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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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aucun héritier du feu duc plus proche
que lui, puisqu’il était son frère.
    Le roi lui témoigna qu’il était content de
lui, et lui ordonna de rester quinze jours à Paris pour laisser le
temps aux pairs de décider sur son différend avec Charles de Blois.
Mais Montfort, malgré l’accueil favorable que Philippe de Valois
lui avait fait et l’ordre qu’il en avait reçu, partit secrètement
le jour même ou le lendemain, dans la crainte d’être arrêté ;
prévoyant bien d’ailleurs que le jugement des pairs ne lui serait
pas favorable. Il se rendit à Nantes, où il trouva la comtesse sa
femme, et pensant qu’il aurait bientôt une guerre à soutenir, il
visita toutes les places dont il s’était rendu maître, renforça les
garnisons et y mit les munitions nécessaires, ainsi que des
commandants braves et fidèles.
    Cependant les deux partis fournirent leurs
réclamations de part et d’autre, en forme de requête au roi. Le
comte de Montfort fondait son droit sur ce qu’il était plus proche
parent d’un degré du feu duc, que la comtesse de Penthièvre, femme
de Charles de Blois ; qu’il était son frère de père, au lieu
que la comtesse n’était que sa nièce. Il ajoutait que la Bretagne
était une pairie dont les femmes étaient exclues dans les
successions collatérales tant qu’il y avait des hommes.
    Charles de Blois, de son côté, alléguait la
coutume de Bretagne, où la représentation avait lieu. Il disait que
si Guy, frère puîné du feu duc, et aîné du comte de Montfort, était
encore vivant, on ne lui disputerait pas la succession ; que
par conséquent le duché appartenait à la fille de Guy, qu’elle
représentait ; que d’ailleurs la disposition du feu duc avait
été acceptée et ratifiée par les états de Bretagne le 7 septembre
1341.
    Quinze jours après le départ du comte de
Montfort, les pairs, assemblés à Conflans, rendirent un arrêt en
faveur de Charles, qui en conséquence fut reçu à faire hommage de
la Bretagne. Le roi le fit chevalier, et lui promit un prompt
secours contre son concurrent. En effet, le duc de Normandie, fils
aîné du roi, ne tarda pas à se mettre en marche à la tête d’une
armée et vint assiéger Nantes, où était le comte de Montfort. Le
comte ayant prié les Nantais de vouloir bien tenir un mois, et leur
ayant promis de s’en aller au bout de ce terme s’il ne pouvait
faire lever le siège, ils lui accordèrent sa demande, prirent les
armes et s’engagèrent à soutenir le siège avec vigueur. Il y eut
d’abord deux cents bourgeois faits prisonniers dans une sortie, ce
qui alarma beaucoup les Nantais, parce que ces prisonniers
appartenaient aux plus riches familles de la ville. Pendant le
siège eut lieu un combat près du château de Valgarnier, entre deux
cents chevaliers français et un pareil nombre de chevaliers
bretons. Ces derniers furent vaincus, et il n’en resta que trente,
qui furent pris et amenés au camp. Le duc de Normandie, par une
barbarie sans exemple, les condamna aussitôt à être décapités et
fit jeter leurs têtes dans la ville, afin d’épouvanter les Nantais,
qui craignirent en effet qu’on ne traitât avec la même rigueur
leurs prisonniers, et que leur ville ne fût saccagée si elle était
prise d’assaut. Montfort, les voyant découragés, et pensant ne
devoir plus compter sur leur fidélité, fit demander un sauf-conduit
pour aller trouver le duc de Normandie. Il l’obtint, et s’étant
rendu au camp, il se mit entre les mains du duc, la vie sauve.
Nantes et tout son territoire firent aussitôt hommage à Charles de
Blois. Montfort fut conduit Paris et enfermé dans la tour du
Louvre.
    La captivité de Jean de Montfort devait
naturellement faire déclarer toute la Bretagne en faveur de son
rival ; mais la fermeté de Jeanne de Flandre, son épouse,
rassura les esprits et empêcha cette révolution. Elle soutint
courageusement le parti de son mari, et dans une conjoncture si
douloureuse elle sut conserver assez d’empire sur la noblesse, sur
les soldats et sur les bourgeois de plusieurs villes de la
Bretagne, pour pouvoir les maintenir dans ses intérêts. C’était une
femme au-dessus de la faiblesse ordinaire à son sexe, et qu’on
doit, à juste titre, considérer comme une des plus grandes
princesses dont l’histoire ait enregistré le nom et les actions.
Elle maniait un cheval ainsi que le meilleur écuyer, et possédait
une santé robuste et une âme infatigable. On la vit

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