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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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ce seroit grande cruauté et
blasme à vous, si vous faisiez deux si vaillants hommes
mourir ; et nos ennemis auroient motif de faire ainsi aux
nôtres quand les pourroient tenir, et nous ne savons ce que nous
peut advenir de jour en jour ; pourquoy, chier sire et beau
cousin, je vous prie que veuillez être mieux advisé. » Louis
lui répondit : « Si vous ne me tenez convenant
(convention), sachez que je me départiray de votre compagnie, et ne
vous serviray ne aimeray tant que je vive. »
    Ce fut en vain que Charles voulut détourner
Louis d’un si horrible dessein. « Je veux leurs têtes, s’écria
le barbare Espagnol, je veux leurs têtes, comme Hérodias vouloit
celle de saint Jean-Baptiste ! et je les feray décoller à
l’issue de mon dîner. » On fit donc venir les deux prisonniers
pour les lui livrer ; ils devaient être décapités ce jour-là
même, rien n’ayant pu fléchir la colère du général espagnol.
    Cependant Mauny et Clisson, qui étaient dans
Hennebon, informés du péril de ces deux braves chevaliers,
résolurent de faire les derniers efforts pour les délivrer. Ils
partagèrent en deux troupes tous les chevaliers qui étaient dans la
place. Clisson, s’étant mis à la tête de la première, sortit par la
grande porte vers midi, et ayant attaqué à l’improviste le quartier
de Charles de Blois, il renversa les tentes et fit un grand
carnage. Tout le camp s’émut, et la troupe de Clisson eut bientôt à
se défendre contre l’armée entière des assiégeants ; un grand
nombre de chevaliers périt de part et d’autre. Clisson, sans cesser
de combattre, se retira vers les barrières de la ville, où il tint
ferme, secondé par les archers qui bordaient le chemin. Toute
l’armée française étant accourue en cet endroit, le combat fut des
plus meurtriers. Mauny sortit alors par une autre porte, marcha
vers la tente de Charles où étaient les deux prisonniers, tua leurs
gardiens, et, les ayant fait monter à cheval, il les conduisit en
triomphe à Hennebon.
    Louis d’Espagne, qui combattait contre Clisson
avec toute l’armée française, au désespoir de voir que sa proie lui
avait échappé, se retira, et son exemple fut suivi par tous les
autres alliés du comte de Blois. Du côté des assiégés, le sire de
Landernau et le châtelain de Guingamp furent faits
prisonniers ; Charles de Blois, les ayant appelés dans sa
tente, leur persuada d’embrasser son parti, et ils lui firent
serment de fidélité : les défections ont été de tous les
temps. Le siège de Hennebon fut encore une fois levé, et Charles se
retira à Carhaix.
    Sur ces entrefaites, la comtesse de Montfort
passa en Angleterre : un parlement devait se tenir bientôt à
Londres.
    Elle obtint un secours considérable sous la
conduite de Robert d’Artois, qui s’embarqua avec elle sur une
flotte composée de quarante-six vaisseaux, tant gros que petits, et
montée par un grand nombre de seigneurs anglais. Charles de Blois
informé de cet armement, avait aussi équipé une flotte de
trente-deux gros vaisseaux, chargés de trois mille Génois et de
mille hommes d’armes. Il monta lui-même sur cette flotte pour la
commander, avec Louis d’Espagne, Charles Germaux et Othon Adorne.
Les deux armées navales se rencontrèrent à la hauteur de l’île de
Guernesey. Aussitôt les Anglais firent sonner les trompettes,
arborèrent leurs pavillons avec la bannière de saint Georges, et
fondirent à pleines voiles sur la flotte de Charles de Blois. Après
s’être quelque temps envoyé des flèches, on en vint à
l’abordage : la comtesse de Montfort se battit comme le
chevalier le plus brave, et se signala avec la plus grande gloire.
L’action dura jusqu’à la nuit, qui obligea les deux flottes à jeter
l’ancre. On se préparait à recommencer le combat le lendemain,
lorsqu’il s’éleva vers minuit un terrible orage, qui, faisant
heurter les vaisseaux les uns contre les autres, contraignit les
Anglais, dont les navires étaient plus faibles que ceux de leurs
ennemis, à se retirer. Quatre de leurs bâtiments, chargés de
vivres, furent pris par les Génois. Louis d’Espagne fut poussé
jusque sur les côtes de la Biscaye, d’où il revint en Bretagne.
Robert d’Artois, ayant doublé le cap d’Ouessant, prit terre à un
petit port près de Vannes, y fit débarquer ses troupes, et envoya
ses vaisseaux à Hennebon.
    Ce fut alors qu’il entreprit le siège de
Vannes avec la comtesse de

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