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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qu’il fut impossible de
réparer les fortifications du Danube ou de prévenir, par un effort vigoureux,
l’invasion des Germains [3484] .
Toutes les espérances du vigilant ministre d’Honorius se bornèrent à la défense
de l’Italie. Il abandonna une seconde fois les provinces, rappela les troupes,
pressa les nouvelles levées exigées à la rigueur et éludées avec pusillanimité,
employa les moyens les plus efficaces pour arrêter ou ramener les déserteurs,
et offrit la liberté et deux pièces d’or à chaque esclave qui consentait à
s’enrôler [3485] .
    Ce fut à l’aide de ces ressources que Stilichon parvint à
rassembler avec peine, parmi les sujets d’un grand empire une armée de trente
ou quarante mille hommes, que, dans le temps de Scipion ou de Camille, eussent
fournie sur-le-champ les citoyens libres du territoire de Rome [3486] . A ces trente
légions, le général romain ajouta un corps nombreux d’auxiliaires. Les fidèles
Alains lui étaient personnellement affectionnas ; les Goths et les Huns, qui
servaient sous la conduite de leurs princes légitimes, Huldin et Sarus, étaient
excités, par leurs intérêts et leurs ressentiments personnels, à s’opposer aux
entreprises et aux succès de Radagaise. Le roi des Germains confédérés passa
sans résistance les Alpes, le Pô et l’Apennin, laissant d’un côté le palais
inaccessible d’Honorius, enseveli à l’abri de tout danger dans les marais de
Ravenne, et de l’autre le camp de Stilichon, qui avait pris ses quartiers à
Ticinum ou Pavie, et qui évitait probablement une bataille décisive, jusqu’à ce
qu’il eût rassemblé les forces éloignées qu’il attendait. Un grand nombre de
villes de l’Italie furent détruites ou pillées ; et le siège de Florence [3487] , par Radagaise,
est un des premiers événements rapportés dans l’histoire de cette fameuse
république ; dont la fermeté arrêta quelque temps l’impétuosité de ces Barbares
sans art et sans discipline. Quoiqu’ils fussent encore à cent quatre-vingts
milles de Rome, le peuple et le sénat se livraient à la terreur, et comparaient
en tremblant le danger dont ils venaient d’être livrés avec celui qui les,
menaçait. Alaric était chrétien, et animé des sentiments d’un guerrier ; il
conduisait une armée disciplinée, connaissait les lois de la guerre et
respectait la foi des traités ; il s’était souvent trouvé familièrement avec
les sujets de l’empire dans leurs camps et dans leurs églises ; mais le
sauvage Radagaise n’avait pas la moindre notion des mœurs, de la religion, ni
même d’u langage des nations civilisées du Midi ; une superstition barbare
ajoutait à sa férocité naturelle ; et on croyait généralement qu’il s’était
engagé, par un vœu solennel, à réduire la ville en cendres et à sacrifier les
plus illustres sénateurs sur l’autel de ses dieux, que le sang humain pouvait
seul apaiser. Le danger pressant, qui aurait dû éteindre toutes les animosités
intestines développa au contraire l’incurable folie des factions religieuses.
Les adorateurs de Jupiter et de Mars, opprimés par leurs concitoyens,
respectaient dans l’implacable ennemi de Rome le caractère d’un païen zélé ; ils
déclaraient hautement que les sacrifices de Radagaise leur paraissaient
beaucoup plus à craindre que ses armes ; et ils se réjouissaient secrètement
d’une calamité qui devait convaincre de fausseté la religion des chrétiens [3488] .
    Florence fut réduite à la dernière extrémité, et le courage
épuisé de ses citoyens n’était plus soutenu que par l’autorité de saint
Ambroise, qui était apparu en songe, pour leur annoncer une prompte délivrance [3489] . Peu de jours
après, ils aperçurent, du haut de leurs murs, les étendards de Stilichon, qui
avançait à la tête de toutes ses forces réunies, au secours de cette ville
fidèle, et qui fit bientôt de ses environs le tombeau de l’armée barbare. On
peut, sans faire beaucoup de violence à leurs opinions respectives, concilier
aisément les contradictions apparentes des écrivains qui ont raconté
différemment la défaite de Radagaise. Orose et saint Augustin, intimement liés
par l’amitié et par la dévotion, attribuent cette victoire miraculeuse à la
protection du ciel, plutôt qu’à la valeur des hommes [3490] . Ils affirment
positivement qu’il n’y eut ni combat ni sang répandu ; que les Romains, oisifs
dans leur camp, où ils

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