occupaient déjà le centre du Bocage, brûlant tout sur leur
passage et chassant devant eux une multitude épouvantée. Les deux
armées vendéennes, fortes de quarante mille hommes, s’avancent
alors avec tous leurs chefs, sains ou blessés, hors La
Rochejacquelein, qui n’a pu quitter son lit de douleur. Le 19
septembre, à Torfou, le combat le plus terrible et le plus solennel
s’engage entre les paysans et les Mayençais ; les femmes,
s’armant de fourches, de pierres et de bâtons, apportent un renfort
inattendu à l’armée des blancs. La mêlée devient horrible :
Kléber, deux fois blessé, tombe et se relève à deux reprises. Les
invincibles Mayençais sont enfin vaincus ; deux lieues se
firent ainsi sans relâche et sans quartier. Tous les soldats
républicains allaient périr les uns après les autres, lorsque
Kléber, s’adressant à Chevardin, commandant des chasseurs de
Saône-et-Loire : « Mettez-vous à la tête de ce pont, lui
dit-il, et faites-vous tuer avec tout votre bataillon. – Oui,
général, » répondit le sublime Chevardin, et il meurt avec
tous ses hommes en sauvant l’armée.
    Le lendemain, Charette et Lescure, celui-ci
entraîné par celui-là, ne purent s’empêcher de couronner leur
victoire en allant surprendre et chasser de Montaigu le général
Beysser. Restait à battre le corps d’armée commandé par
Mieskouski ; Charette et Lescure s’en chargent encore, et
Bonchamps reste avec des forces plus qu’insuffisantes. Aussi, le
22, il essuie un terrible revers à l’attaque de la Galissonnière,
où s’était retiré Canclaux. Il reprocha amèrement à ses deux
collègues de l’avoir ainsi abandonné contre toute convention, et la
discorde vint les séparer quand l’union leur était le plus
nécessaire. Pour comble de malheur, cette discorde gagna les
soldats eux-mêmes. Si l’on s’était entendu, et si chacun avait
rempli ses engagements, au lieu de trois victoires dont la
conclusion fut une défaite, on eût écrasé successivement et
complètement les Mayençais. La querelle s’envenima, et finit,
hélas ! par une rupture ouverte. L’ensemble si heureux d’un
jour aboutit à la désorganisation la plus fatale. À l’exception de
Lescure, de Bonchamps et de La Rochejacquelein, qui savaient
immoler leur amour-propre à l’intérêt général, toute la gloire des
chefs vendéens efface à peine l’énormité de leurs torts. Une faute
non moins immense devint la conséquence nécessaire de la première.
Privés soudain de Canclaux et d’Aubert-Dubayet par une destitution
absurde, les Mayençais, qui chérissaient ces chefs, proposèrent
leurs services aux Vendéens, moyennant quatre cent mille livres et
une solde de sept sous par jour. Les chefs royalistes délibérèrent
si longtemps que la transaction devint

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