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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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rituels ; on
enleva les corps avec décence, et on permit aux ministres de l’Église de porter
les restes de saint Babylas dans les murs d’Antioche, d’où on les avait tirés.
Le zèle des chrétiens dédaigna l’humble conduite qui aurait pu adoucir la
malveillance d’un gouvernement ennemi de leur religion. Une multitude
innombrable accompagna, suivit ou recommandé [2679] . D’après cet
aveu fait à demi et avec tant de peine, on peut croire, ainsi que le disent les
historiens ecclésiastiques, que dans les villes de Gaza, d’Ascalon. de Césarée,
d’Héliopolis, etc., les païens abusèrent., sans prudence et sans remords, d’un
instant de prospérité ; que la mort seule termina les tortures des malheureuses
victimes de leur cruauté ; qu’on traîna leurs corps dans les rues, et que, dans
la rage universelle, des cuisiniers les percèrent de, leurs broches, des femmes
de leurs quenouilles ; qu’enfin, les entrailles des prêtres et des vierges,
après avoir souillé la bouche de ces fanatiques sanguinaires, furent meulées
d’orge et jetées aux animaux immondes de la ville [2680] . Ces traits de
frénésie religieuse présentent la nature humaine sous le jour le plus
méprisable et le plus odieux ; mais le massacre d’Alexandrie, attire encore
plus l’attention, par la certitude du fait, le rang des victimes, et la
splendeur de cette capitale de l’Égypte.
    George [2681] ,
que l’origine de sa famille et le lieu de son éducation ont fait surnommer de
Cappadoce, était né dans l’atelier d’un foulon, à Épiphanie, ville de Cilicie.
Les talents d’un parasite l’élevèrent à la fortune, malgré son origine obscure
et même servile. Ses protecteurs, qu’il flattait assidûment, lui procurèrent
une commission lucrative : on le chargea de fournir aux troupes du porc salé.
L’emploi était ignoble ; il le rendit infâme. Il accumula des richesses par les
plus vils moyens que puissent inspirer la fraude et la corruption ; et ses
malversations devinrent si notoires, qu’il fut forcé : de s’enfuir pour
échapper aux recherches, de la justice. Après cette aventure, dans laquelle il
paraît avoir sauvé sa fortune aux dépens de son honneur, George embrassa
l’arianisme de bonne foi, ou par hypocrisie. Aimant les lettres, ou affectant
un goût qu’il n’avait pas, il rassembla une collection précieuse de livres
d’histoire, de rhétorique, de philosophie et de théologie [2682] , et la faction
dominante le porta sur le siège de saint Athanase. L’entrée du nouvel archevêque
frit celle d’un conquérant barbare, et la cruauté, l’avarice, souillèrent
chaque instant de son règne. Les catholiques d’Alexandrie et d’Égypte se
croyaient abandonnés à un tyran, que son naturel et son éducation rendaient
propre au rôle de persécuteur ; mais sa main impartiale étendit le poids de
l’oppression sur tous les divers habitants de son vaste diocèse. Le primat de
l’Égypte, en étalant le faste et l’insolence de sa dignité, laissait toujours
apercevoir les vices de sa basse extraction. Le monopole inique et presque
universel du nitre, du sel, du papier, des funérailles, etc., qu’il vint à bout
d’obtenir, appauvrit les marchands de sa capitale, et le père spirituel d’un
grand peuple daigna s’abaisser aux viles fonctions d’un délateur. Les habitants
d’Alexandrie ne purent jamais oublier ni lui pardonner l’impôt sur toutes les
maisons de la ville, dont il avait donné l’idée, sous prétexte que le fondateur
avait transmis la propriété du sol aux Ptolémées et aux Césars ses successeurs.
Les gentils, qui s’étaient flattés de l’espoir de la liberté et de la
tolérance, excitèrent sa cupidité ; et les riches temples d’Alexandrie furent
pillés ou insultés par le fier prélat, qui s’écriait d’une voix élevée et
menaçante : Jusqu’à quand laissera-t-on subsister ces sépulcres ? La fureur, ou plutôt la justice du peuple le chassa de son siège sous le règne
de Constance ; et ce ne fut pas sans de violents efforts que l’autorité civile
et militaire de l’État parvint à le rétablir et à satisfaire sa vengeance.
L’envoyé qui proclama dans Alexandrie l’avènement de Julien, annonça la chute
de l’archevêque. George et deux de ses vils ministres, le comte Diodore et
Dracontius, maîtres de la monnaie, furent ignominieusement traînés en prison,
chargés de fers : vingt-quatre jours après, une multitude

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