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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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ouvrage difficile, commencé seulement six mois
avant la mort de Julien [2642] ; mais les chrétiens devaient naturellement se flatter de la pieuse espérance
que, dans cette lutte remarquable, un miracle signalé vengerait l’honneur de la
religion. Des contemporains dont le témoignage est d’ailleurs imposant,
attestent, avec quelques différences dans leur récit, que des tourbillons de
vent et de feu renversèrent et dispersèrent les nouveaux fondements du temple [2643] . Cet événement
a été décrit par saint Ambroise, évêque de Milan [2644] , dans une
lettre à l’empereur Théodose, qui doit provoquer toute l’animadversion des
juifs ; par l’éloquent saint Chrysostome [2645] ,
qui pouvait en appeler aux souvenirs des vieillards de son d’Antioche ; et par
saint Grégoire de Nazianze [2646] ,
qui publia une relation du miracle avant la fin de la même année. Le dernier
déclare hardiment que les infidèles ne contestaient pas cet événement
surnaturel ; et quelque étrange que paraisse son assertion, elle est confirmée
par le témoignage irrécusable d’Ammien Marcellin [2647] . Ce guerrier
philosophe, qui aimait les vertus de son maître sans adopter ses préjugés, a
raconté, dans l’histoire judicieuse et pleine de candeur qu’il nous a donnée de
son temps, les obstacles extraordinaires qui arrêtèrent le rétablissement du
temple de Jérusalem. Tandis qu’Alypius , dit-il, aidé du gouverneur de
la province, pressait les travaux avec ardeur, de redoutables globes de feu
sortirent du milieu des fondements ; ils éclatèrent fréquemment sur les
ouvriers ; ils les blessèrent, ils leur rendirent quelquefois le terrain
inaccessible ; et ce feu vainqueur continuant à s’élancer avec opiniâtreté sur
les travailleurs, comme s’il eût été résolu à les éloigner, on abandonna
l’entreprise . Une pareille autorité devrait satisfaire le croyant et
étonner l’incrédule ; mais le philosophe demandera de plus le témoignage
authentique d’un spectateur intelligent et impartial. Au milieu de cette crise
importante, tout phénomène singulier de la nature prenait l’apparence et
produisait les effets d’un véritable prodige [2648] . Le pieux
artifice du clergé de Jérusalem et la crédulité du peuple ne tardèrent pas à
embellir et à exagérer cette glorieuse délivrance ; et, vingt ans après, un
historien romain, qui mettait peu d’importance aux querelles des théologiens, a
pu orner son ouvrage de ce prodige remarquable et éclatant [2649] .
    Le rétablissement du temple juif avait une liaison secrète
avec la ruine de l’Église chrétienne. Julien continuait à maintenir la liberté
du culte religieux ; sans laisser voir si cette tolérance universelle venait de
sa bonté ou de sa justice. Il affectait de plaindre les malheureux chrétiens,
qui se méprenaient sur l’objet le plus important de la vie ; mais son mépris
taisait tort à sa compassion, et la haine aigrissait son mépris ; il exprimait
ses opinions par ces sarcasmes qui causent une blessure profonde et mortelle
quand ils sortent de la bouche d’un souverain : Sachant que les chrétiens se
glorifiaient du nom de leur rédempteur, il autorisa et peut-être ordonna le
surnom moins honorable de galiléens [2650] .
Il déclara que la folie des galiléens, qu’il peignait comme des fanatiques
dignes du mépris des hommes et de la haine des dieux, avait mis l’empire sur le
bord de sa ruine ; et il insinue, dans un de ses édits, qu’une salutaire
violence est quelquefois nécessaire à la guérison d’un malade frénétique [2651] . Julien, dans
ses sentiments et dans sa conduite, se conforma à cette idée peu généreuse,
que, selon la différence de leurs opinions religieuses, une partie de ses
sujets méritait sa faveur et son amitié, tandis que l’autre avait droit
seulement aux avantages ordinaires que sa justice ne pouvait refuser à des
citoyens soumis [2652] .
D’après ce principe, source féconde d’injustices et de vexations, il transféra
aux pontifes de sa religion l’administration des parties considérables du
revenu public, que la piété de Constantin cet de ses fils avait accordée à
l’Église. L’orgueilleux système des immunités et des honneurs du clergé, qu’on
avait enlevé avec tant d’art et de travaux, fut anéanti ; la rigueur des lois
détruisit les espérances qu’on formait sur la libéralité des mourants, et les
prêtres du christianisme se virent confondus

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