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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la Gaule. Les Barbares se
répandirent dans cette vaste et opulente contrée jusqu’à l’Océan, aux Alpes et
aux Pyrénées, chassant devant eux la multitude confuse des évêques, des
sénateurs, des femmes, des filles tous chargés des dépouilles de leurs maisons
et de leurs autels [3504] .
Les ecclésiastiques qui nous ont laissé la description vague des calamités
publiques, saisirent cette occasion pour exhorter les chrétiens à se repentir
des péchés qui attiraient la vengeance du Tout-Puissant, et à renoncer aux
jouissances précaires d’un monde trompeur et corrompu ; mais comme la controverse
de Pélage [3505] ,
qui prétend sonder le mystère de la grâce et de la prédestination, devint
bientôt la plus sérieuse affaire du clergé latin, la Providence, qui avait
ordonné, prévu ou permis cette suite de maux physiques et moraux, fut
audacieusement citée au tribunal d’une raison imparfaite et trompeuse. Les
peuples, aigris par le malheur, comparaient leurs maux et leurs crimes à ceux
de leurs ancêtres, et blâmaient la justice divine, qui souffrait que la
destruction générale s’étendit sur la faiblesse et sur l’innocence, et qui ne
préservait pas même les enfants. Ces raisonneurs aveugles oubliaient que les
lois invariables de la nature ont attaché la paix à l’innocence, l’abondance à
l’industrie, et la sûreté à la valeur. La politique timide et égoïste de la
cour de Ravenne pouvait rappeler les troupes palatines pour la défense de
l’Italie. Le reste des troupes stationnaires aurait été sans doute insuffisant
pour la défendre, et les auxiliaires barbares pouvaient préférer la licence
illimitée du brigandage aux bénéfices modestes d’une paye régulière ; mais les
provinces de la Gaule étaient remplies d’une race nombreuse d’hommes jeunes,
robustes et vigoureux, qui, s’ils avaient osé braver la mort pour défendre
leurs maisons, leurs familles et leurs autels, auraient mérité d’obtenir la
victoire. La connaissance du pays leur aurait constamment fourni des obstacles
insurmontables à opposer aux progrès des usurpateurs ; et les Barbares,
manquant également d’armes et de discipline, ôtaient aux Gaulois le seul prétexte
qui paisse excuser la soumission d’une contrée populeuse à une armée inférieure
en nombre. Lorsque Charles-Quint fit une invasion, en France, il demanda d’un
ton présomptueux à un prisonnier, combien on comptait de journées de la
frontière à Paris : Douze au moins , lui répondit fièrement le
soldat, si votre majesté les compte par les batailles [3506] . Telle fut la
réponse hardie qui rabattit l’orgueil de ce monarque ambitieux. Les sujets
d’Honorius et ceux de François Ier étaient animés d’un esprit bien différent.
En moins de deux ans, les bandes séparées des sauvages de la mer Baltique, dont
le nombre, en l’examinant de bonne foi, ne paraîtrait pas digne de la moindre
crainte, pénétrèrent sans combattre jusqu’au pied des Pyrénées.
    Dans les premières années du règne d’Honorius, la vigilance
de Stilichon avait défendu avec succès l’île de la Bretagne contre les ennemis
que lui envoyaient sans cesse l’Océan, les montagnes et la côte d’Irlande [3507] ; mais ces
Barbares inquiets ne négligèrent pas l’occasion de la guerre des Goths, qui
dégarnit de troupes les murailles et les postes défendus parles Romains.
Lorsque, quelque légionnaire obtenait la liberté de revenir de l’expédition
d’Italie, ce qu’il racontait de la cour et du caractère d’Honorius devait
naturellement affaiblir le sentiment du respect et de la soumission, et
enflammer le caractère séditieux de l’armée bretonne. La violence capricieuse
des soldats ranima l’esprit de révolté qui avait troublé le règne de Gallien,
et les candidats infortunés et peut-être ambitieux qu’ils honoraient de leur
choix fatal, devenaient tour à tour les instruments et ensuite les victimes de
leurs fureurs [3508] .
Marcus fut le premier qu’ils placèrent sur le trône comme légitime empereur de
la Bretagne et de l’Occident. Les soldats violèrent bientôt, en lui donnant la
mort, le serment de fidélité qu’ils s’étaient imposé volontairement, et la
censure qu’ils ont faite de ses mœurs semblerait attacher à sa mémoire un
témoignage qui l’honore. Gratien fut le second qu’ils décorèrent de la pourpre
et du diadème ; et quatre mois après, Gratien éprouva le sort de

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