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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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crie La Rochejacquelein, s’il n’y a pas de poudre dans vos
poches, il y en a dans celles des bleus. » Lescure s’avance
sous la mitraille républicaine, l’essuie sans blessures, et agite
son chapeau en criant : « Vive le roi ! Vous voyez
bien, mes amis, que les bleus ne savent pas tirer… Ainsi donc, en
avant ! » Au premier choc, les Vendéens sont maîtres de
la plaine, et un instant après ils pénètrent dans la ville. Une
balle atteint Bonchamps, il tombe de cheval et crie à
Lescure : « Songez à nos prisonniers ! » Les
paysans furieux sabrent tous les bleus qui leur tombent sous la
main : enfin ils sont maîtres de Fontenay, de plus de trois
mille prisonniers, de quarante canons et d’une masse de fusils.
Mais les bleus ont entraîné
Marie-Jeanne
dans leur
fuite ; les Vendéens s’élancent à sa conquête ; le
merveilleux canon est arrosé de leur sang, ils le tiennent, ils
l’ornent de feuillage et le ramènent avec eux comme leur plus
glorieux trophée.
    Parmi les prisonniers vendéens délivrés par
Lescure, citons Pierre Bibard, dont le nom mérite
l’immortalité.
    Bibard était resté, le 16 mai, sur le champ de
bataille, avec quatre-vingt-dix-sept braves de la compagnie dont il
était capitaine, et qui, après la déroute des royalistes, se firent
tous hacher sur leurs canons. Bibard, couvert de vingt-six
blessures, survécut seul et fut jeté en prison, où on l’abandonna
nu et sanglant. Il souffrait le martyre depuis huit jours, lorsque
arriva l’affaire du 25. Pendant toute la bataille, son gardien
l’accabla d’insultes et de coups, lui mettant la pointe de son
sabre sur la gorge et jurant de le couper en morceaux si la ville
était reprise. On arrive à son cachot, et La Rochejacquelein,
d’Elbée et Stofflet l’embrassent, en lui offrant telle récompense
de sa bravoure qu’il voudrait. Bibard, sans dire un mot de ses
souffrances, demande la liberté de son bourreau, et l’obtient.
« Souviens-toi, lui dit-il simplement, que je t’ai pardonné
pour l’amour de Jésus-Christ. – Bibard, s’écria La Rochejacquelein
en l’embrassant de nouveau quand il apprit ce noble secret, pour un
verre de mon sang je ne voudrais pas que tu n’eusses point fait ce
que tu viens de faire ! Les républicains ne calomnieront plus
les brigands de la Vendée. »
    Les trois mille prisonniers bleus furent
traités comme le bourreau de Bibard.

CHAPITRE XVI
    Bretagne et Vendée. – Deuxième époque.

(1793)
    Effrayée des progrès chaque jour croissants et
de plus en plus terribles de l’insurrection vendéenne, qu’on lui
disait morte, la Convention lança vers la Loire la fleur de ses
clubs et de son armée. Douze mille hommes, commandés par Santerre,
et une artillerie formidable arrivèrent de Paris à Saumur :
d’autres troupes et une excellente cavalerie les suivirent de près.
En un mot, quarante mille hommes aguerris occupèrent Saumur,
Montrerai, Thouars, Doué et Vihiers. Charles de Hesse, Biron et
Westermann commandaient avec Santerre l’armée de la Convention.
    Après la prise de Fontenay, les Vendéens
s’étaient dispersés, selon leur habitude, et leur absence avait
permis aux républicains de reprendre sans peine quelques
places ; mais les paysans revinrent bientôt, et poussèrent
l’ennemi jusqu’à Saumur, qu’ils attaquèrent le 10 juin 1793.
Saumur, on le sait, est une des plus fortes clefs de la Loire.
Cette ville était d’ailleurs bien défendue par Berruyer, Santerre,
Berthier, Menou et Ligonnier. Cependant Saumur ne peut tenir contre
l’attaque des blancs ; ils entrent dans la place et s’en
rendent maîtres ; quatre-vingts canons, cent mille fusils et
onze mille prisonniers tombent au pouvoir des vainqueurs. Les
prisonniers sont renvoyés sains et saufs. Cette victoire épouvanta
la Convention, et confondit les Vendéens eux-mêmes.
    Il ne manquait plus à l’armée royale qu’un
généralissime ; tous les chefs furent d’avis d’en élire
un ; Lescure le désigna le premier… Ce fut Cathelineau. Dans
sa sainte humilité, Cathelineau protesta de toutes ses forces, et
ne céda, pour ainsi dire, qu’à la violence. L’armée catholique
offrit alors à l’Europe le tableau fraternel que la république
n’avait pas su lui donner. Forestier, de simple cordonnier de
village, devint général de cavalerie ; il n’avait que dix-huit
ans. Une foule croissante de nobles accouraient sous les ordres de
ces chefs en sabots :

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