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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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soin de sa réputation exposée aux veux de l’univers ne permettait plus au
monarque philosophe de violet les lois de la justice et de la tolérance, qu’il
avait lui-même si récemment établies. Mais ceux qui exerçaient son autorité
dans les provinces, se trouvaient moins sous les regards du public. Revêtus
d’une autorité arbitraire, ils suivaient les désirs plutôt que les ordres de
leur souverain, et accablaient- sans crainte de vexations secrètes des
sectaires à qui on ne leur permettait pas d’accorder la gloire du martyre ; et
l’empereur, après avoir dissimulé, aussi longtemps qu’il lui était possible,
les injustices commises en son nom, faisait connaître, par des reproches
modérés et de grandes récompenses, le sentiment que lui inspirait réellement la
conduite de ses officiers [2661] .
    La loi qui condamnait les chrétiens à l’entière réparation
des temples détruits sous le règne précédent, était le moyen de tyrannie le
plus efficace que l’on pût employer contre eux. Le zèle de l’Église triomphante
n’avait pas toujours attendu la sanction de l’autorité publique ; et les
évêques, sûrs de l’impunité, avaient souvent attaqué et démoli, à la tête de
leur congrégation, Ies forteresses du prince des ténèbres. Chacun connaissait
les terres sacrées qui avaient enrichi le patrimoine du souverain ou celui du
clergé, et leur restitution ne fut pas difficile ; mais les chrétiens avaient
bâti des églises sur ces terres, et sur les raines clés temples païens ; et
comme il fallait démolir l’égalise avant de pouvoir rebâtir le temple, l’un des
partis applaudissait à la justice et à la piété de l’empereur, tandis que
l’autre déplorait et abhorrait sa violence sacrilège [2662] . Lorsque le
terrain était libre, le rétablissement des immenses édifices qu’on avait rasés
et la restitution des ornements précieux qu’on avait convertis à l’usage du
culte des chrétiens, donnaient lieu à un long ; chapitre de dommages et
intérêts. Ceux qui avaient fait le mal, n’avaient ai les moyens ni la volonté
de satisfaire à la demande de ces sommes accumulées ; et un législateur
impartial aurait montré de la sagesse, en prononçant d’une manière équitable et
modérée sur les plaintes et les réclamations. Les imprudents édits de Julien
jetèrent tout l’empire, et l’Orient en particulier, dans la confusion ; et les
magistrats gentils, excités par le fanatisme et la vengeance, abusèrent du
rigoureux privilège que leur donnait la loi romaine, qui substitue à la
propriété la personne du débiteur insolvable. Sous le dernier règne, Marc,
évêque d’Aréthuse [2663] ,
avait employé, pour la conversion de son peuple, des armes plus efficaces que
celles de la persuasion [2664] .
Les magistrats réclamèrent la valeur entière d’un temple qu’avait détruit son
zèle intolérant ; mais, bien instruits de sa pauvreté, ils voulaient seulement
amener son caractère inflexible à la promesse d’une légère compensation. Ils
firent saisir le vieux prélat ; on le battit cruellement de verges, on lui
arracha la barbe, et son corps, nu et couvert de miel, fut suspendu en l’air
dans un filet, et exposé à la morsure des insectes et aux rayons du soleil
brûlant de la Syrie [2665] .
Ainsi suspendu Marc, continuait à se glorifier de son crime, et à insulter à la
rage impuissante de ses persécuteurs. A la fin, arraché de leurs mains, il
jouit de tout l’honneur de son triomphe. Les ariens célébrèrent la vertu de
leur pieux confesseur ; les catholiques le réclamèrent [2666] ; et ceux des
païens qui niaient susceptibles de honte est de remords, craignirent désormais
de se permettre des cruautés inutiles [2667] .
Julien lui laissa la vie ; mais si, comme on le dit, l’évêque d’Aréthuse avait
sauvé l’enfance de Julien [2668] ,
la postérité condamnera l’ingratitude de l’empereur, plutôt que de donner des
éloges à sa clémence.
    Les rois de Syrie, macédoniens, avaient consacré à Apollon
un lieu de dévotion, qui se trouvait à cinq milles d’Antioche, et qui était un
des plus agréables du monde païen [2669] .
On y voyait un magnifique temple en l’honneur du dieu du jour. Sa statue
colossale [2670] remplissait presque en entier le vaste sanctuaire qu’embellissaient l’or, les
pierres précieuses, et le talent des artistes grecs. Le dieu était penché ; il
tenait une coupe d’or à la main, et

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