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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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avec la dernière et la plus
ignominieuse classe du peuple. La sagesse d’un prince orthodoxe adopta bientôt
après ceux de ces règlements qui parurent nécessaires pour réprimer l’ambition
et la cupidité des ecclésiastiques. Les distinctions particulières que la
politique ou la superstition a prodiguées à l’ordre sacerdotal, ne doivent regarder que les prêtres qui professent la religion de l’État ; mais les
préjugés et la passion dominaient le législateur, et les insidieuses
combinaisons de Julien avaient pour objet de priver les chrétiens de tous les
honneurs et de tous tes avantages temporels qui les taisaient paraître
respectables aux yeux du genre humain [2653] .
    On a critiqué sévèrement et avec raison la loi qui défendit
aux chrétiens d’enseigner les arts de la grammaire et de la rhétorique [2654] . Les motifs que
donne l’empereur pour justifier cette disposition tyrannique, ont pu commander
pendant sa vie le silence des esclaves et l’approbation des flatteurs. Il abuse
du sens ambigu d’un mot qu’on pouvait appliquer indifféremment à la langue et à
la religion des Grecs . Il observe avec dédain que les hommes qui
exaltent le mérite d’une foi implicite, sont hors d’état de réclamer ou de se
procurer les avantages de la science ; il prétend que, s’ils refusent d’adorer
les dieux d’Homère et de Démosthènes, ils doivent se contenter d’expliquer les
évangiles de Luc et de Matthieu dans les églises des galiléens [2655] . Dans toutes
les villes de l’empire romain, l’éducation de la jeunesse était confiée à des
maîtres de grammaire et de rhétorique, nommés par les magistrats, payés par le
public, et distingues par d’honorables et d’utiles privilèges. L’édit de Julien
parait comprendre les médecins et les professeurs de tous les arts libéraux ;
et le prince, qui se réservait le droit d’approuver le choix des candidats,
recevait ainsi des lois le moyen de séduire ou de punir la persévérance
religieuse des plus savants d’entre les chrétiens [2656] . Dès que la
démission des maîtres les plus obstinés [2657] eut établi l’empire des sophistes gentils, l’empereur invita la génération
naissante à fréquenter les écoles publiques, convaincu avec raison que ces
esprits encore tendres y recevraient les impressions de la littérature et de
l’idolâtrie des Grecs. Lorsque les scrupules des jeunes chrétiens ou de leurs
parents les empêchaient de se livrer à ; cette dangereuse méthode
d’instruction, ils se voyaient contraints de renoncer aux avantages d’une bonne
éducation : l’empereur avait lieu de croire qu’en peu d’années l’Église
retomberait dans sa simplicité primitive, et qu’à ses théologiens, doués de
savoir et d’éloquence autant que le pouvait comporter leur siècle, succèderait
bientôt une génération d’aveugles et d’ignorants fanatiques, incapables de
défendre la vérité de leurs principes et d’exposer les nombreuses extravagances
du polythéisme [2658] .
    Julien avait sans doute le désir et le projet de priver les
chrétiens des avantages que donnent les richesses, les lumières et l’autorité ;
mais leur injuste exclusion de toutes les charges lucratives et de tous les
emplois de confiance, parait avoir été le résultat de son système général,
plutôt que la suite immédiate d’aucune loi positive [2659] . Le mérite
supérieur obtenait peut-être quelques exceptions extraordinaires ; mais la
plupart des officiers chrétiens furent insensiblement privés de leurs emplois
dans l’administration, dans l’armée et dans les provinces. Les espérances de la
jeunesse chrétienne furent entièrement anéanties par la partialité déclarée : du
prince, qui avertit malignement les adorateurs du Christ qu’il n’était pas
pertuis à un chrétien de se servir du glaive de la justice ou de la guerre, et
fit soigneusement environner le camp et les tribunaux des bannières de
l’idolâtrie. Il confiait les pouvoirs du gouvernement à des païens qui
montraient un zèle ardent pour la religion de leurs ancêtres ; et comme les
règles de la divination dirigeaient souvent son choix, les favoris qu’il
préférait comme les plus agréables aux dieux, n’obtenaient pas toujours
l’approbation publique [2660] .
Les chrétiens eurent beaucoup à souffrir, et plus encore à craindre, sous
l’administration de leurs entremis. Julien abhorrait la cruauté par caractère,
et le

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