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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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seigneurs avaient passé un traité secret avec
Édouard, d’après lequel ils tenaient réellement pour Jean de
Montfort, et ne demeureraient qu’en apparence dans le parti de
Charles de Blois. Le comte de Salisbury, dépositaire de leurs
lettres, pour se venger d’Édouard dont il avait reçu un sanglant
outrage, passa en France et livra cette correspondance à Philippe
de Valois. Philippe fit arrêter Clisson, qui eut la tête tranchée à
Paris, sur un échafaud élevé au milieu des Halles ; après quoi
son corps fut attaché au gibet de Montfaucon et sa tête portée à
Nantes, où elle fut mise au bout d’une lance à l’une des portes de
la ville. Harcourt se retira en Angleterre. Quelques autres
gentilshommes bretons et normands furent aussi décapités pour le
même fait.
    On ne peut douter que le motif qui fit
condamner à mort Olivier de Clisson et les autres ne fût la
découverte de leurs intrigues avec le roi d’Angleterre. Aussi ce
prince donna-t-il pour raison de la guerre qu’il déclara alors à
Philippe de Valois, la mort de Clisson et des autres gentilshommes
exécutés. Ils n’étaient pas ses sujets, et par conséquent il ne
pouvait s’intéresser à leur sort jusqu’à ce point-là qu’à cause des
liaisons qu’il avait eues avec eux. Philippe le fit d’ailleurs
assez connaître par une protestation qu’il publia contre la
déclaration de guerre : il imputait la cause de la rupture à
Édouard, qui, contrairement à un des articles de la trêve, avait
suborné des sujets de la couronne de France, et conclu avec eux un
traité préjudiciable à leur patrie.
    Édouard, ayant appris la mort de ces
chevaliers, voulut user de représailles pour la venger, et il
résolut de faire mourir Henri de Léon, qui avait été pris au siège
de Vannes ; mais le comte de Derby le rappela à la raison en
lui disant : « Monseigneur, si le roi Philippe a commis
la félonie d’envoyer à mort de si vaillants chevaliers, faut-il
entacher votre caractère ? Au vray, votre prisonnier est
étranger à un tel outrage ; qu’il vous suffise de le mettre à
rançon. » – Édouard ne répondit pas ; mais il se fit
amener Henri de Léon, et lui adressant la parole :
« Ah ! messire Henry, messire Henry ! lui dit-il les
larmes aux yeux, Philippe de Valois, mon adversaire, a montré
crueusement sa félonie quand il a fait mourir ces chevaliers !
Il m’en déplaît grandement, et s’il a prétendu me défier, il me
seroit loisible d’imiter sur vous l’exemple qu’il me donne ;
car vous m’avez causé en Bretagne plus de contrariété que nul
autre, et aussi à mes gens. Mais je garde en moy ma souffrance, et
le laisse avec sa noire volonté. Mon honneur au moins me restera.
Je vous mettray donc en liberté, et vous feray rançon légère, pour
l’amour du comte de Derby, qui m’en a prié. Mais promettez-moy de
faire ce que je vous diray. » – Le chevalier répondit :
« Cher sire, je feray, selon mon pouvoir, tout ce que vous me
commanderez. » – Et le roi reprit : « Messire Henry,
je sçay que vous êtes un des plus riches chevaliers de Bretagne, et
que si je voulois vous presser, vous pourriez me payer trente ou
quarante mille écus. Vous irez donc par devers mon adversaire, le
roy Philippe de Valois, et vous lui direz, de par moy, que
puisqu’il a mis à mort vilaine de si vaillants chevaliers, je dis
et maintiens qu’il a enfreint les trêves que nous avions ensemble,
que j’y renonce de mon côté, et le défie de ce jour en avant. Et
parce que vous aurez fait ce message, je vous tiens quitte pour dix
mille écus, que vous payerez à Bruges, cinq jours après avoir passé
la mer. Et encore vous direz à tous chevaliers et escuyers, de par
delà, qu’ils ne laissent pas, à raison de ce, de venir à notre
fête ; car nous les y verrons voulontiers, et ils auront
quinze jours de sauveté, avant et après. »
    Henri de Léon retourna en France, s’acquitta
de sa commission, et mourut peu de temps après à Angers.
    Philippe de Valois ne fut point surpris de
cette déclaration de guerre ; il donna ordre de construire un
grand nombre de vaisseaux. Il fit alliance avec Alphonse roi de
Castille et son amiral, qui s’engagea à lui fournir une flotte bien
équipée. Il mit dans son parti Engilbert de la Marche, élu depuis
évêque de Liège. Il gagna aussi Jean de Hainaut comte de Beaumont,
qui avait été jusque alors un des plus zélés partisans du

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