Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
abandonnée au
pillage.
Les sièges de Nantes et de Rennes n’avançaient
point. Celui de Vannes était poussé avec plus de vigueur ; il
ne se passait pas de jour qu’on ne livrât quelque assaut à l’une
des portes. Les assiégés se défendaient courageusement et se
mettaient souvent en bataille hors de la ville. Un jour, Henri de
Léon et Olivier de Clisson ayant fait reculer Warwick. Arundel,
Stafford et Mauny, tous les chevaliers bretons, animés par cet
avantage, sortirent de la barrière et donnèrent sur les Anglais,
qui firent à leur tour reculer les Bretons, et passèrent pêle-mêle
avec eux au delà de la barrière. Ceux qui la gardaient se hâtèrent
de la fermer avant que Henri de Léon et Olivier de Clisson fussent
rentrés, et ces deux seigneurs furent faits prisonniers. Stafford,
qui combattait entre la porte et la barrière, fut aussi retenu par
les Bretons, après un combat opiniâtre, et tous ceux qui
l’accompagnaient furent pris ou tués.
Louis d’Espagne tenait la mer et enlevait
presque tous les convois qui venaient d’Angleterre : il
attaqua la flotte anglaise au Morbihan, prit quatre vaisseaux et en
coula trois à fond : ce qui obligea Édouard à la mettre en un
lieu plus sûr et à en envoyer une partie à Brest et l’autre à
Hennebon. Le duc de Normandie, d’un autre côté, assembla près
d’Angers une armée de quatre mille hommes d’armes et de trente
mille soldats de ses troupes, avec laquelle il entra en Bretagne,
et s’approcha de Nantes, toujours assiégé par les Anglais. Édouard,
à cette nouvelle, leur ordonna de lever le siège, aussi bien que
celui de Rennes, et de venir le trouver près de la ville de Vannes.
Le duc de Normandie marcha aussitôt de ce côté-là. Il fut joint par
Robert de Beaumanoir, qui commandait quelques troupes de Charles de
Blois, et son armée se trouva alors forte de quarante mille hommes.
En arrivant près de Vannes, il trouva Édouard retranché dans son
camp, de manière à ne pouvoir être attaqué ; il se fortifia
aussi à deux lieues de lui, résolu de n’attaquer les ennemis que
lorsqu’ils sortiraient de leur camp pour donner quelque assaut à la
ville ; mais ils n’osèrent le faire, en sorte qu’ils
paraissaient plutôt assiégés qu’assiégeants. Les deux armées
demeurèrent dans cette situation fort avant dans l’hiver.
Édouard, voyant que ses troupes souffraient
beaucoup de la disette des vivres, parce que Louis d’Espagne leur
enlevait tous les convois qui leur venaient du côté de la mer,
envoya offrir la bataille au duc de Normandie. Le duc, dont l’armée
souffrait aussi beaucoup du froid et des pluies continuelles,
accepta le défi, et le jour du combat fut fixé. Mais, sur ces
entrefaites, le roi de France arriva en Bretagne avec de nouvelles
troupes et s’avança jusqu’à Ploërmel. Alors le roi d’Angleterre ne
voulut plus combattre, et attendit qu’on vînt l’attaquer dans ses
retranchements, ce que Philippe de Valois et son fils ne jugèrent
pas à propos de faire.
Les choses étant en cet état, le pape
Clément VI envoya en France les cardinaux de Prenest et de
Clermont. L’un et l’autre, s’étant rendus près de Vannes, allèrent
souvent d’un camp à l’autre pour négocier la paix : ils
vinrent enfin à bout de faire consentir les deux rois à une trêve
de trois ans, qui serait observée en Bretagne comme ailleurs, entre
les partisans des comtes de Montfort et de Blois, sans préjudice de
leurs prétentions respectives, et sans que la trêve fût réputée
enfreinte, quoi que l’un des deux partis pût entreprendre contre
l’autre, pourvu qu’aucun des deux rois ne s’en mêlât. La ville de
Vannes devait être, durant la trêve, mise au pouvoir des deux
cardinaux, qui la tiendraient au nom du pape, pour en disposer à
leur gré à la fin de la trêve ; mais les deux cardinaux
s’étaient engagés, par un écrit particulier, à la remettre au roi
de France. On employa cette formalité pour sauver l’honneur du roi
d’Angleterre, qui ne voulait pas qu’il fût dit qu’il avait assiégé
vainement la ville de Vannes. Par le traité, les deux rois
s’obligeaient à envoyer sur-le-champ à Rome leurs procureurs, pour
y régler leurs différends et conclure une paix solide.
Ce fut alors qu’on découvrit en France
qu’Olivier de Clisson, fait prisonnier au siège de Vannes, et
échangé depuis avec le comte de Stafford, Godefroi d’Harcourt et
quelques autres
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