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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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la vue de la place, la comtesse fit sonner
le tocsin et ordonna que chacun se mît sous les armes. Armée
elle-même et montée sur un cheval de bataille, elle parcourut
toutes les rues pour animer les habitants à se défendre avec
vigueur. Son exemple et ses paroles engagèrent les femmes du peuple
et les plus nobles dames à contribuer à la défense de la ville, en
portant des pierres aux créneaux pour en accabler les ennemis. Elle
monta ensuite au haut d’une tour, d’où elle vit que le camp des
Français était sans défense du côté opposé à celui où avait lieu
l’attaque. Aussitôt elle remonte à cheval, se fait suivre de trois
cents hommes, sort de la ville, attaque le camp des ennemis dans
son endroit faible et brûle les tentes qui n’étaient gardées que
par des varlets. Mais après cette expédition, comme elle allait
rentrer dans la ville, les Français lui coupent la retraite. La
comtesse, sans s’étonner, prend son parti sur-le-champ. Elle rallie
ses soldats, pique du côté d’Auray et leur ordonne de la suivre au
galop. Louis d’Espagne la poursuit et lui tue quelques
soldats ; mais le reste s’échappe avec elle et arrive à
Auray.
    Cependant les habitants d’Hennebon, ne sachant
ce qu’elle était devenue, furent dans une grande consternation. Au
bout de quelques jours, après avoir assemblé cinq à six cents
cavaliers bien montés et bien armés, elle partit d’Auray, et fit
une si grande hâte qu’elle arriva le lendemain a la pointe du jour
en vue d’Hennebon, où elle rentra avec ce renfort, au bruit des
trompettes et aux yeux de l’ennemi étonné de sa résolution.
    Le siège continuait avec vigueur, la brèche
était déjà ouverte, et l’effroi commençait à se répandre dans la
ville. Deux partisans secrets de Charles de Blois qui étaient dans
Hennebon, s’entendirent pour livrer la place au rival de Montfort,
en obtenant qu’il ne serait fait aucun mal à ses habitants. Jeanne,
de son côté, résolue à se défendre jusqu’au bout, tâchait de
rassurer les esprits en publiant dans la ville qu’elle attendait un
puissant secours qui arriverait très-prochainement. Déjà Hervé de
Léon, comptant sur ce que son oncle lui avait promis, s’était
approché d’une porte qu’on était convenu de lui livrer, lorsque la
flotte anglaise parut. Elle était conduite par Gauthier de Mauny,
qui amenait six mille archers anglais avec un grand nombre de
chevaliers. Une violente tempête que cette flotte avait essuyée,
avait retardé son arrivée de plus de quarante jours. Ceux qui
avaient été d’avis de se rendre dirent alors aux deux traîtres
qu’ils avaient changé d’avis, et qu’il n’était plus question de
tenir leur promesse inconsidérée. Hervé de Léon, confus et irrité,
fit dresser contre la ville les plus grandes machines dont il
disposait, et partit d’Hennebon pour se rendre à Auray, dont
Charles de Blois faisait alors le siège.
    Cependant l’armée navale entra dans le port
d’Hennebon. La comtesse reçut Mauny et les chevaliers anglais avec
toute la magnificence possible. Le lendemain elle leur offrit un
banquet splendide. Comme les balistes battaient continuellement les
murs, sur la fin du repas Gauthier de Mauny, portant la santé de la
comtesse, dit à voix haute : « Je fais vœu d’aller
abattre ce grand engin par lequel on croit nous effrayer ; qui
de vous veut me suivre ? – Moi ! moi ! »
répondirent à la fois une foule de braves. On ordonna à l’instant à
trois cents archers de tirer sans cesse sur ceux qui gardaient
cette machine afin de les écarter. En même temps on fit une sortie,
on se rendit maître de l’
engin,
qui fut mis en
pièces ; on courut aux tentes, on y mit le feu et l’on fit un
grand carnage des assiégeants, qui ne s’étaient point attendus à
cette attaque. Une troupe de Français armés s’avança alors pour
repousser l’ennemi ; Mauny, les voyant venir, dit à ceux qui
l’accompagnaient : « Que je ne sois jamais salué de ma
dame et chère amie, si je rentre en chastel ou forteresse jusques à
temps que j’aye renversé l’un de ces venants
malencontreux ! » Cependant il fut obligé de reculer,
parce que les Français étaient en trop grand nombre. Il se retira
peu à peu vers les fossés, combattant toujours, et tuant beaucoup
de monde. Alors ceux de la ville, ayant monté aux créneaux,
tirèrent sur les ennemis et les obligèrent à battre en retraite.
Mauny rentra

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