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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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depuis
l’engagement du bourg de Nort. Charette continua même son feu
jusqu’au lendemain sur la rive gauche, et sauva ainsi les vaincus
de la poursuite des vainqueurs. La République avait été sauvée ce
jour-là. Aussi la Convention déclara-t-elle que « Nantes avait
bien mérité de la patrie. » Le rémunérateur d’un tel service
devait être Carrier !
    Pendant ce temps-là, Charette retournait avec
ses volontaires à son quartier de Legé, et les soldats de la grande
armée repassaient la Loire dans toutes les barques des deux rives.
Les compagnons de Cathelineau, espérant encore le sauver, le
déposèrent dans une voiture et l’emmenèrent par la route de
Saint-Florent. Westermann et Biron n’avaient pas attendu la déroute
de Nantes pour entrer dans le Bocage ; toutes les forces
royalistes étant concentrées sur la Loire, ils marchèrent sans
obstacle de Niort sur Saint-Maixent et sur Parthenay. Inaugurant
son système d’extermination, Westermann allume l’incendie dans tous
les lieux où il passe. Ces incendies mettent la rage au cœur des
paysans ; à l’appel de
Marie-Jeanne,
la grande armée
se réunit à Chollet Stofflet, Bonchamps et d’Elbée viennent au
secours de La Rochejacquelein et de Lescure ; et le 8 juillet,
quand Westermann célébrait sa victoire, il se voit entouré de
bataillons qui semblent sortir de terre. En deux heures il perd son
artillerie et son armée, et il abandonne tout le Bocage, en
frémissant d’une fureur impuissante. La vengeance des paysans fut
terrible, et rien ne put la modérer.
    Le 14 juillet, Cathelineau expirait après
d’horribles souffrances. Dès lors, la Vendée fut perdue. D’Elbée
fut élu généralissime ; il succéda au saint de l’Anjou, mais
il ne le remplaça pas. Cependant
l’hydre vendéenne
(comme
l’appelait Barrère) devait survivre encore longtemps à la mort de
Cathelineau. « Détruisez la Vendée, disait Barrère à la
Convention dans son fameux rapport du 2 août, détruisez la Vendée,
et vous serez maîtres de la France et de l’Europe ! » Ce
jour-là même parut le décret qui livrait le quart de la France aux
flammes : « Il sera envoyé à la Vendée, par le ministre
de la guerre, dit ce décret, des matières combustibles de toute
espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts. Les
forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits,
les récoltes seront coupées et les bestiaux seront saisis. Les
biens des rebelles seront déclarés appartenir à la
République. » Et Barrère : « C’est faire le bien que
d’extirper ainsi le mal. Louvois fut accusé par l’histoire d’avoir
incendié le Palatinat, et Louvois devait être accusé, car il
travaillait pour les tyrans. Le Palatinat de la République, c’est
la Vendée ! Détruisez la Vendée, et vous sauvez la
patrie ! »
    Tout en Europe se liguait contre la Vendée.
L’Angleterre feignait de s’intéresser au sort de ce malheureux
pays ; mais au fond elle ne voulait ni le triomphe de
l’insurrection, qu’elle encourageait, ni celui de la révolution,
qu’elle avait fomentée. Elle voulait ruiner la France en y
perpétuant la guerre civile, et se rendre maîtresse des ports
qu’elle indiquait pour y jeter des troupes et des armes. Les chefs
vendéens ne le comprenaient que trop bien, et, ne se confiant qu’en
la bonté de leur cause et en leur propre courage, ils continuaient
à triompher de la république.
    Cependant l’incendie était plus que jamais à
l’ordre du jour. Santerre écrivait, à propos d’une nouvelle
réquisition en masse : « Je préférerais des mines !
des mines à force ! et puis tomber dessus ! » Il
alla plus loin, il proposa l’empoisonnement du pays. Il réclama la
présence du chimiste Fourcroy pour aviser à la plus prompte
destruction des brigands. Tout cela est constaté dans les
Mémoires
du républicain Savary. Savin, lieutenant de
Charette, lui écrivait de son côté : « Nous fûmes
stupéfaits de la quantité prodigieuse d’arsenic que nous trouvâmes
à Palluau. On nous assura qu’un étranger, qui fut tué dans cette
affaire, était chargé de notre empoisonnement général. »
    C’est ici l’admirable moment de la Vendée.
Voués à l’extermination par les républicains, abandonnés par la
monarchie, trahis par l’Europe, ses géants jurent tous de vaincre
ou de s’ensevelir sous les débris de leurs chaumières. Charette,
Lescure, La Rochejacquelein

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